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samedi 30 mars 2013

Si j’avais convaincu plus d’esclaves qu’ils étaient bien des esclaves, j’aurais pu en sauver des milliers d’autres (Harriet Tubman)

"Si j’avais convaincu plus d’esclaves qu’ils étaient bien des esclaves, j’aurais pu en sauver des milliers d’autres"


Harriet Tubman.
Harriet Tubman (née Araminta Ross en 1820 ou 1822 dans le comté de Dorchester, Maryland, décédée le 10 mars 1913 à Auburn, État de New York) fut une combattante de la liberté afro-américaine, connue aussi sous les noms de Moïse noire, Grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple Noir.
Étant une esclave évadée, elle travailla comme ouvrière agricole, bûcheronne, blanchisseuse, infirmière, et cuisinière. Devenue abolitionniste, elle participa à la lutte contre l’esclavage et le racisme. Elle accomplit diverses fonctions telles que collecte de renseignements, préparation des volontaires pour l’évasion, exécution des évasions, infirmière, prêche évangélique et collecte de fonds.

Harriet Tubman est née Araminta "Minty" Ross de parents esclaves, Harriet ("Rit") Green et Ben Ross. Rit appartenait à Mary Pattison Brodess (et plus tard à son fils Edward) tandis que Ben était la propriété du second mari de Mary, Anthony Thompson, qui dirigeait une grande plantation à proximité de la rivière Blackwater à Madison dans le Maryland1.
Comme pour beaucoup d'esclaves aux États-Unis, ni l'année exacte, ni le lieu de sa naissance n’ont été enregistrés et les estimations des historiens divergent, s’échelonnant de 1820 à 1825. Kate Larson avance l'année 1822, en s’appuyant sur un paiement de sage-femme et plusieurs autres documents historiques2 tandis que Jean Humez affirme que « les meilleures données actuelles suggèrent que Tubman est née en 1820 mais cela a pu être un an ou deux plus tard. »3. Catherine Clinton note que Tubman estimait l'année de sa naissance à 1825, tandis que son certificat de décès indique 1815 et sa tombe 18204.
Modesty, la grand-mère maternelle de Tubman, arriva aux États-Unis sur un navire négrier en provenance d'Afrique ; aucune information n'est disponible sur ses autres ancêtres5. Lorsqu’elle était enfant, on raconta à Tubman qu'elle était d'une lignée Ashanti (ce qui fixerait l’origine géographique de sa famille à l’actuel Ghana) mais aucun élément n'existe pour confirmer ou infirmer cette affirmation6.
Sa mère Rit était cuisinière pour la famille Brodess7. Son père Ben supervisait le travail du bois sur la plantation8. Ils se marièrent vers 1808 et selon les dossiers de la cour, ils eurent neuf enfants ensemble : Linah, né en 1808, Mariah Ritty en 1811, Soph en 1813, Robert en 1816, Minty (Harriet) en 1822, Ben en 1823, Rachel en 1825, Henry en 1830 et Moïse en 18329.
Le système esclavagiste séparait fréquemment les familles, en éloignant les parents de leurs enfants, vendus à d’autres propriétaires qui résidaient parfois à de grande distance. La famille Tubman n’échappa pas à la règle. Edward Brodess vendit trois des sœurs d'Harriet (Linah, Mariah Ritty, et Soph), les séparant du reste de leur famille pour toujours10. Quand un commerçant de Géorgie approcha Brodess pour acheter son plus jeune fils Moïses, Rit le cacha pendant un mois, aidée par d'autres esclaves et des Noirs libres de la communauté11. Elle fit même face à son propriétaire quand celui-ci, accompagné de « l'homme de Géorgie », vint saisir l'enfant. Elle menaça d’ouvrir la tête au premier homme qui franchirait le seuil de sa maison12. Brodess recula et abandonna la vente. Plusieurs biographes s’accordent à penser que l’importance de cet épisode dans le roman familial nourrit sans doute la croyance de Tubman dans les possibilités de résistance13,14.

Jeunesse

La mère d’Harriet travaillait dans la « grande maison » des maîtres et avait peu de temps à consacrer à sa propre famille. Tubman prit donc très tôt soin de ses jeunes frères et sœurs.
À l'âge de cinq ou six ans, elle fut louée à une femme nommée "Miss Susan" chez laquelle elle fut quotidiennement victime de mauvais traitements. Sa mission consistait à veiller sur un bébé pendant son sommeil ; lorsqu’il s'éveillait en pleurant, elle était fouettée, ce qui produisit un jour cinq fois avant le petit déjeuner. Un autre jour, menacée pour avoir volé un morceau de sucre, Tubman se cacha dans la porcherie d'un voisin pendant cinq jours, se battant avec les animaux pour les restes de nourriture. Affamée, elle dut retourner chez Miss Susan où elle fut lourdement frappée. Elle porta les cicatrices de ces sévices pour le restant de sa vie.
Pour se protéger de ces abus, elle s'enveloppait dans plusieurs couches de vêtements. Une autre fois, elle mordit le genou d'un homme blanc qui lui infligeait une correction, ce qui le tint par la suite à distance.
Elle endura des années de traitements inhumains de la part d'autres maîtres. Alors qu’elle était adolescente, elle fut envoyée dans une mercerie pour acheter des fournitures. Elle y trouva un contremaitre furieux, à la poursuite d’un esclave qui avait quitté les champs sans permission. Il exigea que Tubman l’aide à retenir le jeune homme, ce qu’elle se refusa à faire. L’esclave étant sur le point de s'enfuir, le surveillant lui jeta un poids de deux livres posé sur le comptoir du magasin. Il manqua sa cible et le poids frappa violemment Tubman à la tête. Elle expliqua plus tard qu'elle pensait que ses cheveux - qui n'avaient jamais été peignés et se dressaient de manière anarchique sur sa tête – avaient pu amortir le choc et lui sauver la vie. Elle fut renvoyée dans la maison de son propriétaire en sang et inconsciente et placée sur le siège d'un métier à tisser où elle resta sans soins médicaux pendant deux jours. Elle fut immédiatement renvoyée dans les champs alors que le sang et la sueur continuaient de couler sur son visage, l’empêchant de travailler. L’homme qui la louait déclara qu'elle « ne valait pas un sou » et la renvoya à Brodess, qui essaya en vain de la vendre.
Peu après, elle commença à avoir des convulsions et à s’évanouir soudainement, même si elle affirmait à son entourage qu’elle restait consciente. Ces crises perdurèrent pour le restant de sa vie.
Cette grave blessure à la tête survint à un moment de sa vie où Tubman développa une foi passionnée en Dieu. Comme nombre d’esclaves à cette époque, elle rejetait l'interprétation des Écritures traditionnellement utilisée par les esclavagistes pour exhorter les esclaves à être obéissants et puisait son inspiration dans les récits de l'Ancien Testament qui évoquait la libération, comme celui de Moïse guidant les Juifs hors d’Égypte. Après son traumatisme crânien, elle commença à avoir des visions et des rêves qu'elle interprétait comme des signes divins. Cette perspective religieuse la guida tout au long de sa vie.
Quand elle fut une jeune adulte, elle prit le prénom de Harriet, probablement en l’honneur de sa mère. Aux alentours de 1844 elle épousa John Tubman, un homme libre.

Évasion

Annonce publiée par Eliza Brodess dans le Democrat de Cambridge offrant une récompense de trois cents dollars pour Harriet (Minty) et ses frères Harry et Ben)
En 1849, Tubman tomba malade et sa valeur marchande diminua en conséquence. Edward Brodess essayait de la vendre, sans parvenir à trouver un acheteur. Tubman commença à prier pour que son propriétaire change d’avis au sujet de sa vente. « Je priais chaque nuit pour mon maître, jusqu’au premier mars ; et durant toute cette période, il continua d’amener des acheteurs pour me jauger et tenter de me vendre ». Quand il apparut inéluctable que la vente finirait par avoir lieu, elle changea la nature de sa demande. « Le premier mars, je commençai à prier : Mon Dieu, si vous ne comptez pas changer le cœur de cet homme, tuez-le, et ôtez-le de mon chemin ».
Une semaine plus tard, au début du mois de mars 1849, Brodess mourut, laissant derrière lui une femme, Eliza, et huit enfants. Tubman se repentit alors de sa dernière demande. Mais la mort de Brodess ne diminua pas la probabilité que Tubman soit prochainement vendue et sa famille séparée. Pour payer les dettes de son mari et éviter la saisie de la petite ferme, Eliza décida de vendre une partie des esclaves de la famille.
Craignant d’être revendue dans le « Sud Profond », Harriet prit sa propre émancipation en mains. Accompagnée de ses frères Ben et Henry, elle s’échappa une première fois le 17 septembre 1849, laissant derrière elle son mari, un homme libre, qui ne voulait pas la suivre. Tubman avait été louée au docteur Anthony Thompson, qui possédait une très grande plantation appelée Poplar Neck dans le voisinage de Caroline County. Les esclaves ayant été prêtés, Eliza Brodess ne s’aperçut sans doute pas immédiatement de leur disparition. Deux semaines plus tard, elle fit cependant publier un avis de recherche dans le journal local, le Democrat de Cambridge, offrant une récompense de cent dollars pour chaque esclave retourné. Une fois échappés, les frères Tubman furent cependant pris de remords. Ben avait dû laisser son tout jeune fils derrière lui. Les deux hommes effrayés par les dangers d’une vie de fugitif rebroussèrent chemin, obligeant Tubman à rentrer avec eux.
Peu après, Tubman s’échappa à nouveau, cette fois sans ses deux frères. Elle fut assistée dans sa fuite par des sympathisants Quakers et d’autres membres du mouvement abolitionniste, Noirs comme Blancs, qui avaient organisé à un vaste réseau d’évasion connu sous le nom de Chemin de fer clandestin (Underground Railroad en anglais). On sait peu de choses sur les circonstances exactes de son départ ; il était en effet nécessaire qu'elle conserve secrète une route qui a continué à être utilisée par d'autres fugitifs après elle.
La zone de Preston, proche de Poplar Neck dans le comté de Caroline (Maryland) était le siège d’une importante communauté Quaker, et fut probablement la première étape, sinon le point de départ, de la fuite de Tubman. De là, elle prit sans doute le chemin, long de près de 145 kilomètres, emprunté par la majorité des esclaves fugitifs : en direction du nord-est par la rivière Choptank, à travers le Delaware et ensuite vers le nord jusqu’en Pennsylvanie. Ce dangereux périple nécessitait de se déplacer de nuit, en évitant la surveillance des « chasseurs d’esclaves », avides des récompenses procurées par la capture des fugitifs. Le « conducteur » du chemin de fer clandestin utilisa un certain nombre d’astuces pour la cacher. Lors de l’un de ses premiers arrêts, la maîtresse de maison qui l’accueillit lui fit balayer la cour pour donner l’impression qu’elle travaillait pour sa famille. Quand la nuit tomba, on la cacha dans une charrette pour l’emmener jusqu’à la prochaine étape.
Elle pénétra finalement en Pennsylvanie avec un sentiment mêlé d'émerveillement et de terreur, décrivant plus tard ses sensations dans les termes d’une expérience religieuse : «Quand je découvris que j'avais franchi cette ligne, je regardai mes mains pour voir si j'étais la même personne. Il y avait une telle gloire sur tout : le soleil est apparu comme l'or à travers les arbres et sur les champs, et je me sentais comme si j'étais au Paradis. »33.

Activités abolitionnistes

Harriet Tubman fut surnommée « Moïse » par ceux qu’elle aida à s’enfuir grâce au chemin de fer clandestin. Elle effectua de nombreux allers et retours au Maryland pour aider d’autres esclaves à s’échapper. Sa carrière de conductrices de fugitifs commença par la libération de membres de sa famille.
Immédiatement après avoir atteint la ville de Philadelphie, elle pensa en effet à sa famille : « J’étais une étrangère dans un monde étrange […] Mon père, ma mère, mes frères et sœurs, et amis étaient [au Maryland]. Mais j’étais libre, et ils devaient être libres eux aussi ». Elle trouva des petits boulots et commença à économiser de l’argent. Dans l’année qui suivit, le Congrès américain adopta le Fugitive Slave Act de 1850, qui contraignit tous les États, même ceux qui avaient interdit l'esclavage, à collaborer à la capture des esclaves fugitifs et à infliger de lourdes peines aux complices d'évasion. La loi augmenta les risques pour les esclaves en fuite, dont beaucoup poussèrent jusqu’au Canada. Dans le même temps, l’expansion de Philadelphie attisait les tensions raciales.
En décembre, Tubman reçut depuis Cambridge une nouvelle l’alertant de la vente prochaine de sa nièce Kessiah et de ses deux enfants, James Alfred, âgé de six ans, et Araminta, encore bébé. Horrifiée à l'idée de voir sa famille plus brisée qu’elle ne l’était déjà, Tubman fit quelque chose de très peu d'esclaves avaient fait avant elle : elle retourna volontairement sur la terre de son asservissement. Elle prit le chemin de Baltimore où son beau-frère, Tom Tubman, la cacha jusqu'au moment de la vente. Le mari de Kessiah, un homme noir libre nommé John Bowley, se rendit à la vente de sa femme où il fit en sorte de remporter l’enchère. Tandis qu'il simulait de prendre ses dispositions pour payer, Kessiah et ses enfants s’enfuirent dans une cache située à proximité. Quand la nuit tomba, Bowley convoya sa famille sur un canot jusqu’à Baltimore, à cent kilomètres de là. Ils furent pris en charge par Tubman qui conduisit la famille à Philadelphie.
À l'automne 1851, Tubman retourna dans le comté de Dorchester pour la première fois depuis son évasion, cette fois pour retrouver son mari John. Avec l’argent épargné sur ses maigres salaires, elle lui acheta un costume et fit route vers le sud. John, cependant, avait épousé une autre femme du nom de Caroline et refusa de la rejoindre, se déclarant heureux de son sort. Tubman maîtrisa sa colère et profita de son voyage pour exciter les velléités de fuites de quelques esclaves qu’elle mena jusqu’à Philadelphie. Elle réussit par la suite à ramener en sûreté ses quatre frères, Ben, Robert, Henry, et Moïse, mais échoua à sauver sa sœur adorée, Rachel, ainsi les deux enfants de celle-ci, Ben et Angerine. Rachel mourut en 1859 avant qu’Harriet ne puisse la secourir.
Tubman conduisit également des esclaves vers le Canada, désormais le seul endroit sûr d’Amérique du Nord pour les esclaves en fuite. En décembre 1851, elle guida un groupe non identifié de onze fugitifs vers le nord. Des indices suggèrent que Tubman et son groupe ont pu s’être arrêtés au domicile de l'abolitionniste et ancien esclave Frederick Douglass. Dans la troisième version de son autobiographie, Douglass écrit : « Une fois, j'eus onze fugitifs à la fois sous mon toit, et il était nécessaire pour eux de rester avec moi jusqu'à que j'aie pu recueillir suffisamment d'argent pour les conduire au Canada. Ce fut le plus grand nombre que j'aie jamais abrité et j'eus quelques difficultés à fournir la nourriture et un toit à tant de monde .... ». La date et le nombre de voyageurs coïncide avec les données fournies par Tubman.
Selon ses propres estimations, et celles de ses proches collaborateurs, elle a personnellement guidé aux alentours de soixante-dix esclaves vers la liberté pendant treize expéditions. Elle ne fut jamais capturée et, selon ses propres mots, "jamais ne perdit un passager". Elle fournit aussi des instructions détaillées à beaucoup d’autres, qui voulaient s’échapper par eux-mêmes.
Sa propriétaire, Eliza Brodess, promit une prime de cent dollars pour sa capture, mais nul ne sut jamais que c’était Harriet Tubman qui était responsable d’autant de fuites d’esclaves de son ancien voisinage au Maryland. Des années après, après la Guerre de Sécession, on rapporta qu’une prime de quarante-mille dollars avait été offerte pour sa capture; mais cela ne fut qu’un mythe créé pour dramatiser à l’excès son action, dans le cadre de l’après-guerre.

Guerre de Sécession

Quand la Guerre de Sécession débuta en 1861, Tubman plaça ses espoirs dans une victoire de l’Union qui, espérait-elle, serait un pas décisif vers l’abolition de l’esclavage. Souhaitant mettre son savoir-faire et son expérience au service de l’Union, elle rejoignit rapidement un groupe d’abolitionnistes de Boston et de Philadelphie en Caroline du Sud. Par son aide aux esclaves fugitifs, elle devint rapidement une figure importante des camps localisés à Port-Royal. Elle servit comme cuisinière et infirmière, préparant des remèdes à base de plantes locales et aidant les soldats qui souffraient de dysenterie. Elle soigna même des hommes atteints de la variole, sans contracter elle-même la maladie, ce qui contribua à nourrir la rumeur qu’elle était bénie de Dieu. Les rations qu’elle recevait du gouvernement pour son travail alimentèrent la jalousie de certains esclaves fugitifs qui voyaient là le signe d’un traitement spécial. Pour apaiser les tensions, elle renonça à son droit et gagna sa vie en vendant des tartes et de la bière à base de racines.
En janvier 1863, Lincoln mit en œuvre la Proclamation d'émancipation qui déclarait libre tout esclave résidant sur le territoire de la Confédération sudiste. Tubman considéra cette décision comme une étape importante vers la liberté de tous les Noirs. Elle renforça son engagement dans le conflit en prenant la tête d’un groupe d’espions qui opérait dans les terres environnant Port Royal.
Les marais et les rivières de Caroline du Sud présentaient un profil similaire à ceux de la rive orientale du Maryland et sa science du voyage clandestin trouva un terrain idéal pour s’exprimer. Son groupe d’éclaireurs qui travaillait sous les ordres du Secrétaire à la Guerre des États-Unis, Edwin M. Stanton, effectuait des reconnaissances et cartographiait le terrain inconnu. Elle travailla ensuite aux côtés d'un abolitionniste proclamé, le colonel James Montgomery, fournissant des renseignements essentiels à la prise de Jacksonville, en Floride.
Au début du mois de juin 1863, Tubman servit de principal conseiller à l’organisation du raid des troupes de Montgomery contre une série de plantations le long de la rivière Combahee, dans le comté de Colleton en Caroline du Sud. Elle participa activement à l’assaut : embarquée à bord de l’USS John Adams, elle guida entre les mines confédérées les trois bateaux à vapeur qui transportaient les trois cents soldats de l'opération. Une fois à terre, les troupes de l'Union mirent le feu aux plantations, détruisant les infrastructures et saisissant des milliers de dollars de denrées alimentaires et de fournitures. Alertés par les sifflets des bateaux à vapeur, les esclaves de la zone affluèrent vers la rive ; les propriétaires qui, armés de pistolets et de fouets, tentèrent d'arrêter leur fuite furent rapidement submergés par la masse des fuyards qui embarquèrent par centaines.
Tubman rapporte n’avoir « jamais vu un tel spectacle » ; elle décrit une scène de chaos où se mêlaient des femmes portant des pots de riz encore fumant, des cochons couinant dans des sacs portés en bandoulière et des bébés accrochés au cou de leurs parents. Alors que les troupes confédérées convergeaient vers les lieux, les bateaux à vapeur surchargés d'esclaves prirent la direction de la ville de Beaufort.

Méthodes

Son succès dans ses aventures était en grande partie dû à sa grande intelligence, son astuce, son audace et son caractère impitoyable, qu’elle mit au service de plans très bien établis pour ses expéditions. Elle s'appuya sur la communauté noire, très soudée, afin de l’aider à ramener sa famille et ses amis durant la plupart de ses missions au Maryland. Elle était attentive à ne pas rencontrer ses contacts à proximité des plantations d’où ils devraient s’échapper : elle leur envoyait des messages, de sorte qu’ils puissent la rencontrer dans un endroit secret. Elle était très versée dans les déguisements. Une fois, elle prit la précaution d’emporter deux poulets avec elle. Il advint qu’elle se sentit en danger, lorsqu’elle tomba quasiment nez à nez avec son ancien maître. Elle lâcha alors les poulets, et se mit à courir derrière pour les rattraper. Cela amusa le maître, qui ne réalisa jamais que la chasseuse de poulets maladroite était, en fait, une rusée voleuse d’esclaves.
Une fois, dans une gare ferroviaire, elle s’aperçut que les chasseurs d’esclaves évadés surveillaient les trains se dirigeant vers le nord, dans l’espoir de les capturer, elle et ses protégés. Sans hésiter, elle fit embarquer son groupe dans un train à destination du Sud, pariant avec succès que jamais ses poursuivants n’anticiperaient le fait qu’elle puisse s’enfoncer en territoire ennemi ; plus tard elle reprit la route prévue, depuis un endroit plus sûr.
En plus de cela, elle avait une doctrine stricte qui était que, bien que tout esclave pouvait refuser le risque d’aller au Nord, quiconque aurait décidé d’aller au Nord mais se raviserait à mi-chemin devrait être abattu, afin d’éviter que le contestataire ne risque de trahir le groupe. Heureusement, il semble qu’elle n’eut jamais besoin d’en arriver à de telles extrémités.

Vie après la Guerre de Sécession

Après la guerre, Harriet Tubman devint une militante pour les droits des Afro-Américains et des femmes. Elle travailla en particulier à promouvoir la cause du suffrage féminin. À une femme blanche qui lui demandait si elle croyait que les femmes devraient avoir le vote, elle répondit qu’elle avait « assez souffert pour le croire ». Tubman assista d’abord aux réunions des organisations suffragistes, avant de s’engager aux côtés de femmes telles que Susan B. Anthony et Emily Howland. Elle se rendit à New York, Boston et Washington pour participer à des conférences en faveur du droit de vote des femmes. Son argumentation visait à démontrer que les femmes méritaient par leurs actions d’accéder aux droits politiques. Elle illustrait son propos en décrivant sa propre action pendant et après la guerre de Sécession et mettait en avant le sacrifice des innombrables femmes qui avaient œuvré en faveur de la nation américaine.
Grâce à Sarah Bradford qui fit office de biographe et transcrivit ses récits, elle vit l’histoire de sa vie publiée en 1869 sous le titre de Scènes de la vie d’Harriet Tubman (Scenes in the Life of Harriet Tubman).
Cela fut d’une aide considérable pour sa condition financière misérable (elle n’obtint une pension pour son passé militaire que trente ans après les faits). La même année elle épousa Nelson Davis, un autre vétéran de la Guerre de Sécession de vingt-deux ans son cadet. Ils vécurent ensemble à Auburn, État de New York, dans une maison qu’elle avait rachetée à son célèbre ami William H. Seward, secrétaire d'État sous la présidence d’Abraham Lincoln. Elle y vécut entourée de membres de sa famille et d’amis, qui avaient choisi de s’établir près d’elle après la Guerre de Sécession.
Finalement, à cause de son arthrite et de sa santé fragile, elle emménagea dans l’hospice pour Afro-Américains âgés et malades qu’elle avait elle-même contribué à fonder. Il était construit sur un terrain qu’elle avait acheté, jouxtant sa propriété d’Auburn. Elle y mourut en 1913, après avoir raconté ses mémoires jusqu’au dernier jour. Elle reçut les honneurs militaires au cours de son enterrement, et une plaque à sa mémoire fut placée sur le tribunal du comté de Cayuga, à Auburn. De nos jours, la mémoire d’Harriet Tubman est honorée chaque 10 mars, jour de sa mort.

Hommages

mardi 26 mars 2013

Histoire de mélanine

A propos du racismo-sexisme évoqué ici, je voudrais répondre exhaustivement à Ms. Dreydful ce que l'on ne peut faire dans un simple commentaire. La question sous-jacente est en fait celle de savoir s'il y a ou non un universel féminin ou s'il y a des femmes d'un côté qui ne souffriraient que du sexisme et d'autres qui souffriraient de sexisme et de racisme, ce qui ferait que ces deux sortes de personnes discriminées ne pourraient se solidariser alors que par ailleurs, comme je l'indique dans mon billet intitulé "Le racismo-sexisme", les hommes s'entendent au-delà des affaires de racisme, d'options sexuels (homos et hétéros), de couleurs politiques et de religions quand il s'agit d'opprimer les femmes. Toutes leurs dissensions disparaissent pour ce faire comme par enchantement.

La division entre féministes nous minent. Les Noires se méfient des Blanches, c'est bien normal quand un mouvement comme la Slutwalk utilisent comme slogan "We are the Nigger of the World", en effet, c'est rédhibitoire et on n'a juste envie de leur dire "Fuck off !".
Mais toutes les Blanches n'adhèrent pas à un tel mouvement. A lire l'article de Sisyphe intitulé : Le mouvement des femmes n'est pas monochromatique.
Et la lettre ouverte des BlackWomen aux Slutwalks publiée par Lez Strabourgeoises.
Ainsi que par Les poupées en pantalon : "Pourquoi nous ne participerons pas à la Slutwalk".

Voilà pour cette lamentable "Slutwalk".

Mais il y a des BlackWomen qui, comme Leymah Gbowee croient en un universel féminin.
Croire en un universel féminin, ce n'est pas pour nier qu'il y ait des Blanches et des Noires même si j'ai ma limite personnelle avec cette distinction.
 Moi quand je vois Obama et Yannick Noah, par exemple, je me demande pourquoi, on les appelle "Noirs". Objectivement, n'importe qui peut avoir la même couleur sans être appelé "Noir.e". Deux heures de solarium et la majorité des Blancs ont la même couleur que Obama et Yannick Noah.
D'autre part, les Indien.nes, les Mauricien.ne.s et d'autres, ont beau être très noirs de peau, personne ne les appelle "Noirs".
Curieux, non ?
Pourquoi appelle t-on des gens qui ne sont pas noirs "Noir.e.s" et d'autres qui le sont non ?
Parce que lesdits "Noir.e.s" ont une apparence intermédiaire, comme s'il avaient dépassé une ligne de démarcation qui ferait que les Blancs ne les reconnaîtraient plus comme leurs et qui ferait que POUR CETTE RAISON les Noir.e.s commenceraient à les reconnaître au contraire comme frères et soeurs.

Quelle genre d'apparence ? Cheveux crêpus, bouche charnue,...une apparence qui fait qu'on les associe à l'un de ses peuples à l'origine non monothéocratiques comme les Africains, les Aborigènes, les Lapons, les Inuits, les Tchoutchkes, les Indiens d'Amazonie etc.. toutes famille humaines dont la structure "économique" ne fut jamais et d'aucune manière pré-capitaliste à ses origines.
Dans le monde précapitaliste du 16e siècle, ne pas croire en un seul dieu et ne pas vénérer l'or était une preuve de non-humanité qui a servi de prétexte à l'esclavage.
Cette mentalité se perpétue jusqu'à aujourd'hui où le capitalisme est hypertrophié et la vénération de l'or plus hystérique que jamais, même si les mêmes peuples en question ont été entre temps christianisés, islamisés ou bouddhistisés (de force, la plupart du temps) + embringuer dans la "mondialisation" (capitaliste). Le stigmate originel subsiste puisque nous ne sommes pas sorti.e.s du système qui l'a mis en place.

L'appelation "Noir.e" signifie donc quelque part : "sauvage tardivement civilisé.e" et pour le chrétien blanc (crétin blanc) cette définition s'étend peu ou prou aux musulmans (pas aux bouddhistes parce qu'il se pourrait bien que le christianisme soit d'origine bouddhiste, donc : Achtung. La religion musulmane, par contre, est postérieure au christianisme).

Blanches et Noires peuvent-elles se comprendre si les unes ne subissent "QUE" le sexisme et les autres le racisme en plus du sexisme?

Je pense que pour certaines c'est moins évident, pour d'autres plus et toutes les Blanches ne sont pas à mettre dans le même sac pas plus que toutes les Noires. En effet, nous possédons tout.e.s des particularismes. Et notre couleur ne nous sépare pas du tout les unes des autres. Je me sens personnellement plus proche de Leymah Gbowee que d'Elisabeth Badinter.

On va me dire : mais tu es Blanche toi ! Qu'est-ce que tu peux comprendre des Noires et de la discrimination qu'elles subissent au quotidien ?
Et bien moi aussi j'ai fait mes petites expériences et j'ai surtout compris une chose : c'est qu'il y a une idée de la norme et si tu en sors, tu es de toute manière discriminée. 
Oui, en effet, je suis blanche. Et quelle blanche ! Plus blanche que blanche. On me l'a assez fait comprendre ! Qui "on" ? Des Noir.e.s ? Non, des Blanc.he.s et pas seulement elleux...tout le monde, en fait.

Je ne suis pas issue d'un peuple martyrisé qui a du se battre pour se libérer de l'oppression d'un peuple oppresseur mais est-ce le seul motif de discrimination au monde ?
Non. Ce que le "monde" ne supporte pas, ce sont les extrêmes.
Les Noir.e.s ne discriminent t-ils/elles pas les TROP noir.e.s ou les PAS ASSEZ noir.e.s ? Je le parierais.

En ce qui me concerne, je suis blanche de cette blancheur qui si vous êtes amené.e.s à l'exhiber déclenche des regards atterrés, des chuchoments sur votre passage et qui vous fait montrer du doigt.

- Quand on te regarde, on risque la cécité des neiges !
- Eh Ariel ! Tu t'es lavée avec la lessive qui lave plus blanc que blanc?
- Un cachet d'aspirine paraît bronzé à côté de toi !
- Ouah le navet ! Pas besoin de te blanchir, toi  !

Petit florilège des réflexions supportées X fois dans ma jeunesse. Jusqu'aux copines qui vous tancent parce que d'après elles vous n'avez pas une couleur "décente" et ne "faites aucun effort". Elles vous traînent à la plage pour "habituer votre peau". Vous n'avez pas encore un cancer de la peau mais avec tous les coups de soleil que vous avez collectionnés dans l'idée de bronzer et de vous fondre à la sacro-sainte norme alors que votre derme contient 0% de mélanine, forcément vous avez le type roux...vous vous attendez à ce que tout ceci se paie un jour telle la bombe à retardement.

Oui, car en plus vos cheveux tirent distinctement sur le roux. Et pour couronner le tout vous êtes gauchère.
Au XVIIe siècle, si vous fussiez née fille du peuple, on vous aurait torturée et brûlée vive comme sorcière car seul le diable aurait pu vous avoir engendré et il est à parier que des gens vous regardent encore comme sortie tout droit de l'Enfer, aujourd'hui.

Partout où vous allez et où l'on se déshabille : plages, piscines ou vestiaires de centre sportif, il n'y a PERSONNE d'aussi blanc que vous, vous êtes LA SEULE à être aussi dépourvue de pigmentation et tout le monde vous regarde l'air effaré en se demandant : comment peut-on être aussi blanche ? (avec l'idée qu'à votre place, elles feraient n'importe quoi pour ne pas exhiber une blancheur pareille, sauf qu'elles ne sont pas à votre place...).
Vous, vous faites un grand détour à la vue d'un solarium. A quoi peut bien servir cet instrument pour vous ?
Heureusement, la mode a changé. Mais ma jeunesse est derrière moi.

Vous avez immigré en Allemagne et qu'avez-vous découvert ? Que les Allemandes ne vous ressemblaient pas. Qu'elles ont la peau mat et elles bronzent. C'est en Irlande que vous auriez du aller ! Mais trop tard.

Un jour de votre vie pourtant vous allez vous retrouver avec les "vôtres". Vous vous inscrivez pour faire de la figuration dans un film pour lequel le réalisateur n'embauche que des Roux/Rousses. Tout à coup vous êtes entre gens qui ont la même sensibilité que vous, ont fait les mêmes expériences dans ce monde que vous. Alors vous vous sentez comme appartenant à une "race", vous ressentez une véritable jubilation : non, vous n'êtes pas anormale, ni seule ! D'autres ressentent et vivent ce que vous vivez parce qu'illeux vous ressemblent !
Alors, bien sûr que la ressemblance est précieuse mais la différence aussi.

Et ce n'est pas pour autant que vous voulez maintenant ne plus fréquenter que des Roux/Rousses même si vous vous sentez tellement plus proches d'elleux que de quiconque quand il s'agit de la réaction des gens à votre typus humain.
 
Puisque j'en suis à mes expériences de la couleur, en voici une autre. J'ai eu un petit copain dans ma vie, l'un de ceux dont on se souvient avec tendresse, qui m'a dit un jour, mais je ne l'ai pas compris dans ce temps-là, nous étions trop timides et complexés tous les deux pour nous ouvrir réellement sur nos souffrances et difficultés mutuelles. C'est seulement bien plus tard que cette phrase de sa part m'est revenue et que je l'ai comprise :
"Les Blacks me haissent. Il me voit comme un traître qui se prend pour un Blanc".
Il me parlait souvent de ses problèmes avec les "Blacks". Et moi je ne comprenais absolument pas de quoi il parlait.
Blanchitude et Négritude... Qui est Noir.e ? qui est Blanc.he ?
Le racisme d'après moi c'est de trouver une frontière quelque part entre la couleur noire et la couleur blanche. De très blanc.he à très noir.e, à quel moment commence le blanc, termine le noir (ou l'inverse) ?
Cet ami, oui, il avait les cheveux crépus, la lèvre charnu et la peau plutôt mat...oui certain.e.s pouvaient avoir eu envie de dire : il est Noir même s'il n'avait pas la peau bien noire. Oui il avait le "type" que l'on qualifie de noir.
Mais voilà : il ne se sentait pas le moins du monde Noir et le mot "frère" ("Bro") lui écorchait les lèvres, il se forçait de le prononcer pour ne pas être détesté et persécuté par les "Blacks". Pourquoi ne se sentait-il pas Noir ? Parce qu'adopté tout bébé par des Blancs, ayant grandi dans une famille de Blancs avec un frère blanc, il ignorait complètement ses origines. Personne n'avait pu lui dire qui étaient ses géniteurs.
Comment aurait-il pu se sentir Noir ? Son nom même était la quintessence du nom de français moyen. Rien ne le reliait à la "communauté noire". Absolument rien. Était-ce de sa faute ?
Comme moi, d'une certaine manière, il n'avait pas la "bonne" apparence ni la bonne attitude par rapport à cette apparence. Ni pour les Blancs, ni pour les Noirs. Il avait l'indécence d'être noir chez les Blancs et moi l'indécence de ne même pas être un tout tout petit peu, un tout petit peu, rien qu'un peu.....noire.

 

lundi 25 mars 2013

Femen : des islamistes disent souhaiter faire disparaître de Tunisie ces "saletés"


Amina Tyler n'aurait pas donné signe de vie à ses proches depuis jeudi dernier

En Tunisie, elle est la première femme à avoir posé seins nus sur son profil Facebook. Avec la mention : « Mon corps m'appartient, il n'est l'honneur de personne. » Mais, depuis jeudi dernier, Amina Tyler, 19 ans, n'a pas donné signe de vie à ses proches et, notamment, aux activistes féministes des Femen dont elle s'inspire. Ses amis s'inquiètent car « elle avait reçu des menaces notamment de [l']imam Adel Almi qui a souhaité sa mort par lapidation », écrivent-ils sur un site de soutien. La page Facebook d'Amina avait été piratée mercredi soir par des islamistes qui disaient souhaiter faire disparaître de Tunisie « ces saletés ».

La piste familiale


Selon ses soutiens, Amina aurait en fait été enlevée par sa propre famille, qui avait très mal réagi à son activité militante. « Nous avons appris que la famille expliquait qu'elle était folle, traitée, voire internée, en hopital psychiatrique. Personne n'a pu confirmer cela dans les hôpitaux. En revanche, une personne se présentant comme sa tante a revendiqué la séquestration. Sous la dictature, traiter ceux qui n'étaient pas d'accord de fous était fréquent », peut-on lire sur le site de soutien.
« Nous voulons simplement lui parler directement », explique l'essayiste féministe Caroline Fourest, qui a lancé un mouvement de soutien, mais ne compte pas sur les autorités tunisiennes pour retrouver la jeune femme. Selon elle, une vidéo montrerait que des policiers en civil auraient participé au rapt. Une information difficile à étayer. « Qui portera plainte pour Amina ? Personne. C'est pour cela que nous devons amplifier la mobilisation. »
Depuis quelques jours, des dizaines d'internautes ont publié des photos d'elles torse nu, en signe de solidarité.
Alexandre Sulzer 
 

samedi 23 mars 2013

"Si la première femme créée par Dieu était assez forte pour renverser le monde à elle toute seule, les femmes devraient être capables de le remettre à l'endroit" (Sojourner Truth)




« Si la première femme créée par Dieu était assez forte pour renverser le monde à elle toute seule, les femmes devraient être capables de le remettre à l'endroit. Et maintenant que les femmes le demandent, les hommes feraient mieux de les laisser faire. »

[Sojourner Truth]




Sojourner Truth (née v. 1797- 1883) était une abolitionniste noire américaine, née dans la ville d'Hurley (comté d'Ulster), dans l'État de New York. Son véritable nom était Isabella Baumfree, bien que certaines sources la nomment Isabella Van Wagener.

Née dans l'ancienne colonie hollandaise du comté d'Ulster, au sein d'une famille de 13 enfants, elle ne parlait que le néerlandais lorsqu'elle fut vendue à l'âge de 11 ans.
De par sa condition d'esclave, elle fut unie contre son gré à Thomas Jeffery Harvey, un esclave plus âgé. De cette union non souhaitée naquirent 5 enfants.
En 1827, elle s'enfuit de la ferme de John Dumont, son troisième maître, pour trouver refuge au Canada avec Sophie, la plus jeune de ses filles, alors enfant en bas âge, et cela un an avant l'abolition de l'esclavage dans l'État de New York (1828). Elle retourna dans cet État en 1829, pour y travailler une décennie en tant que servante au sein de multiples communautés religieuses. Elle joignit alors Elijah Pierson, le leader de ce groupuscule religieux dans des prêches évangéliques.
En 1841, elle s'installa à Northampton, dans le Massachusetts. En 1843, Isabella fut inspirée par une révélation spirituelle qui changea le cours de son existence. Isabella Baumfree changea son nom et devint Sojourner Truth. Elle rejoignit une petite communauté vivant selon des principes utopiques, l'association de Northampton pour l'éducation et l'industrie. Lorsque cette association fut dissoute en 1846, elle resta à Florence, dans le Massachusetts, où elle écrivit sa biographie avec l'aide d'Olive Gilbert, un de ses voisins. Ses mémoires furent publiées en 1850, sous le titre : "Narrative of Sojourner Truth : A northern slave" (que l'on pourrait traduire par "L'histoire de Sojourner Truth, une esclave du Nord").
Dès lors, elle devint une fervente défenseuse de la cause abolitionniste et du mouvement des droits des femmes. Le fameux discours de Thruth, "Ain't I a Woman?", prononcé en 1851 à Akron dans l'Ohio lors de la convention des droits de la femme, bien que court, résumait bien les revendications de la cause féministe.
En 1857, Truth se déplaça dans le Michigan, où elle continua à défendre sa cause. Durant la guerre civile américaine, elle organisa des collectes de vivres pour les combattants des régiments noirs combattant pour l'Union, et s'installa à Washington, D.C. après la promulgation de la proclamation d'émancipation, afin de travailler avec d'anciens esclaves. Elle rencontra le président Abraham Lincoln en 1864.
Après la guerre civile, Sojourner Truth s'attacha à faciliter la recherche d'emplois des réfugiés noirs. Elle fit aussi de nombreuses apparitions publiques où elle s'adressait en majorité à un public blanc. Dans ses discours, teintés de religion et de féminisme, elle défendait l'idée de la création d'un État noir dans l'ouest des États-Unis.
Elle retourna dans le Michigan en 1867 et décéda à son domicile de Battle Creek (Michigan), le 26 novembre 1883. Elle fut enterrée dans le cimetière de Oak Hill dans la localité de Battle Creek. En 1983, elle fut intégrée au tableau d'honneur des femmes les plus importantes du Michigan.
En 1997, le robot de la mission sonde spatiale de la NASA Mars Pathfinder fut baptisé "Sojourner", en la mémoire de l'abolitionniste Sojourner Truth.

Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame.

(je n'arrive pas en enlever certains liens de Wikipédia dont on se passerait (comme les lieux, les dates et les adjectifs) Je m'excuse donc de leur présence inutile et incongrue).

jeudi 21 mars 2013

Raconte-moi les Femen... (par Belles Plumes)

Raconte-moi les Femen...

femen.jpg- Mamie, c'est quoi les Femen?...
- Ma petite-fille, c'est une longue histoire qui a commencé dans les années 70 de l'autre siècle... ta grand-mère était encore une toute jeune femme... bien plus tard au début du XXIème siècle, un nouveau mode de féminisme est apparu marchant dans les pas de l'ancien...
Qu'avaient à dire, à montrer et à proposer les nouvelles féministes qu'étaient les membres actifs, jeunes, belles et nues, du mouvement des Femen ayant décrété qu'elles feraient de leurs seins leurs armes? Mouvement né en Ukraine de l'urgence à vivre libres, entières et en pleine possession de leur corps, d'un très petit groupe de jeunes femmes qui, contrairement au féminisme mûr en mesure d'être entendu et relativement compris par la société démocratique française de 1970, avaient à se battre contre les hommes mais aussi contre la dictature des hommes. Contre la religion et contre la confiscation, la marchandisation et la maltraitance de leur corps de femmes.
Être libre n'est pas avoir la possibilité d'user de son corps selon les critères usuels mis en place par une société de fantasme masculin. Vivre libre n'est pas non plus ruser, se servir de ce corps comme arme pour le retourner contre l'homme en lui donnant l'apparence qu'il désire ou que la société désire pour lui, en son nom. En vendant son corps par la contrainte ou en l'offrant, par amour, en le cédant pour une durée indéterminée sous forme de contrat quelqu'il soit, on en revient toujours au même trafic humain et au marché de dupes.
Les Femen ne faisaient pas dans la finesse, elles étaient courageuses, fougueuses et déterminées. Elles se battaient à mains nues, partout, dans de nombreux pays où l'asservissement de la moitié de l'humanité continuait de s'étendre, sous quelque régime que ce soit, d'une façon plus ou moins subtile, plus ou moins inadmissible, mais partout inacceptable. Par la lutte de la rue des hommes et des femmes des gouvernements avaient été renversés sous les dictatures les plus sanglantes et asservissantes, mais changer les mentalités et la société représentait un combat qui devait durer beaucoup plus de temps encore. Elles ne souriaient pas, se montraient agressives mais avec une touche de candeur et de fraîcheur renversantes, comme on peut en trouver dans tout mouvement révolutionnaire à sa naissance.
Les féministes françaises, les dures des dures des années 70, à présent de vieilles dames âgées, comme moi, les observaient avec intérêt et affection mesurée. Jusqu'où iraient-elles? Que produirait ce mouvement? Personne ne pouvait le prédire mais il existait, et renversait les codes usuels de la protestation féminine isolée et sage, installée en ce début de nouveau siècle dans la soumission ou la compétition avec les hommes, et dans toutes formes différentes de renoncements. Il appelait d'autres femmes, celles d'autres pays, de n'importe quel âge.  Elles venaient de Kiev, du Caire ou de Tunis, les unes les autres s'attendre à l'aéroport, portant parfois bébé dans les bras, tenant les plus grands à la main. Même les femmes plus âgées, qui ne pouvaient plus exhiber leur poitrail de la sorte souriaient à les voir et remportaient à travers elles une petite et ultime victoire souterraine. Le mouvement créait un appel d'air excessif, joyeux et violent par sa seule expressivité. Les sociologues, historiennes du féminisme à l'occidentale, fondatrices du MLF, en étaient attendries et baba.
La violence de leur action ne l'était pas dans les faits, nulle victime n'était à déplorer, mais avait lieu au cours d'une transgression de l'ordre établi qui ne faisait pas que sourire. Elles se battaient seins nus, ne les "exhibant" pas comme on pouvait rapidement le penser mais les expurgeant de toute sexualité et maternité. Cela choquait. Ils devenaient simples porteurs de slogans incompréhensibles  maladroitement conceptualisés mais esthétiquement dérangeants, et au-dessus de ces corps libres et fièvreusement agités trônaient d'adorables têtes blondes ou brunes presque passives et classiques, icônes douces de la féminité cerclées de couronnes de fleurs. Elles recevaient beaucoup plus de coups radicalement brutaux qu'elles ne pouvaient et n'avaient l'intention d'en donner. On les tirait à terre par les cheveux, les rouaient de coups de pieds, les empoignaient  sans ménagement maltraitant leur corps vulnérables mais rendus forts par la détermination de la révolte pour les violences passées, présentes et à venir faites aux femmes du monde entier. Grain de sable dans la mécanique à broyer, elles risquaient d'être violées quand elles manifestaient dans les régimes les plus durs qui avaient pour habitude de nier l'être femme et d'écraser toute révolte de cette façon. On les emprisonnait aussi et les expulsait. Elles continuaient.
Par quel phénomène étrange cet activisme au féminin pas angélique du tout, pas serein ni compréhensif, excessif dans sa réponse à l'excès de violences faites aux femmes, n'empruntait-il pas pour autant les chemins caricaturaux et parfois criminels de la dénonciation d'une domination, comme on pouvait le voir par exemple dans celle de la défense par des groupes ultra violents de la cause animale? La réponse à cette question ne se trouvait pas dans leurs objectifs (avaient-elles d'autres objectifs que celui de se manifester?) ni dans les moyens qu'elles se donnaient pour les atteindre mais dans la cause elle-même. Les femmes ébauchaient une libération, montraient de manière extravagante comment elles avaient l'intention de procéder à cette libération, par elles-mêmes et pour elles-mêmes. Elles ne défendaient pas une autre cause que la leur. Ne s'acharnaient pas à libérer un groupe, une espèce, une couche sociale. Elles ne se présentaient pas comme victimes soumises, ni comme soeur, mère ou épouse d'hommes martyrs. Elles sortaient de l'ombre et s'attachaient ensemble à devenir elles-mêmes et apprendre à dire non. Un non sauvage et non négociable. Elles usaient de leur corps comme arme et de leur cerveau pour élaborer une stratégie échevelée qui striait d'art brut les lieux les plus compassés, rigidifiés par l'état ou la religion. Elles n'étaient jamais en panne de créativité pour se faire voir et entendre.
Elles avaient mis sur le devant de la scène la cause internationale la plus universellement laissée en souffrance, celle du corps de la femme, bafoué, ignoré, vendu, loué, dominé, enfermé. Une femme sans un corps de femme qu'elle habite librement ne peut pas, ne sait pas dire non.  

Par bellesplumes.blogs.courrierinternational.com

mercredi 20 mars 2013

Gloria in excelsis Dea 2/2 (+ interview Liliane Kandel)

Revenons au texte de Crêpe Georgette dans lequel elle semble défendre les Femen au lieu de les défoncer à coups de Dr.Martens comme certaine.
 Néanmoins, attention. A bien y regarder, notre blogueuse n'est pas forcément plus honnête que sa consoeur journaliste Mona Chollet et sous l'apparente défense, l'accusation n'est pas loin. La première attaque est d'ailleurs la suivante :

"Elles sont islamophobes ; d’une islamophobie qu’on pourrait penser, si on ne creusait pas un peu, associée à leur profonde haine du catholicisme s’il n’y avait eu des déclarations claires désignant les musulmans et les arabe comme particulièrement machistes c’est à dire d’un machisme particulier à leur état, à ce qu’ils sont. La fondatrice de FEMEN ira jusqu’à dire « As a society we haven’t been able to eradicate our Arab mentality towards women » (la société ukrainienne a été incapable d’éradiquer notre mentalité arabe à l’égard des femmes) comme si « arabe » devenait un synonyme de machiste, comme si la société ukrainienne n’était pas machiste par nature mais avait été phagocytée – quand, ou, comment – par « le machisme arabe »". 

Alors d'abord la première phrase est extrêmement tarabiscotée et signifie : on pourrait croire qu'elles sont islamophobes comme catholicophobes (à part égale, si je comprends bien) - déjà là je suis obligée de dire qu'en premier lieu elles seraient plutôt orthodoxophes si on va par là, le catholicisme n'est pas leur religion mais la nôtre (sauf que pour Crêpe Georgette comme pour le/la Francais.e moyen.ne, christianisme = catholicisme) - seulement elles auraient dit des trucs qui disent clairement que pour elles "musulmans et arabes".... - alors qu'il n'est pas question du tout de musulmans ni de religion dans leurs propos mais bien d'arabes - devenait un synonyme de machisme - faux puisqu'elles assimilent "arabes" à moeurs observés dans les anciennes républiques arabo-turco-iranophones de l'ancienne URSS où les femmes ne se "réalisaient" qu'avec le mariage et donc il s'agirait plutôt de pointer le comportement soumis des femmes, non celui machiste des hommes. Il faut savoir qu''en URSS slavophone, en revanche, le mariage était une tradition réactionnaire.
La "mentalité arabe" devient, dans ce cas, un comportement réactionnaire des femmes vis-à-vis du mariage et nous voilà donc très loin des accusations crêpo-cholletiennes.

La fondatrice de FEMEN ira jusqu'à dire "As a society etc...  (j'aime le "ira jusqu'à dire" - petit effet dramatique) ...towars women". Je suis donc allée lire l'article dans lequel la phrase incriminée a été prélevée et voilà le propos dans son contexte :

"Traditionalist gender relations and discrimination against women have served as the key targets of Femen's ire. "As a society we haven't been able to eradicate our Arab mentality towards women," she told me, referring to the widespread belief in Ukraine that women should marry, raise children, and stay away from politics".

Pour Anna Hutsol "mentalité arabe" signifie que les femmes croient qu'elles doivent se marier, élever des enfants et rester éloignées de la politique.
Ce genre de mentalité dite par elle "arabe" est donc la nôtre et Anna Hutsol doit aujourd'hui découvrir avec stupéfaction que cette mentalité n'est pas arabe. Elle a cours dans tous les pays qui n'ont jamais appartenu au bloc de l'Est.
En effet, en dehors des républiques arabes de l'ex-URSS, la mentalité est la même à peu de chose près. Tandis que dans tout le bloc de l'Est exceptées les républiques non slavophones, comme je l'ai déjà dit maintes fois, les femmes étaient émancipées à un point dont nous ne pouvons que rêver.   

 Alors si c'est cela qu'Anna Hutsol entend par "mentalité arabe", je ne vois pas de quoi hurler aux louves. Chez nous "mentalité arabe" a bien d'autres significations dans la bouche du quart de la population (qui vote FN). Quand on entend "mentalité arabe" on est est obligé de penser à la fameuse sortie chiraquienne "le bruit et l'odeur", à la fameuse sortie horteufeuienne "quand il y en a un ca va., etc...", à la fameuse sortie de Le Pen ? Je ne vais pas faire l'inventaire des propos hostiles aux musulman.e.s que l'on entend depuis des décennies et qui sont devenus salon-compatibles sous Chirac et Sarkozy mais ce serait un peu plus honnête de ne pas surinterpréter et mal interpréter + sortir de son contexte une phrase prononcée loin de chez nous afin de l'associer induement aux propos inacceptables qui ont cours chez nous.
Alors, les FEMEN se trompent. Et se tromper n'est pas de l'islamophobie. L'hostilité aux musulmans, c'est une spécialité bien de chez nous et beaucoup plus masculine que féminine sans compter le fait qu'elle est véhiculée par le cinéma américain, entre autres, sans que cela ne gêne les Georgette/Chollet.

Ensuite nous avons la citation du texte de l'ECRI sur les musulmans d'Ukraine. (Je passe sur le "merci Emmanuel", un Emmanuel qui probablement ne lui a même pas fourni ce texte, elle l'aura cherché elle-même mais comme elle pense que le féminisme reconnu (soi-disant) par un homme peut avoir plus de poids dans l'esprit des...hommes, il faut un approbation de quelque mec quelque part dans ce texte) Il aurait été sympa d'indiquer dans quel paragraphe de ce pavé elle a trouvé sa citation parce qu'en ce qui me concerne, je n'ai déjà pas trouvé une seule fois le mot "musulman" parmi la pléthore de "Roms" et de "Tatars" (mais surtout "Roms") et j'ai surtout appris qu'il y avait un racisme très violent envers les Roms et les Tatars en Ukraine, que c'était le fait de skinheads encouragés par des discours de politiciens populistes.
Néanmoins Miss Crêpe a trouvé cette citation quelque part au fond du 5e couloir à droite. Très bien. Comme la citation en question ne nous apporte pas grand chose finalement, notre blogueuse avance alors sans se démonter que leur islamophobie - le doute est proscris - l'islamophobie avérée des FEMEN donc, et peu importe comment on comprend le mot "islamophobie" - serait instrumentalisée, enfin commencerait à l'être...il doit lui manquer des preuves, il ne faut donc pas trop l'affirmer directement non plus :

 Ce texte de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (merci à Emmanuel ) permet de mieux comprendre d’où vient cette islamophobie et pourquoi elle s’exprime ainsi :   »Dans la sphère religieuse, les musulmans d’Ukraine font savoir que la population dans son ensemble connaît ou comprend très mal le fait musulman et aurait tendance à assimiler les musulmans aux terroristes, en particulier lorsque des attaques terroristes survenues dans d’autres pays sont signalées. Les manuels scolaires présenteraient les musulmans sous un jour défavorable, ce qui perpétue les idées fausses et les préjugés. » Leur islamophobie s’explique, elle ne s’excuse pas, surtout lorsqu’elle commence à être instrumentalisée en France où tout est bon pour taper sur les minorités.   

Ensuite, il paraît qu'elles sont essentialistes, les bougresses. Il paraît que leur manifeste témoigne d'un éternel féminin. J'ai cherché l'éternel féminin dans le Manifeste, je ne l'ai pas trouvé, désolée. Au lieu de se donner la peine de nous désigner précisemment où elle situe la démonstration d'une croyance à l'éternel féminin dans le texte incriminé, quelle phrase, quelle déclaration lui ferait penser cela, Crêpe préfère nous parler des essentialistes canal historique - ces idiotes (je raille Crêpe) - de son pays, la France. Pour le reste, débrouillez-vous toutes seules.
Alors, donc, voilà, à part le "Dieu est femme", je n'ai trouvé aucune formule dans cette profession de foi donnant la preuve indubitable de cette croyance en un éternel féminin que nourriraient les FEMEN. J'en conclus que pour Miss Crêpe, Dieu = l'Éternel et Femme = Féminin, d'où l'éternel féminin.
Vu comme cela....

Elles sont essentialistes ; vous pouvez lire leur manifeste qui témoigne d’un éternel féminin. Sur ce point là j’aimerais qu’on revienne quelques dizaines d’années en arrière – encore que je peux trouver des exemples contemporains – et qu’on relise les monuments de sottise essentialistes produits par Fouque, Irigaray et consoeurs. Fouque auteure, rappelons le de l’inénarrable  »personnalité xénophile » des femmes car elles accueillent en leur utérus un étranger. Je ne saurais que rappeler que certains courants féministes courent après un matriarcat originel – merci Bachofen et Engels – où tout aurait été luxe et calme. Tout mouvement naissant passe une phase essentialiste et de remise en état de l’estime de soi. « Women is beautiful » « Black is beautiful » « Fat is beautiful » etc. Les premiers ouvrages véritablement féministes publiés en Ukraine datent de 1999. Certains, fondés sur l’approche de genre nous montrent d’ailleurs une particularité de la société ukrainienne qui pourrait expliquer ce culte féminin présent dans l’imagerie FEMEN : « Apparue grâce à la création des écrivains passionnés par la culture populaire, cette image soi-disant historique de la femme du matriarcat devint vite populaire, aussi bien dans le milieu des hommes politiques que parmi les ethnologues. »

Il y aurait eu un matriarcat en Ukraine et donc, les FEMEN pratiqueraient "le culte féminin"...dans leur imagerie ("look" serait trop smart comme terme. "Imagerie", ca fait plus peuple sous-développé et c'est bien comme cela que notre Crêpe nationale (nationaliste?) veut les présenter).
Que les Femen de France se tressent des couronnes de gui pour faire taire Miss Crêpe, merci.
Je trouve cette recherche pseudo-ethnologique effroyablement condescendante pour ne pas dire ukrainophobe.

Heureusement le reste de l'article consiste à dénoncer les propos misogynes d'un journaliste par ailleurs catho, coincé et xénophobe, un bijou de machisme incontrôlé en liberté comme la France en fabrique à la chaîne et qui ne demande rien de moins aux FEMEN que de retourner d'où elles viennent.
Là je trouve que miss Crêpe a fait de sérieux efforts même si quelques antiFEMENismes sont disposés discrètement par ci par là quand même.
Je ne vais pas décortiquer dans le détail tout son propos car je n'ai pas le temps et c'est dommage étant donné le nombre de raisonnements tarabiscotés à remettre à l'endroit + un manque de connaissances qui fait dire à la dame parfois des absurdités non piqués des hannetons. Exemple : n'étant pas très calée en religion, après avoir confondu catholicisme et orthodoxie (ainsi que christianisme), elle fait cette réflexion surprenante :  On accusera bientôt FEMEN d’être disciples de Calvin à ce compte là. D'abord, on ne peut plus tellement être disciple de Calvin vu qu'il est mort, on peut tout au plus être calviniste et donc protestant comme Lionel Jospin, entre autres, car le protestantisme de France c'est du calvinisme et de ce fait, on se demande où serait la gravité de l'accusation, à moins qu'elle se projetât au XVIe siècle où les disciples du Calvin vivant risquaient le bûcher. Dans ce cas, et si c'est pour faire de tels amalgames, il vaut mieux qu'elle arrête de lire mon blog + se mêler de religions en général, y compris musulmane.


Ah et puis on n'écrit pas "pêcheur" quand il s'agit de "péché" mais "pécheur" sauf si on va à la pêche aux disciples....de Calvin :)

Mais écoutons plutôt Liliane Kandel sur le sujet et des Femen et du féminisme, c'est revigorant. 



Dialogue entre Liliane Kandel et Pauline Delassus von droitsdesfemmes

Gloria in excelsis Dea 1/2

 Qui ne connaît pas la militante féministe Crêpe Georgette, doit être avertie qu'il s'agit d'une opposante farouche à l'abolition de la prostitution qui se bat férocement contre ce projet au besoin aux côtés du STRASS, ce qui fait malheureusement d'elle une ennemie jurée des abolitionnistes.
C'est bien dommage et même franchement très fâcheux, car elle est par ailleurs capable de réflexions non dénuées d'intérêt à propos de l'oppression machiste. On ne fait donc que s'étonner en permanence de ce grand écart entre la défense des femmes et celle des machos que pratiquent certaines d'entre nou(e)s, deux défenses incompatibles bien évidemment.

J'explique cela par le complexe de l'Übermutter (supermère), le typus féminin qui se voit comme une entité planant au-dessus et des machistes et des féministes.

Tout en adhérant au féminisme, nous autres femmes nous manquons totalement de recul sur notre propre structure psychologique machiste. Le complexe de l'Übermutter est, par exemple, un moyen d'échapper à l'identification avec les victimes. Personne n'aime être associée à une dominée, une victime. Mais les femmes n'ayant pas de modèle valorisant de femmes auxquelles s'identifier puisque les hommes écartent de la culture (leur culture) toutes les grandes femmes (à dessein) qui pourrait nous servir de repères, il est difficile de se structurer en dehors des schémas patriarcaux : bimbo, femme-enfant qui a besoin de protection, pasionaria, muse, femme-mère, femme fatale et tout ce fratras de représentations qui associent uniquement la femme à son vagin comme si elle n'était qu'un vagin sur pattes, contribuent à miner notre propre représentation de nous-mêmes. Nous sommes des vagins pubères ou des vagins impubères. Voilà à peu près la distinction que l'on fait de nous. Distinction pratiquée en premier par les proxénètes. Ce pourquoi, l'éradication de la prostitution est primordiale et le b.a. -ba de la lutte antipatriarcale.

Néanmoins, donc,  la militante féministe pro-prostitution en question (+ à l'instar de Mona Chollet grande pourfendeuse d'islamophobesses) a écrit un billet sur les Femen qui contient quelques éléments informatifs et de réflexions personnelles non dénuées d'un certain intérêt et y dénonce même les attaques anti-Femen + explique par l'histoire de l'Ukraine leur vision biaisée du monde musulman, discours bien surprenant de sa part, surtout quand on sait que les Femen sont radicalement abolitionnistes.
Mieux encore, elle déplore que des féministes approuvent les misogynes qui tiennent des propos anti-Femen.
Gloria in excelsis Dea !!!!  
Son grand écart habituel pour concilier machisme et féminisme lui aurait-il donné des crampes ? Va t-elle virer abolitionniste ? On peut toujours espérer et approuver ce début de solidarité féministe s'il est sincère.
  Stickers Ange à la trompette - duo


Lisons donc :


Je n’avais pas d’intérêt réel pour FEMEN. Jusqu’il y a peu, j’aurais souscrit à 200% au texte de Mona Chollet FEMEN partout féminisme nulle part. Mais cela c’était avant.
Avant de lire l’article rédigé par Ovidie et qui a été retwité par beaucoup de féministes ; à croire que ni les unes ni les autres n’ont relu ou lu les propos profondément misogynes qui parsèment cet article.
Avant de découvrir les milliers de messages appelant au meurtre ou au viol des FEMEN depuis la manifestation homophobe du 16 novembre.

FEMEN n’a a priori rien pour me plaire.
Elles sont islamophobes ; d’une islamophobie qu’on pourrait penser, si on ne creusait pas un peu, associée à leur profonde haine du catholicisme s’il n’y avait eu des déclarations claires désignant les musulmans et les arabe comme particulièrement machistes c’est à dire d’un machisme particulier à leur état, à ce qu’ils sont. La fondatrice de FEMEN ira jusqu’à dire « As a society we haven’t been able to eradicate our Arab mentality towards women » (la société ukrainienne a été incapable d’éradiquer notre mentalité arabe à l’égard des femmes) comme si « arabe » devenait un synonyme de machiste, comme si la société ukrainienne n’était pas machiste par nature mais avait été phagocytée – quand, ou, comment – par « le machisme arabe ». Ce texte de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (merci à Emmanuel ) permet de mieux comprendre d’où vient cette islamophobie et pourquoi elle s’exprime ainsi :   »Dans la sphère religieuse, les musulmans d’Ukraine font savoir que la population dans son ensemble connaît ou comprend très mal le fait musulman et aurait tendance à assimiler les musulmans aux terroristes, en particulier lorsque des attaques terroristes survenues dans d’autres pays sont signalées. Les manuels scolaires présenteraient les musulmans sous un jour défavorable, ce qui perpétue les idées fausses et les préjugés. » Leur islamophobie s’explique, elle ne s’excuse pas, surtout lorsqu’elle commence à être instrumentalisée en France où tout est bon pour taper sur les minorités.
Elles sont essentialistes ; vous pouvez lire leur manifeste qui témoigne d’un éternel féminin. Sur ce point là j’aimerais qu’on revienne quelques dizaines d’années en arrière – encore que je peux trouver des exemples contemporains – et qu’on relise les monuments de sottise essentialistes produits par Fouque, Irigaray et consoeurs. Fouque auteure, rappelons le de l’inénarrable  »personnalité xénophile » des femmes car elles accueillent en leur utérus un étranger. Je ne saurais que rappeler que certains courants féministes courent après un matriarcat originel – merci Bachofen et Engels – où tout aurait été luxe et calme. Tout mouvement naissant passe une phase essentialiste et de remise en état de l’estime de soi. « Women is beautiful » « Black is beautiful » « Fat is beautiful » etc. Les premiers ouvrages véritablement féministes publiés en Ukraine datent de 1999. Certains, fondés sur l’approche de genre nous montrent d’ailleurs une particularité de la société ukrainienne qui pourrait expliquer ce culte féminin présent dans l’imagerie FEMEN : « Apparue grâce à la création des écrivains passionnés par la culture populaire, cette image soi-disant historique de la femme du matriarcat devint vite populaire, aussi bien dans le milieu des hommes politiques que parmi les ethnologues. »
Mona Chollet écrit que » Le cliché des féministes hystériques et « coupeuses de couilles », couplé à l’esthétique publicitaire : une bonne synthèse du produit Femen. » On peut parfaitement jouer, me semble-t-il, avec les clichés et c’est ce qu’ont fait d’autres militants en leur temps. Sans jamais prétendre les comparer à Ensler, je rappellerais qu’Ensler elle même disait ne pas arriver à se débarrasser de tous les conditionnements sexistes liés à l’image des femmes. Pourquoi demander davantage à des femmes dont le féminisme est, selon leurs propres termes, naissant ?
Visiblement ce qui les guide est la rage, la colère et on est nombreuses à être passées par de telles phases. Beaucoup d’entre nous deviennent féministes à force d’agressions sexistes  au moment où plus rien n’est supportable.
L’accusation d’hystérie revient dans le texte d’Ovidie qui en profite pour les appeler « mesdemoiselles » et parle de « Demandez à des garçons de vous raconter à quoi ressemble une baston de collégiennes, ils vous décriront quelque chose d’assez proche des actions Femen. Ca braille, ça se débat, ça perd contrôle.baston de collégiennes »  car il est bien connu que des garçons qui se battent gardent, eux, le contrôle et ne braillent pas.
Gardez moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge.
Catholicisme et féminisme
Ovidie déclare alors et on arrive à l’accusation massue qui a fait passer les réactionnaires qui soutenaient FEMEN  à des gens bavant leur haine « cette jeune femme a déclaré la guerre aux chrétiens, sans même réellement en avoir conscience. »  Il fallait auparavant être une bonne armée et s’emparer de Jérusalem pour être considérés comme ennemis de la chrétienté, il suffit à présent de tronçonner une croix.  On accusera bientôt FEMEN d’être disciples de Calvin à ce compte là.
Rappelons qu’on parle d’Inna Schevchenko qui a du quitter précipitamment son pays après cette histoire , qui appartient à un mouvement comportant à tout casser 50 femmes. Cela serait elle qui mettrait en péril la chrétienté ? Dans une guerre, il faut, je crois, et des armées et des morts. Pour le moment les blessées se comptent surtout du côté de FEMEN, très peu du côté des croisés.
Le plus beau est à venir en lisant « Dire que « La religion c’est l’esclavage » relève du niveau zéro de la réflexion philosophique. Ce n’est pas la religion qui est un problème, c’est son détournement à des fins politiques.  »
La religion est de la politique. La religion organise une société et c’est la définition même de la politique. Quant à dire que la religion n’est pas un problème, qu’on me permette de conseiller la lecture des textes des trois grandes religions monothéistes et qu’on en discute.
Lorsque je vois l’impact négatif – y compris chez les athées – d’un happening à Notre Dame, je ne cesse d’être surprise. Cela fait 5 mois que le lobbying catholique nous emmerde avec leur manifestations homophobes à propos du mariage homosexuel (on oubliera par charité athée, les déclarations lors du PACS), 30 ans qu’on les voit brandir leurs foetus en plastique et autres saloperies. Il faut encore supporter des explications emberlificotées sur la raison pour laquelle les femmes n’ont pas le droit d’être enfants de chœur ou prêtres et supporter leur hypocrisie monstrueuse sur l’homosexualité « on condamne le péché mais pas le pêcheur » (et pêcheur, patate, cela n’est pas un jugement ?). Je passe sur les déclarations du pape, qui entre capotes et avortement, semble avoir pour but d’enfoncer un peu plus chaque jour les droits des femmes.
Donc OUI les catholicisme est un problème. OUI le catholicisme est sexiste et homophobe et le dire est la moindre des choses. Si les croyants catholiques se sentent offensés qu’il se demandent si les femmes et les homosexuel-les n’ont pas quelques raisons eux aussi de l’être. Les églises ne sont pas des lieux sacrés et venir dire que le pape est homophobe et sexiste en son sein n’a rien, me semble-t-il d’un scoop. Benoit 16 a ainsi écrit : « Le problème qui se pose consiste donc à harmoniser la législation et l’organisation du travail avec les exigences de la mission de la femme au sein de la famille. » (…)De cette manière, les femmes qui le désirent librement pourront consacrer la totalité de leur temps au soin du ménage, sans être socialement dévalorisées, ni économiquement pénalisées; tandis que celles qui désirent avoir aussi d’autres activités pourront le faire avec des horaires adaptés, sans être mises devant le choix de sacrifier leur vie de famille ou d’être soumises quotidiennement au stress, ce qui ne favorise ni l’équilibre personnel, ni l’harmonie familiale.«  François a qualifié le mariage homosexuel de « dessein du Démon«  et est contre l’avortement y compris en cas de viol.
Nudité et féminisme
Quant à ce qui concerne la nudité de FEMEN, j’ai longtemps cru que se mettre nue n’avait aucun intérêt en France. Quand la nudité féminine est partout, qu’elle se vend pour trois pots de yaourts, aux devantures des kiosquiers et à destination des femmes qui veulent plaire aux hommes, alors la nudité militante n’avait pas son intérêt pensais-je.
Je la comprenais d’autant moins que dans un premier temps, tous les réactionnaires étaient fanatiques des FEMEN, les yeux dardés sur leurs seins. Pensez donc de jolies filles qui se mettent à poil et gueulent contre DSK et la charia, cela ne pouvait que plaire.
J’avais oublié quelles pouvaient subir ce que Pheterson appelle le stigmate de la pute : « La menace du stigmate de putain agit comme un fouet qui maintient l’humanité femelle dans un étai de pure subordination. Tant que durera la brûlure de ce fouet, la libération des femmes sera en échec. »
A partir de la manifestation du 18 novembre, qui a marqué, du moins sur Internet, une profonde évolution du ressenti des réactionnaires face à FEMEN, elles sont devenues des putes, des salopes, des traînées. Les féministes sont habituées à recevoir toutes sortes de menaces de viol, de coups de bite pour leur apprendre à penser droit ; mais cela c’est parce qu’elles sont mal baisées. FEMEN se prenait en pleine tête le whore stigma. C’est pour cela qu’il est aussi grave qu’Ovidie ait mis en avant les rumeurs autour d’elles parce qu’il n’y a pas à révéler qu’une femme est prostituée, ni actrice X, y compris si on n’est pas d’accord avec ses positions sur l’industrie du sexe.
Gail Pheterson dit à propos de la prostitution « il faut souligner que le passage d’une appropriation, par les hommes, des femmes comme objets, à des transactions explicites entre deux sujets, où les hommes payent et les femmes effectuent un service, représente certes une rupture radicale par rapport à l’habituelle mystification du mariage, mais que nous sommes encore loin d’une réciprocité humaine symétrique entre deux sujets qui auraient une égale liberté et une égale autonomie »
En clair elle pense que ce qui gêne dans la prostitution des femmes, n’est pas tant qu’elles vendent du sexe – elles l’ont toujours fait – mais qu’elles deviennent sujets de cette transaction.
J’ai le sentiment ici qu’on assiste a quelque chose d’assez semblable. Se mettre nue dans une société sexiste n’aurait rien de très révolutionnaire si on excluait que
- l’on va souffrir davantage du stigmate de la pute
- se mettre nue doit avoir un sens : le faire au bénéfice des hommes.
La nudité de FEMEN, froide, agressive, dans des lieux qui ne se prêtent pas à cela incarne, selon moi cela et d’ailleurs les réactions le montrent. Si au départ ces femmes seins nus plaisaient, elles finissent par exaspérer et par provoquer des réactions disproportionnées. Il est écrit dans ce monument de sexisme « couronnes de fleurs et seins nus, à force de jouer avec les poncifs de l’éternel féminin, avec les mythologies croisées de la vierge slave de village et de la gogo girl [les Femen] servent-elles vraiment la cause des femmes ou plutôt celle de la société du spectacle ?« . Les poncifs de l’éternel féminin n’ont jamais gêné qui que ce soit à part les féministes, et curieusement cela devient un argument des réactionnaires ? En clair, selon les sexistes, une féministe doit désormais obéir à des règles schizophréniques ; elle ne doit être ni une mal baisée comme elle l’est habituellement, ni une pute comme le serait FEMEN.
Des critiques touchant le féminisme tout entier
Au départ, FEMEN avait le soutien goguenard et paternalistes des réactionnaires. Aujourd’hui elles ont leur haine totale, (Civitas parle tout de même d’elles comme d’une « milice antichretienne« ), elles ont été battues (en France, en Italie), emprisonnées à Bruxelles alors qu’elles manifestaient contre Poutine, voient des pages facebook souhaitant leur viol. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu une telle haine à l’égard d’un groupe féministe, avec des gens (aka le ministère des droits des femmes) les accuser d’exagérer (Delphy m’entends tu ?), d’être bêtes, de ne pas avoir lu tout Beauvoir dans le texte, d’être manipulées par les hommes, d’être des prostituées et des actrices X.
Mais que de haine pour un groupe censé être insignifiant ? Je pense clairement que les mouvements féministes devraient se demander ce qui gêne tant les réactionnaires chez FEMEN. Critiquer certaines de leurs positions est évidemment nécessaire mais ces critiques me sembles dangereuses dans la mesure où les réactionnaires en profitent, evidemment, pour adopter un féminisme neo colonialiste et taper sur le féminisme tout entier.
Ainsi dans l’article de Marianne on peut lire :  »Bruno Roger-Petit l’explique dans ce texte. Pour lui, les Femen n’ont « rien à faire en France ». On est tenté d’approuver et de ne pas insister davantage puisque tout le monde en convient : la situation des femmes n’est pas la même à Paris, à Kiev, au Caire ou à Kaboul.  »
Un journal de gauche décide donc qui doit rester ou non en France et la valeur féministes des civilisations. Balayés DSK, le pape est ramené « à un vieil homme », tout va bien.
L’article va evidemment plus loin – vous en doutiez ? – taper sur FEMEN permet de taper sur l’ensemble des mouvements féministes (qualifiés de « nunuches ») et de discréditer le féminisme dans son entier.
Bruno Roger-Petit l’affirme avec la candeur d’un tartuffe qui s’ignore : « Sommes-nous à ce point si en retard démocratiquement qu’il faille avoir recours à des méthodes d’expression politique outrancière destinées à provoquer, à l’origine, des régimes autoritaires ? »
On aurait bien envie de lui balancer les chiffres habituels sur le viol, l’inégalité salariale et les violences conjugales  mais on aura compris que, pour lui, tout ceci n’est au final pas grand chose face aux REGIMES AUTORITAIRES.
Je prétends donc que la critique féministe  systématique de FEMEN ne fera qu’encourager les sexistes en tout genre, qui trop contents de trouver des dissensions au sein des mouvements féministes, en profiteront pour déconsidérer le féminisme tout entier. Je ne peux imputer cela à FEMEN qui, je le rappelle, sont et restent des femmes immigrées en France c’est à dire des citoyens de sous catégorie. Lire par exemple que « Les Femen, c’est comme le PS : ce n’est pas parce que tu te revendiques d’une politique que tu n’es pas en train de la trahir à la hache! » c’est oublier un peu vite que le PS est un parti d’hommes blancs hétérosexuels avec une puissance financière et politique (il me semble qu’ils sont au pouvoir en France mais je peux me  tromper) que n’a pas et n’aura jamais FEMEN.


(Attention une analyse partielle de ce texte suit).