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lundi 15 juillet 2013

Carlton : une offensive pour envoyer DSK en correctionnelle

Une partie civile demande aux juges de ne pas suivre le non-lieu requis par le parquet.
C'est avant la fin juillet que Dominique Strauss-Kahn devrait être fixé sur son sort. Les trois juges qui instruisent l'affaire du Carlton à Lille ­doivent en effet rendre leur ordon­nance qui précisera s'ils entendent voir l'ancien directeur général du FMI jugé devant un tribunal correctionnel. Les magistrats ne sont pas tenus par un ­délai mais, quittant tous leurs fonctions à Lille, ils veulent sans doute clôturer ce dossier avant leur ­départ.
L'horizon s'est largement éclairci pour DSK mi-juin lorsque le procureur de Lille, Frédéric Fèvre, a requis un non-lieu, estimant, au terme d'un réquisitoire charpenté, que les faits de «proxénétisme aggravé en bande organisée» pour lesquels il est mis en examen depuis mars 2012 n'étaient pas constitués.
Après avoir monté les marches du Festival de Cannes en mai, l'ancien ­ministre a multiplié les apparitions ­publiques: Roland-Garros, une convocation au Sénat devant la commission d'enquête sur le rôle des banques dans la fuite des capitaux et, tout récemment, une interview à CNN où il a ­affirmé «ne pas avoir de problèmes ­particuliers avec les femmes». ­Prochains sujets de l'économiste: la Banque russe de développement des régions, contrôlée par le géant russe du pétrole Rosneft - il entre à son conseil de surveillance - et l'Europe avec la publication d'un essai.
S'il devait comparaître au procès de l'affaire du Carlton, au côté, notamment, de «Dodo la saumure», le retour en respectabilité, si ce n'est en politique, serait provisoirement mais fortement compromis. Mais ces considérations ne perturbent guère les juges de Lille. «Depuis le début, ils ont DSK dans le viseur et ne devraient pas changer leur fusil d'épaule», pronostique-t-on à Lille où l'hypothèse d'un renvoi de l'ex-ministre en correctionnelle est la plus souvent envisagée. Selon les informations du Figaro, le parquet ne ferait pas appel d'une ordonnance de renvoi.

Des échanges de SMS

Une partie civile - l'association Équipe d'action contre le proxénétisme - milite pour la comparution de l'ex-patron du FMI. Dans le mémoire qu'elle vient de transmettre aux juges et auquel Le Figaro a eu accès, elle soutient que DSK devrait être jugé non seulement pour «proxénétisme» mais aussi pour «recel de proxénétisme». Le raisonnement suivi par Me David Lepidi, son avocat (l'association est par ailleurs présidée par le haut magistrat, Yves Charpenel), est le suivant. Tout d'abord, Dominique Strauss-Kahn «connaissait la qualité de prostituées des filles recrutées à son profit» - ce qu'a toujours contesté l'intéressé. De plus, «il était l'instigateur de ces soirées à caractère sexuel en ayant initié (…) la mise en place d'un système fondé sur la complaisance de son entourage immédiat dans le but de satisfaire ses besoins sexuels». La démonstration s'appuie notamment sur les nombreux SMS échangés entre DSK et son ami chef d'entreprise Fabrice Paszkowski où les mots «copines», «cadeau» ou «matériel» n'auraient pas servi à désigner des libertines, comme le prétend l'ex-présidentiable, mais des prostituées. Pour l'avocat, ce vocabulaire est caractéristique des milieux de la prostitution. DSK aurait ainsi «favorisé l'activité prostitutionnelle dont il a tiré un profit immédiat en nature en ayant des relations sexuelles avec des prostituées qu'il ne payait pas».
Il aurait encore «fourni les moyens pour aider la prostitution d'autrui» en organisant des soirées dans un appartement avenue d'Iéna à Paris ou en payant des chambres d'hôtel. Enfin, «il offrait généreusement des prostituées à des proches», note l'avocat. En fait, dans le dossier, un seul SMS adressé à un ami - «X., ça va marcher. Je l'ai vu ce soir et lui ai fait un cadeau» - est réellement ambigu. Quant à l'infraction de recel de proxénétisme, elle est constituée selon Me Lepidi: «En ne rémunérant pas les services des prostituées, Dominique Strauss-Kahn bénéficie du produit de l'infraction de proxénétisme tout en sachant que les prostituées lui ont été offertes par des proxénètes.»
À l'appui de son mémoire, l'avocat produit une jurisprudence de la chambre criminelle de la Cour de cassation de 1994 qui a validé la condamnation pour proxénétisme d'une prostituée qui avait prêté sa fourgonnette à une «collègue» afin de lui permettre de «poursuivre ses activités galantes».
Toute la question est maintenant de savoir si DSK pourra poursuivre ses multiples activités, notamment internationales, sans l'épée de Damoclès d'un procès en 2014.

Sur LeFigaro.fr

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