Relire Molière et dans son Dom Juan, la fameuse tirade sur l'hypocrisie qui donne l'une des clefs pour comprendre le personnage de DSK.
Au XVIIe siècle, l'hypocrite singeait le véritable homme de foi et se faisait un abri de l'habit du dévot. Aujourd'hui, il se fait passer pour homme de gauche, socialiste bon teint, et cela lui assure "une impunité souveraine". Si les petits, les sans-grade que nous sommes ne savions rien du personnage, combien savaient dans le monde du journalisme et de la politique. Et pourtant ceux-là mêmes qui savaient le présentaient comme le candidat idéal à la présidence de la république. Et une fois que l'affaire de New York a éclaté, la presse qui avait soutenu son champion a continué à le soutenir de longs mois durant, avec une indulgence qu'elle n'aurait pas eue pour un autre. Aujourd'hui encore, alors qu'on tombe toujours plus bas dans le sordide et le ridicule, un petit groupe d'activistes continue à terroriser pour le défendre. C'est Molière qui le dit :
" Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et serai défendu par elle envers et contre tous."
Oui, l'hypocrisie est un vice privilégié et "la profession d'hypocrite à de merveilleux avantages." "C'est là le moyen de faire impunément tout ce que je voudrai" : n'est-ce pas ainsi que Dominique Strauss-Kahn a été socialiste ?
Relisons Molière, pour le plaisir :
" Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement; mais l'hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d'une impunité souveraine. On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un, se les jette tous sur les bras; et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j'en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d'être les plus méchants hommes du monde? On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu'ils sont, ils ne laissent pas pour cela d'être en crédit parmi les gens; et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire. C'est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes; mais j'aurai soin de me cacher et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. Enfin c'est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai."
Écrit par : Emmanuelle | 30.10.2011
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