DSK, une « demoiselle », des « soirées coquines » : les mots pour le dire
Dominique Strauss-Kahn au sortir de sa confrontation avec Tristane Banon, à la Brigade financière de Paris, le 29 septembre 2011 (Charles Platiau/Reuters)
L'épisode du Sofitel de New York est une histoire sans parole ni sous-titre public. L'affaire dite du Carlton de Lille en regorge.
Les mots de DSK
- « Petite » : « J'emmène une petite faire les boîtes de Vienne (Autriche) », écrit sur son portable DSK en mai 2009.
- « Demoiselle » : « Ça te dit de venir avec une demoiselle ? » demande-t-il ensuite à son « ami » Fabrice Paszkowski, chef d'entreprise du Pas-de-Calais, écroué depuis le 21 octobre et mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs, escroquerie et abus de biens sociaux ».
- « Matériel » : « Veux-tu (peux-tu) venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi (et du matériel) ? » demande encore DSK à Paszkowski. « Matériel » note un riverain peut faire allusion à des accessoires, mais on le sent plus comme une chosification d'être humain.
« Demoiselle », « petite » pour ne pas dire pute, putain, prostituée, call-girl. Mais on n'est pas chez Brassens ni Reggiani.
Le rap, lui, ne nie pas le rapport de domination
Au sixième mois d'un feuilleton de plus en plus sordide, on ne sait plus si le mal de mer vient du déballage exclusif et choisi des messages de DSK (alors qu'il n'est qu'un acteur satellite de l'affaire du Carlton) ou des mots employés par l'ex-patron du FMI .
Le registre grivois-ringard rappelle le « troussage de domestique » malencontreusement employé par Jean-François Kahn pour défendre son ami. Mais ce n'est pas qu'une question de génération. Même si ces mots n'avaient pas vocation à devenir publics, c'est un puissant, et un client tout puissant de ce monde qui s'exprime.
L'avantage des gros mots que les rappeurs, par exemple, emploient pour parler des même histoires, c'est qu'ils ne nient pas les rapports de domination, et qu'au final, ils s'avèrent bien moins violents.
Les mots des journalistes
- « Sodomiser à la hussarde ». Grâce aux écoutes sur lesquelles étaient placées René Kojfer, responsable des relations publiques du Carlton, on apprend que DSK aurait « sodomisé à la hussarde » dans les toilettes d'un restaurant parisien, Béa, ex-compagne et associée du proxénète Dodo la Saumure de son vrai nom Dominique Alderweireld, qui d'après Le Figaro faisait chanter ses prostituées).
Elle s'en serait amèrement plainte à Dodo, qui l'aurait raconté à René. C'était en 2009 lors de leur première rencontre. L'expression « sodomiser à la hussarde » est reprise par Le Figaro, Le Nouvel Obs (pas en ligne), et se retrouve désormais sur de nombreux sites.
« Sodomiser à la hussarde », est-ce un viol anal, une pratique anale consentie mais douloureuse, vigoureuse, ou juste une image pour dire que DSK est un soudard ? Béa, ancienne prostituée et associée d'un présumé maquereau n'a pas porté plainte. Elle dort actuellement en prison et son avocat affirme qu'elle ne lui a jamais parlé de cet « incident ».
- « Coquines », « fines ». Pas un sujet télévisé, radio, écrit sur DSK et le Carlton sans « soirées coquines » ou « parties fines ». L'appellation recoupe la partouze, le bar à putes, la boîte à hôtesses, le club échangiste, le gang-bang ou la prestation payante de groupe. Ailleurs, on parle « d'agapes libertines ». Pour ne pas dire que des professionnelles font le tapin avec un puissant de ce monde,
C'est un peu faire injure à l'éthique du libertinage. C'est aussi nier que les prostituées (« demoiselles », « petites », « matériel ») n'étaient pas là pour faire la fête, mais qu'elles bossaient.
Sur Rue89
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