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dimanche 20 novembre 2011

D S K

D S K

Voici trois lettres, des initiales, qui auront fait couler beaucoup d'encre et déchaîné les passions. Cette histoire, de fait, va au-delà de l'homme lui-même, même s'il est bien évidemment concerné au premier chef. Cette sale histoire, ces histoires, auront eu ce triste avantage de révéler beaucoup sur la nature humaine, tant sur celle de DSK que celles de ses thuriféraires, que celles des journalistes, des commentateurs. Elles furent une sorte de révélateur de notre société et comment certains la pensent, la voient ou comment même ils voient le monde des autres au travers de leur vision personnelle.

Des proches de DSK auraient dit - méfions nous, non seulement des propos rapportés mais de la velléité de DSK et d'Anne Sinclair d'attaquer tout ce qui bouge concernant leur vie privée et, s'ils ont raison de façon générale, ils sont très mal placés de façon particulière pour avoir inondé la presse de leur roucoulade en première page d'hebdomadaires à très fort tirage et ce de multiples fois - que DSK se considérait comme malade et qu'il voudrait se faire soigner.

Si vous avez suivi cette affaire alors vous devez vous souvenir d'un avocat que j'avais cité ici, un grand avocat du barreau de New York qui au tout début de l'affaire avait préconisé cette défense : DSK est malade, il faut non le punir mais le soigner. Cela impliquait la reconnaissance des faits sous conditions qu'ils aient eu lieu ( la relation est avérée, la violence supposée par les preuves médico-légales). C'est une toute autre stratégie qui a été prise, celle de l'innocence absolue et surtout le pilonnage de Diallo (et avant, pendant et après de Banon). Nous n'allons pas revenir sur tout le débat, cependant il faut approfondir tout ce qui a découlé et tout ce qui a précédé ce 14 mai.

Avant je voudrais faire un sort définitif sur le complot qui viendrait de l'Elysée pour ce fameux 14 mai. En effet l'affaire du Carlton débute en janvier, je parle de l'affaire judiciaire. Très vite le nom de DSK est connu. Evidemment, je suppose que la hiérarchie est au courant quand il s'agit d'une telle personnalité. Et de ceci je suppose que l'Elysée connaissait l'histoire. Nous sommes en novembre et l'affaire a un peu plus d'un mois. Cela aurait été le timing parfait pour Sarkozy. Le temps que l'affaire prenne de l'ampleur, DSK élu candidat du PS par le résultat des primaires, et l'oiseau était cueilli en plein vol. Beaucoup, beaucoup plus efficace qu'en mai. Terriblement efficace même car, pour le coup, le PS aurait été par terre et broyé. Comment trouver, dans la panique un remplaçant crédible à DSK ? Impossible. Donc ce 14 mai est une très grosse tuile pour l'Elysée. Le perdreau a été cuit trop tôt. Beaucoup trop tôt.

Aujourd'hui certains journaux comme L'Express ou Le NouvelObs font leur une avec l'affaire du Carlton, ce qu'ils ont appelé la double vie de DSK. Leur éclairage est quelque peu différent. Le NouvelObs, qui a été d'une virulence sans nom contre Diallo, trouve la voie de sa propre rédemption, en voulant nous faire croire que cette vie dissolue de DSK était parfaitement étanche et inconnue de tous. Le DSK d'une face était un charmeur, un peu insistant, avec un cerveau qui éclairait comme le soleil la lune. Et de l'autre côté de cette lune, la face sombre sans un rayon, la face obscure de turpitudes. Le NouvelObs met une cloison étanche et se refait une virginité. L'Express a un autre discours. Vous écouterez Barbier dans cette vidéo en fin d'article. Il se réclame de ceux qui ont dévoilé depuis 2008 les dangers potentiels de DSK, candidat et homme public et se réclame de la présentation de la vérité des faits concernant le Carlton.

Nous avons donc découvert une France divisée avec des défenseurs acharnés de DSK et des contempteurs virulents. Il y a eu aussi les bons apôtres détenteurs de la sagesse, de la vérité et de l'immense noblesse de leur défense de la présomption d'innocence. La réalité est bien autre, ces défenseurs auto-glorifiés de la présomption d'innocence ont voulu faire croire que présomption égalait innocence et ont sauté à pieds joints sur la présomption d'innocence de la plaignante, des plaignantes, car si DSK n'est plus présumé innocent mais innocent, c'est donc que les deux jeunes femmes sont des coupables sans procès, elles. Mais qu'importe ! Pour eux, c'est leur gloire à eux qui compte, la vue qu'ils ont d'eux-mêmes, anges blancs pourfendeurs des descendants de Saint-Just, terme qu'ils emploient à loisir faisant cette ignoble comparaison avec un homme qui envoyait à la guillotine tout être pensant quel que soit son âge, son sexe, sa nature sociale du seul fait qu'il avait envie ce jour-là d'envoyer à l'échafaud son quota de coupables. Cette comparaison, du reste disqualifient de tout débat sain et équilibré à jamais ceux qui l'emploient.

On a vu une autre catégorie de mandrins. Ceux qui sont à l'image des « argumentateurs » (je parle d'argumentation et non d'acte) qui défendent la pédophilie car ce n'est, après tout, que de l'amour. DSK ce n'est que de l'amour, en fin de compte, de l'amour débordant des femmes. On a eu là un mélange de castes qui veulent le monde à leur effigie. Ils ont cet incroyable culot et imbuvable culot d'utiliser des arguments faux et néfastes. Il leur est facile de s'autoriser à être ce qu'ils appellent des libertins et vous déclarent Cathos culs serrés et hypocrites, moralisateurs arriérés, si vous ne partagez pas leur opinion. Ils vous placent dans le système de la morale, évidemment rétrograde, sectaire, bornée alors que vous vous ne parlez que de dignité humaine, la dignité de ces femmes usées, abusées et consommées comme de la viande, consommées et non aimées. Ils vous donnent des leçons de libertinage. Ils vous déclarent impuissants ou alors secrètement jaloux, de coincés qui rêvent d'être à la place de ces décérébrés et que c'est pour cette raison qu'ils ne sont pas en accord avec ces faits. Ils font aussi semblant d'ignorer que la prostitution est condamnée aux USA - l'affaire du Carlton révèle qu'il y a eu prostitution tant à Washington qu'à New York - et que cela est violer la loi. Ils vous disent - bien hypocritement - qu'en France le consommateur n'est pas inquiété - donc où est le problème ? - alors que l'acte lui est réprimé par son racolage (ce qui effectivement est une belle hypocrisie mais pas dans le sens où eux la placent, car la consommation tarifée n'a rien de noble ni de libertin (mot qui autorise tout et fait croire à une haute liberté d'esprit, de galanterie, de finesse et d'élégance), mais l'abus de pouvoir par la peur, la misère, la drogue parfois et même les haut-tarifées - à part quelques rarissimes cas - ne sont pas heureuses de leur condition quand elles en parlent franchement. Et il se trouve que j'ai eu, par l'intermédiaire d'une association qui s'occupent justement de prostituées, des contacts effarants avec beaucoup de tristesse et de détresse que nient bien évidemment ceux qui les disent riches et heureuses sans doute de recevoir leur magnifiques coups de rein.

Certains ont usé de cet argument inique de dire que nombre hommes d'Etat ont aussi une vie sexuelle débridée et que cela serait presque un gage d'efficacité. Quand on voit le monde tel qu'il est on peut, tout d'abord, se poser la question de l'efficacité de tous ces dirigeants, en général et en particulier. Il n'y a aucune corrélation entre l'action bénéfique d'un dirigeant et ses appétits sexuels. En revanche il y a nombre de problèmes, parmi lesquels celui de la concentration sur son action quand on est en train d'organiser dans sa tête sa partie fine en Autriche ou au Maroc. Il y a cet autre problème de la pression possible d'ennemis de votre pays ou de lobbies à l'intérieur de votre pays. Dans la balance, il paraît évident que le malade du sexe n'a pas sa place pour diriger une nation. C'est une évidence absolue et sans contestation.

Tous ces défenseurs en réalité prêchent pour leur paroisse et pour s'autoriser à tous ces abus. Ils considèrent le monde à leur image. Pour eux les sentiments, la tendresse, ne sont que des billevisées qu'il faut écraser au plus vite. La femme n'est plus qu'une manette de jeu vidéos.

Cette affaire aura aussi révélé le rôle toxique de l'entourage de DSK. D'après ce qu'on a lu leur protection n'était pas ce qui devait être dans ce cas où DSK serait malade, de le faire soigner, mais plutôt de tout faire pour qu'aucune information ne sorte. Ceux-ci sont coupables. Le PS, pour tous ceux qui savaient, sont d'une extraordinaire culpabilité tant pour les autres femmes qui auront ainsi eu à subir ses assauts, que pour les femmes en général que pour la politique qui en ressort infiniment dégradée pour avoir soutenu un tel homme et tous ses désordres.

Si donc, DSK est malade, ses avocats, alors, auront eu un rôle aussi toxique que ses proches.

Et DSK ? S'il se sait malade et si le viol a eu lieu, alors il faut regarder sa culpabilité sous différentes vues. Il y a eu deux affaires connues et qui ont été traitées par la justice. Tristane Banon et Nafitassou Diallo. Lors des audiences, lors de ses déclarations il n'a eu de cesse de les mépriser et de se déclarer innocent. Il a menti ouvertement comme cela a été prouvé.

Peut-on en vouloir à un malade ? Quelle est sa part de libre arbitre ? Si aujourd'hui il reconnait cette maladie, depuis quand en a-t-il conscience ? On ne peut pas croire une seconde qu'il n'a pas la conscience de ses paroles. Dans le cas où il se savait malade depuis avant le 14 mai, alors il est coupable d'avoir détruit la vie de Diallo, s'il y a eu viol, d'abord en ne s'étant pas fait soigner, puis en l'agressant, et ensuite par ses avocats et ses déclarations personnelles en faisant d'une victime une coupable doublement traumatisée. Et à vie. Et il y a deux voies à suivre : le soin et la punition pour ses actes. Punition pour ne pas s'être fait soigner sachant qu'il ferait des dégâts chez nombre de femmes, punition pour avoir détruit la vie de Diallo pour en avoir fait aux yeux du public une salope, une menteuse, une vénale, une prostituée. Ensuite, il faut qu'il paye sa dette et qu'il demande pardon. Alors, la faute ne sera pas effacée mais au moins un semblant d'équilibre sera rétabli.

J'ai bien vu que certains disaient que maintenant cela suffisait. Comme si cette affaire était de la faute de ceux qui la révèlent et non de ceux qui sont en cause. Et le fait que DSK serait à terre - ce qui est à prouver car s'il n'est pas candidat, il est libre et fortunée - n'est pas un argument. Diallo, elle, est à terre, mais vraiment, et n'est pas réhabilitée pour l'instant. Et cette déclaration que du simple fait qu'il serait à terre voudrait dire que cela l'absoudrait de toutes les violations de la loi ? Et donc il n'y aurait au yeux de la justice plus jamais de récidivistes ?Une fois accusé et condamné, vous pourriez faire ce que vous voulez, sous ce prétexte absurde que vous auriez été à terre on ne devrait plus parler de vos turpitudes ? Et de toutes façons son arrogance n'a pas cessé, on l'a vue à TF1.

Le second cas, serait - toujours s'il est malade - qu'il n'en aurait eu conscience que récemment. Cela diminuerait sa culpabilité, mais cela ne l'annihilerait certainement pas. Car ce qui serait en cause c'est la pulsion irrépressible de ses actes, mais ce qui est aussi le cas des violeurs et pour eux la condamnation est là. Mais cela n'effacerait pas son attitude méprisante et ses mensonges.

C'est pour ces raisons qu'il faut que nous sachions ce qu'il en est réellement de ces histoires car il ne s'agit plus de vie privée, mais de vie publique et de justice. Il faut le savoir car Banon et Diallo ont eu des vies brisées, un peu réparée pour l'une mais qui a vécu 8 ans de souffrance et de souvenirs, qui a vécu des mois récents d'une très grande dureté et qui ne demandait que des excuses, en fait, ce qui aurait guéri en elle au moins une partie de ses bleus.

Ce qui va peut-être ou sans doute arriver, c'est un procès aux USA qui risque de le saccager et il en aura sa part de responsabilité qu'il partagera avec ses proches et ses avocats. Evidemment dans le cas où il y a bien eu viol de Diallo et reconnu comme tel au civil. Mais cette fois-ci sa vie va être autrement plus étalée. On va avoir les témoignages, par exemple de Béa, la femme de Dodo la Saumure, prostituée à ses heures, qui l'a dit très brutal et ce, non sur PV mais dans des conversations enregistrées sans qu'elle ne le sache. On aura le témoignage de madame Manhattan, de son ex-maîtresse qui est déjà public dans cette interview suisse dont j'ai parlée. Et ce sera la grande cascade des témoignages. Alors les avocats de Diallo vont être accusés d'êtres immondes, alors que les coupables ce seront DSK lui-même, et surtout ses avocats qui ont usé à foison de stratégies différentes, de système dilatoires et ceci leur sera compté. L'affaire du Carlton va être d'un poids très difficile à contrebalancer surtout quand les mensonges de DSK, la volonté d'user de l'immunité diplomatique, l'alibi, vont revenir comme des boomerangs très dangereux. Et qu'en pense donc Vance, le lâche ?

Vous verrez qu'au final que ceux qui auront fait le plus de mal à DSK, ce ne seront pas ceux qui, comme moi, demandaient un procès, mais ceux qui en ont fait un innocent, ceux qui ont défendu la cause des pseudo-libertins, de ses proches qui ont fait des déclarations honteuses (Le Guen, Levaï, Taubman) et que tout ceci va se retourner avec une violence inouïe contre DSK. Ceux-ci n'auront jamais voulu la justice mais la défense les yeux bandés d'un homme d'une part et d'autre part le droit à la consommation des femmes à loisir et avec fierté. Ces accusateurs-là, ceux qui ne voulaient pas de justice, vont être les complices de la foudre qui va tomber sur DSK aux USA. Ils auront de plus étaient infâmes vis-à-vis des femmes. Je reprends ici une intervention, de Verdi je crois, dont j'approuve la justesse, car eux aiment les femmes comme les pédophiles aiment les enfants.

Par Imhotep sur le site d'Agoravox

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