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dimanche 14 juillet 2013

les prosti-tueurs avouent être de pauvre ratés, paresseux, avides de pouvoir et "addict" de la violence sexuelle

 c'est dans Mes jours au bordel de la photographe allemande Bettina Flitner qui a photographié des prostitueurs dans le bordel "Paradis" à Stuttgart. À lire dans le dernier "Emma".


(Finalement j'enlève les photos de ces sinistres. Pour les voir, il suffit de cliquer sur le nom de Bettina Flitner, un peu plus bas).


Extrait de l'article (c'est la photographe qui parle) :

"Il est trois heures, je prends mes affaires, traîne une dernière fois
ma valise dans les couloirs. Je croise trois non-mortes avec leurs clients.
Est-ce que les écrans avec des scènes de copulation sont déjà éteints ?
Je ne sais pas. Je traîne ma valise dans la salle principale. Je vois le "Romain"
assis au bar. "Alors le Romain", je lui dis, "heureux ?". Il détourne lentement son regard de l'écran et me regarde avec de grands yeux. "Heureux ? Montre-moi quelqu'un qui est heureux ici. Autrefois je regardais le foot avec les copains dans un café, aujourd'hui je suis ici. Je suis totalement isolé socialement, tu ne le vois pas ?" Et sa femme elle finirait bien par s'en apercevoir [dis-je]. Le mariage, les enfants, la famille "j'ai tout foutu en l'air, voyons !".
Je traîne ma valise sur le parking, la fourre dans la voiture et passe à côté d'un de ces cous de taureau. Il et en train d'écraser une cigarette. J'ai urgemment besoin d'un bon bain brûlant".

Bettina Flitner.

C'est le paragraphe final.

Avant cela, on apprend que les prostitueurs sont parfaitement conscients qu'ils ont affaire à des épaves économiques (une majorité de Roumaines, là aussi) qui n'ont pas envie d'eux et dont la plupart sont sous la coupe d'un proxénète qui attend l'argent devant le bordel mais se payer des services sexuels est devenu pour eux une drogue dont ils n'imaginent même plus se passer. Les plus vieux disent qu'ils ne peuvent plus s'imaginer coucher avec une femme de leur âge, les plus jeunes qu'expérimenter un pouvoir total sur une femme les grisent. Tous évoquent le fait qu'avec la prostitution, ils n'ont pas besoin de se casser la tête : ils paient, cela suffit. L'un d'entre eux éprouve le besoin de raconter ses "super" expériences thailandaises à la photographe. Apparemment ces hommes sont souvent des visiteurs de bordels patentés qui ne se contentent pas d'un seul.

Cette histoire d'addiction à la prosti-tuerie m'a poursuivie lorsque j'ai lu, dans le Canard enchaîné, la présentation d'un livre paru chez Gallimard et intitulé "Soldats" (auteurs : Sönke Neitzel et Hararol). Ce livre raconte de vrais propos tenus par des soldats de la Wehrmacht maintenus pendant une partie de la guerre en captivité dans des geôles anglaises et américaines truffées de micros. Ils parlent, entre autres, de leur expérience de boucherie humaine ordonnée par le commandement supérieur puisque leur tâche était de tuer, en particulier des populations civiles juives. L'un d'eux s'exprime ainsi : "Le premier jour, ca m'a paru effroyable, alors je me suis dit : et merde, c'est un ordre. Les deuxième et troisième jours, j'ai dit : je n'en ai rien à foutre. Et, le quatrième jour, j'y ai pris du plaisir".

A quel genre d'ordre intérieur dégueulasse ces types obéissent-ils ?

Ah, j'ai oublié de dire quelle profession exercent ces types pour la plupart : un job pas neutre du tout au jour d'aujourd'hui où le monde en bave à cause d'eux et ce n'est pas un hasard puisque, comme le disait Ulrike Meinhof, le privé est politique : ces types sont majoritairement......  des banquiers

4 commentaires:

  1. bonjour
    oui, cette série de portraits révèle parfaitement ce que les abolitionnistes disent : au mieux opportunisme, au pire sadisme et volonté d'écraser, voilà ce qui "excite" les hommes dans la prostitution.
    Quelle "démocratie" peut faire du "consentement" au sadisme d'autrui une norme légale ?

    Seul bémol dans votre article, la dernière phrase : les prostivioleurs sont de toute profession et des chômeurs et des sans-papiers. La photographe a sélectionné ses interviewés en sélectionnant l'endroit. Et surtout, c'est les seuls qui sont assez intouchable pour montrer leur face.

    Comme le disent Andrea Dworkin et Paola Tabet chacune dans leur style, la prostitution est ce fond social en dessous duquel il n'y a pas de fond, et tous les hommes sont au-dessus. C'est ce fond où n'importe quel homme - quel que soit son argent car il a toujours plus que la femme la plus pauvre - peut expérimenter le pouvoir de violer une femme voire la torturer à la face du monde.

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    1. Oui, c'est juste. Il ne s'agit que d'individus sans peur de s'afficher. Sinon, en effet, toutes les couches de la société sont représentés, en principe.
      Très fort ce que disent Andrea Dworkin et Paola Tabet.
      Décidément : fameuse "civilisation" que la nôtre !

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    2. Merci pour ce commentaire. J'aime beaucoup l'expression "prostivioleur"

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  2. Merci beaucoup. Je vais aller faire un tour.

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