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mercredi 16 octobre 2013

Du Sexe sous les pleurs


25 septembre 2013 07.10 h

Augsbourg

Du sexe sous les pleurs

La police criminelle observe la manière ignoble dont de plus en plus de clients traitent les prostituées. Est-ce la faute de la publicité sur internet qui associe le plus souvent les femmes à de la marchandise ?
 
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Des moeurs brutales derrière les facades des bordels : les inspecteurs de la criminelle d'Augsbourg constatent que de plus en plus de clients traitent les prostituées comme de la marchandise - et les poussent à des pratiques ignobles et non-protégées. "C'est effrayant" dit Helmut Sporer de commissariat 1 concerné.

Foto: Symbolbild

D'abord c'est un échange monnayé comme beaucoup d'autres qui jour après jour s'effectuent au bordel "Su Casa" dans la zone industrielle de Lechhauser.
Début septembre vers 2.00 h. du matin, la prostituée Sabrina C., 21 ans, s'est entendue avec un client. Le travailleur de chantier de 29 ans doit payer 50 euros pour 20 mn de sexe. Puis, le type est devenu brutal. Il l'a attrapé violement et lui a donné des coups dans le visage avec son coude. Elle lui a dit qu'il lui faisait mal et qu'il la blessait. Mais l'homme s'en est ouvertement fichu. 

Les proxénètes forcent les prostituées à avoir des relations non-protégées

A la police criminelle de Augsbourg on connaît plein de cas comme celui-là.
"C'est effrayant comme les prostituées sont de plus en plus considérées comme des marchandises aux yeux des clients" dit Helmut Sporer, chef de la police criminelle du commissariat 1. "On s'achète une femme et pense pouvoir faire avec elle ce que l'on veut". La police y voit une tendance qui l'inquiète : le respect vis-à-vis de la prostituée décroît de plus en plus. De plus le commissaire du milieu prostitutionnel observent que les clients exigent des pratiques de plus en plus dégradantes.
S'ajoute à cela le sexe sans préservatif. "La demande s'accroît", dit Sporer - malgré le risque de se faire contaminer par des MST. Pour certains clients de bordel c'est une sorte de jeu comme la roulette russe, cela leur plaît. Beaucoup de prostituées acceptent malgré le danger parce qu'elles peuvent demander un peu plus d'argent et c'est un avantage sur ce marché de plus en plus dur.
De plus les femmes sont forcées par leur proxénète à accepter des relations non-protégées. Dans la cas de Lili M., 18 ans, qui  devait travailler en décembre dernier sur le trottoir de Augsbourg. La Hongroise fait le pied de grue le soir de la saint-Nicolas dans Lechhausen. Lorsqu'elle a refusé à un client une relation sans préservatif, elle a, d'après le rapport de police, eu "des problèmes" avec son proxénète. Il a observé "sa" prostituée depuis un parking. Il a menacé de faire quelque chose à ses parents si elle ne montait pas dans la voiture du client et faisait ce qu'il demandait. La cas a été enregistré et le proxénète arrêté. Un procès court à son encontre. Si le proxénétisme et la traite des femmes sont revélés quelque part c'est toujours la police elle-même qui découvre les cas. De temps en temps l'une de ces femmes appâtées en Allemagne parvient à faire confiance à la police et à s'ouvrir à elle.      

Alors elles racontent des histoires de peur, de désespoir et d'exploitation. Ce ne sont jamais des clients qui en font part. "La plupart ne veulent pas savoir comment la fille est venue là" pense Helmut Sporer. Soni Untereithmeier de l'organisation "Solwodi" fait la même constatation.
Cette organisation s'occupe des femmes victimes de la traite des êtres humains.
"Chez les clients, c'est l'absence de scrupules qui domine", dit-elle. Certaines prostituées ont essayé de leur faire comprendre dans quelle situation elles sont Cela n'a à peu près servi à rien". 
D'après Soni Untereithmeier il n'y a pas que la barrière de la langue qui joue un rôle : la plupart des femmes viennent comme prostituées de la misère, de Hongrie, de Bulgarie, de Roumanie et ne parlent presque pas allemand. La membre de Solwodi critique beaucoup l'ignorance des clients. " L'une des femmes a raconté que l'un d'entre eux a continué alors qu'elle pleurait. Ses larmes l'ont laissé complètement froid.


"Ce qui se passe chez nous en Allemagne est indigne de l'humanité".

 Concernant les raisons de la brutalisation des moeurs, la police aussi ne peut que spéculer. Helmut Sporer pense que la distance entre les clients des bordels et les femmes est de plus en plus grande parce que ces dernières viennent presque toutes de l'étranger et font toute l'Allemagne. Souvent, elles ne restent que quelques semaines dans une ville. "Autrefois il y avait un minimum de relations entre le client et  la prostituée". dit Helmut Sporer. Aujourd'hui ce n'est plus que très rarement le cas. S'y ajoute, d'après la police, la publicité, surtout celle que propage internet. Les femmes y sont présentées exactement comme des marchandises sur des pages spécialisées à cet effet- les pratiques sexuelles y sont listées comme les capacités d'un ordinateur, les femmes y sont évaluées. Le client de Sabina C. ne lui a pas seulement fait mal cette nuit de septembre-là mais a repris les 50 euros parce qu'il n'était pas satisfait. Mais un gardien du bordel a arrêté le personnage et appelé la police. Il y a peu il était encore en garde-à-vue mais son avocat Michael Weiss a rapidement obtenu qu'il soit relâché. D'après le ténor des prétoires, la femme aurait accepté la relation sexuelle ; on ne peut donc pas parler de viol. Soni Untereithmeier voit cela autrement. Elle dit : "Ce qui se passe chez nous en Allemagne est indigne de l'humanité".

(Noms changés).

Dans le Augsburger Allgemeine

13 commentaires:

  1. Bonjour Euterpe :)
    Je ne sais pas si c'est un hasard ou si tu as vu mon message sous un autre billet où je te demandais si tu voulais bien traduire 2 articles, dont celui-ci?
    Ici http://angrywomenymous.blogspot.be/2013/07/descente-de-police-dans-un-bordel-de.html
    En tout cas, merci, ce lien va circuler!

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    1. Non non ce n'est pas du tout un hasard mais cela m'a paru plus rapide de traduire direct que d'aller te répondre sur un billet aussi éloigné (mon ordi rame énormément).
      Comme tu commentes ici, c'est plus pratique donc je peux te le dire : je fais les traducs, L'autre attendra demain car elle est plus longue.
      Je suis très motivée parce que les proprostitutions débarquent aussi sur la télé allemande.
      Est-ce que tu peux aussi te charger de faire circuler la pétition pour le retrait de la loi ? Je ne sais pas si tu as vu où je l'ai posté mais c'était il y a quelques jours seulement.
      Ce serait bien qu'il y ait beaucoup de signatures. Je l'ai fait circuler sur quelques adresses FB allemandes et Hypathie l'a twittée (un grand merci à Hypathie si elle passe par là ;)).

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    2. Ah, d'accord :) Bien sûr que je fais circuler cette pétition. Je la cherche et je fais ça tout de suite. Je la posterai sur pas mal de groupes féministes et abolitionnistes. Merci pour ce travail.

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    3. Oui, je passe par ici régulièrement. Je vais d'ailleurs repartager ce lien avaaz dès que possible. Les allemand-e-s ne sont pas légions dans mes abonné-e-s Twitter, mais il faut faire monter le nombre de signatures, et puis tout le monde peut signer !

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    4. C'est parti, et c'est beaucoup partagé. certain-e-s se demandaient si cette pétition était encore d'actualité.

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  2. @ Lora : oups, je me suis trompée. C'est l'autre article le plus court !
    Merci pour le partage. Oui, cette pétition est encore d'actualité puisque la loi n'a pas été retirée et que la pétition est en ligne. Elle a juste un peu dormi parce qu'elle n'a pas été assez relayée mais depuis que je suis tombée dessus en cherchant quoi faire contre cette maudite loi et que j'ai commencé à m'en occuper, grâce à votre collaboration, les copines, s'y est ajouté plus de 60 signatures !
    Il suffit de la diffuser largement, voilà tout.
    Car nous avons bien besoin d'une pétition étant donné qu'à part les flics en contact avec le milieu, Alice Schwarzer, une ou deux ONG, quelques communes menacées par l'installation d'un grand bordel sur leur territoire et les Femen, le grand public qui n'aime pas se poser de questions et croit toujours assez bêtement que les gens qui gouvernent savent ce qui est juste et bon pour le peuple pense que la législation prouve en elle-même que prostituée est un job normal.
    Plein de gens défendent la prostitution comme un "droit" !
    Droit à l'esclavage sexuel ?
    Il y a juste une élue CSU de Bavière qui fait vachement de ramdam. Merkel fait l'autruche et le SPD + les Verts qui sont à l'origine de cette loi criminelle la défendent becs et ongles parce que c'est leur loi, leur création, le bébé qu'ils ont fait ensemble en quelque sorte !

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    1. Arf :( Je vais relayer les infos que tu donnes, c'est important.

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  3. Et si tu le publiais sur ton blog ? (Ton dernier billet date du 3 octobre alors je me demandais ..mais tu fais comme tu veux bien sûr !).
    Je trouve que le taux de signatures n'augmentent pas assez vite. Il n'y a que cent personnes qui ont signé en une semaine. Il nous faut beaucoup plus de signatures !!!!

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    1. Bonne idée, la pétition, la traduction de l'article et je te cite, parce que je ne connais pas assez la situation en Allemagne pour être pertinente.

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    2. Mais je ne pense pas récolter beaucoup de signatures via le blog, parce que ce sont en majorité des clients prostitueurs qui s'y égarent en cherchant à savoir quels risques ils courent :).
      Billet le plus lu "Quels sont les risques pour le client prostitueur".
      Et plus le vote pour la pénalisation approche, plus ils s'inquiètent! Si la France, et la Finlande (qui n'en peut plus non plus) deviennent abolitionnistes, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique seront encore plus les bordels de l'Europe. Moins il y a de pays faciles pour le proxénétisme, plus les autres sont sont saturés, c'est mathématique. Il y a peut-être un point de bascule. La prostitution a été considérée partout dans le monde comme inéluctable, et, en 10 ans, plusieurs pays ont changé radicalement. C'est très rapide en fait.

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    3. Dommage.
      Pendant que la pétition pour libérer les gens de Greenpeace monte au demi-million en quelques heures, celle-ci progresse très poussivement et cela me désespère vraiment !
      Car je ne suis malheureusement pas si optimiste que toi. S'il n'y a pas une réelle pression citoyenne sur l'Allemagne, il ne se passera rien. Les tenanciers de bordel sont amis avec le pouvoir politique.
      La loi a quasiment été élaborée en commun avec une grande tenancière de bordel. Les Verts et le SPD ont fêté le passage de cette loi avec elle !
      Et puis, autre exemple, le week end dernier il y a le salon de l'érotisme à Berlin. Il était sponsorisé par les plus gros bordels de la ville, de vrais gros supermarchés du sexe.
      Les Femen avaient projeté un coup mais, apparemment (et même très sûrement) elles ont été espionnées (parce qu'elles communiquent par app and Co) et donc la manière dont devait se produire l'ouverture a été modifié. Cela veut dire que l'espionnage des mouvements militants, un espionnage qui est gouvernemental, se met au service des tenanciers de bordel.
      En fait, l'état est quasi proxénète dans l'histoire et il n'y a pas tellement de proxénète qui cèdent parce qu'il y a une tendance générale extérieure.
      Je crains, au contraire, qu'ils se disent : chouette ! Si les autres pays pénalisent, les clients vont venir chez nous.
      Ils sont pas loin de ce raisonnement de business, en tout cas.
      Ce sont de sales hypocrites, crois-moi !

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  4. Emile Louis est mort ....
    Emile Louis c'est le phantasme pornographique abouti ...
    Emile Louis c'est le patriarcat poussé jusqu'à son terme .....
    Emile Louis c'est la conclusion de la sexualité machiste .....
    Emile Louis est mort et avec sa mort c'est tout un univers sexuel masculin qui bascule enfin dans le néant ......
    Emile Louis , ce pèpère immonde fut un symbole pour tous les machos : Symbole d'une "liberté" sexuelle totale pour le machisme .....
    Parce que pour le machisme liberté ne peut être que synonyme de meurtre , d'extermination de masse , de boucherie , de viol total .....
    Emile Louis est mort et tout le machisme devrait porter le deuil !

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    1. Il le porte sûrement en douce. Dans leur tête, en tout cas.
      Bon mais on a encore, pêle-mêle, Dutroux, Cantat, DSK, Dodo-la-Saumure, Polanski, Fritzl, sans parler de tous ceux dont on ne connaît pas les noms et qui ne se sont pas encore fait choper (s'ils se le font un jour !).
      Le type c'est aussi le vomitif absolu.
      Machisme = ordure très très répugnante, on est bien d'accord.

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