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jeudi 8 mars 2012

Journée internationale de la femme : Le 8 mars et le jour d’après


Rédigé par B.Kali le 05 mars 2012.

05.03.2012
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Le 8 mars, nous célébrons les femmes, puisque c’est la journée internationale de la femme. Cette journée a une force de symbole, et représente l’occasion pour le CIDFF (Centre d’informations sur les droits des femmes et des familles) et ses partenaires associatifs et institutionnels de se mettre en quatre pour célébrer les femmes. Ce sera l’occasion d’attirer l’attention sur les problématiques qu’elles rencontrent au quotidien. Le thème : « Le sexisme, où en sont les femmes ? ». __________________________________ Les femmes ont été largement évoquées en 2011 à la faveur des affaires DSK et Tron qui ont pointé du doigt notamment, leur vulnérabilité face aux hommes de pouvoir et au sexisme ambiant. Tous les ans, les femmes ont leur journée, mais que se passe-t-il ensuite ? Dés le lendemain ? Nul besoin d’être féministe pour constater, au travers des chiffres de la violence, qu’elle soit physique ou psychologique, que les femmes restent beaucoup plus vulnérables que les hommes. Et que cette violence est fondée sur le fait même qu’elles soient des femmes. L’O.N.U a défini ces violences, dans sa Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes, adoptée en 1993 : “la violence faite aux femmes désigne tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. Ces violences comprennent : harcèlement, atteintes, agressions sexuelles et viols inceste, violences dans le couple, violences exercées à l’encontre de leur mère par leurs enfants adolescents ou adultes, harcèlement sexuel au travail, mutilations sexuelles, mariages forcés, violences liées aux intégrismes religieux, proxénétisme et prostitution, pornographie. » ________________________________

Les chiffres qui parlent __________________________________

1 FEMME SUR 10 EST VICTIME DE VIOLENCE et seulement 1 sur 9 porte plainte.

Violences au travail

1 femme sur 6 se plaint de pressions psychologiques et 8,5% d’agressions Verbales. Les écarts de salaires homme/femme sont de 11% (rémunération horaire brute – 2006 – Eurostat)

260 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles hors ménage.

130 000 femmes ont été victimes de viols (2005/2006 Rapport sur la criminalité en France OND 2007).

Mutilations sexuelles

55 000 femmes m u t i l é e s vivent en France (1 femme sur 3 est concernée sur le continent Africain, soit 130 millions de femmes).

Mariages forcés

70 000 adolescentes entre 10 et 18 ans sont potentiellement menacées de mariage forcé (en Ile de France et dans 6 départements d’après le GAMS)

Violences conjugales

140 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint (2009). 232 suicides de victimes de violences conjugales (2009). 60% des enfants témoins de violences conjugales souffrent de stress post-traumatique (2009). 330 000 femmes ont subi coups et violences de leur conjoint (entre 2006 et 2008). Source : CODIF dossiers thématiques 27 “les violences envers les femmes”

____________________________________ La force du Symbole : Les couple Strauss-Kahn en vedette les 8 et 9 mars ____________________________________

Comment ne pas remarquer que, pour cette année, le jeudi 8 mars Anne Sinclair sera présente sur le plateau de La Grande Librairie à 20h35 sur France 5 pour présenter son nouveau livre, 21 rue de la Boétie. Il s’agira de sa première interview télévisée depuis l’affaire DSK.

Et que, dés le lendemain, le 9 mars, DSK sera probablement à l’honneur dans les medias, pour sa participation à un débat sur l’économie organisé par le syndicat de l’université de Cambridge, ce qui soulève la contestation des étudiantes qui ont lancé une pétition de protestation contre sa venue.

Mais quel lien, me direz-vous ? Celui du symbole.

Dans la pétition des étudiantes de Cambridge contre la venue de DSK le 9 mars, la coïncidence de cette date avec le lendemain de la journée de la femme est mise en évidence. « Choisir d’offrir à cet homme l’opportunité de s’exprimer minimise l’expérience de toutes les femmes qui se présentent courageusement pour témoigner de viols et d’agressions sexuelles, » estime Ruth Graham, porte-parole de l’ »Union Women’s Campaign », à l’origine de cette initiative.

Par ailleurs, Cécilia Durieu, candidate UMP dans la 4ème circonscription de l’Isère aux élections législatives de juin 2012, s’associe à la protestation contre la venue de DSK à Cambridge. Elle s’écrie : « Non à l’intervention de DSK à Cambridge le lendemain de la journée de la femme !

Dominique Strauss-Kahn a prévu d’intervenir à Cambridge sur « l’état de l’économie mondiale » le 9 mars prochain, répondant à l’invitation de la Cambridge Union Society. En tant qu’ancienne étudiante de l’Université de Cambridge, je soutiens la démarche initiée par les étudiantes de l’Université de demander l’annulation de cette conférence via la signature d’une pétition. Etant donnée la gravité des accusations qui lui sont portées, son intervention le lendemain de la journée internationale de la femme est plus que provocatrice. Je respecte bien sûr la présomption d’innocence, valeur fondamentale de notre République, mais on pouvait attendre de Dominique Strauss-Kahn qu’il ait a minima le respect et la décence de mieux choisir le calendrier de son intervention. »

En effet, la présomption d’innocence ne peut camoufler le portrait d’un homme qui manifestement n’a d’autre considération pour les femmes que celle qu’il accorde à n’importe quel « matériel ». En outre, il ne s’agit pas d’empêcher DSK de s’exprimer sur l’économie – des milliers de conférenciers le font à travers le monde- mais au-delà de l’aspect judiciaire des affaires, qui ne sont pas closes, il a tout de même été mis en cause dans des comportements plus que douteux envers les femmes, dont certains reconnus par lui-même : Agression sexuelle prescrite envers Tristane Banon, selon les termes du parquet de Paris, « faute morale » dans l’affaire Nafissatou Diallo,et n’oublions pas l’affaire Piroska Nagy, qui, si elle est bien survenue entre adultes consentants, pose tout de même le problème du lien de subordination employeur – employé. Si elle avait été portée en justice, cette affaire aurait possiblement recueilli la qualification de harcèlement sexuel. Cet ex-homme politique et directeur du FMI, devrait à ce titre, faire preuve d’un minimum de décence et de respect envers les femmes,en évitant, dés le lendemain de la journée de la femme, de se produire en public et de bénéficier d’une médiatisation plus que probable.

____________________________________ Anne Sinclair : Femme admirable ou complice ? _________________________________

Quand à Anne Sinclair, comment peut-on l’admirer d’avoir couvert, approuvé et défendu son époux en comparant l’affaire DSK avec l’affaire Dreyfus? Récemment encore, le 20 janvier, dans un entretien accordé au magazine « ELLE », elle le défendait à mots couverts, sous prétexte qu’il n’y avait pas eu « violence » dans l’affaire Nafissatou Diallo. Extrait : « On vous a également reproché de légitimer la violence faite aux femmes », poursuit encore la journaliste du magazine. Anne Sinclair s’approche alors un peu plus encore du sujet : « C’est inacceptable pour moi d’entendre cela parce qu’il n’y a pas eu de violence. S’il y en avait eu, les procureurs auraient poursuivi. Ils ne l’ont pas fait. C’est donc un terme que je refuse absolument. La violence me fait horreur. La violence verbale aussi. Je voudrais dire que moi aussi j’ai ressenti une grande violence quand quelques féministes autoproclamées se sont déchaînées contre moi. Leurs outrances ne fondent pas une vérité. Je suis féministe, je l’ai toujours été, je le serai toujours. »

Qui sont les féministes autoproclamées ? Ne vient-elle pas de s’autoproclamer féministe ? S’il n’y avait eu que l’affaire Nafissatou Diallo, on aurait pu y croire.

La violence physique seule ne peut suffire à qualifier un comportement inacceptable envers les femmes. Sinon, il n’y aurait plus qu’à abroger les lois sur le harcèlement sexuel et moral.

Elle oublie – refuse – de voir le portrait de DSK qu’esquissent toutes les affaires réunies.

Alors, savoir qu’Anne Sinclair est invitée le soir du 8 mars sur « La Grande Librairie » risque d’être amer pour de nombreuses femmes agressées ou violentées, et pour lesquelles, depuis le 15 mai 2011, elles ne l’ont pas entendue dire un mot, sauf pour défendre son époux.

Sur 24hactu

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