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mercredi 29 février 2012

Ce n’est plus aux politiques de définir le privé

Dans un livre qui paraît jeudi, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, revient sur le «scandale» suscité en France quand il avait pour la première fois évoqué sur son blog le comportement de DSK à l’égard des femmes. Extraits.

L’article de 2007

«Ma chance est de m’être trouvé loin de Paris» p. 16

«C’est dans le cadre de mes activités européennes que j’ai rencontré DSK, puisqu’en tant que ministre des Finances (1997-1999) il a activement préparé le passage à la monnaie unique. C’est alors que j’ai pu constater que son rapport aux femmes était pour le moins particulier, constat que m’ont confirmé tous mes confrères. Il m’a donc paru normal d’en parler dans un portrait que j’ai écrit lorsqu’il a été pressenti pour occuper le poste de directeur général du FMI en juillet 2007. Cet article n’est pas paru dans Libération, mais sur mon blog, les "Coulisses de Bruxelles", hébergé par le site du journal dont je suis salarié depuis 1986 : il me paraissait acquis que jamais le papier n’accepterait que j’aborde cet aspect de sa personnalité, "respect de la vie privée" oblige. Instinctivement, j’ai senti que je risquais, pour la première fois de ma carrière de journaliste, d’être censuré. La presse européenne et internationale s’est immédiatement intéressée à cet article et l’a abondamment cité, alors que les médias français me boudaient, au mieux, me critiquaient vertement, au pire.
«Ce n’est qu’après le 14 mai 2011 que ces derniers ont "découvert" mon article de 2007 : au fond, n’était-il pas la preuve que le comportement de DSK n’était pas un mystère et que tous les journalistes français n’étaient pas des adeptes de la loi du silence comme l’affirmaient les journaux étrangers ? […]
Nous vivons dans un système et ma chance est simplement de m’être trouvé loin de Paris et de ses cercles d’intimité (et de pressions) où le pouvoir côtoie quotidiennement les médias.»

La réaction de «Libération»

«Jamais Laurent Joffrin ne m’a appelé pour m’en parler» p. 32

«Au sein de mon propre journal, mon article a semé la consternation. J’apprendrai qu’il a suscité un vif débat : correspondant auprès de l’Union européenne, je suis rarement présent au sein de la rédaction. Un chef de service me dira même très honnêtement au téléphone que si j’avais proposé cet article au journal papier, jamais mes phrases sur l’agressivité sexuelle de DSK ne seraient passées. Cela étant, mon patron de l’époque, Laurent Joffrin, depuis retourné au Nouvel Observateur (il a fait deux allers-retours entre Libération et l’hebdomadaire), ne m’a jamais appelé pour m’en parler ou me demander sur quels faits je m’appuyais, pas plus qu’il n’a exigé, ce qu’il aurait pu faire, que je le retire de mon blog. Mieux : le site de Libé le mettra en une…»

La loi du silence

«Rien n’interdit d’enquêter, de rendre compte» p. 93

«Cette saga hors du commun aura fait au moins deux victimes collatérales : la première est l’omerta journalistique sur la vie privée des politiques qui est devenue intenable, l’affaire de New York ne se comprenant qu’à la lumière du comportement de DSK à l’égard des femmes. Sa "vie privée" frôle tellement les limites - voire les franchit - qu’elle l’expose à des scandales publics, voire à des chantages de toute sorte. Un tel homme peut-il prétendre exercer un mandat public ? La question mérite à tout le moins d’être posée et les faits connus des citoyens, surtout lorsqu’on prétend aux plus hautes fonctions. Plus que jamais, la règle du journalisme doit être de dire, l’exception de ne pas dire. Certains voudraient que l’on en revienne à la loi du silence en invoquant des dérapages médiatiques qui restent à démontrer pour ce qui est de la presse française. A lire certains commentaires, il aurait même fallu que la presse ne parle pas de l’arrestation de Strauss-Kahn afin de respecter la "présomption d’innocence". Une pudeur qui ne se manifeste guère sur la vie privée vole en éclats lorsqu’il ne s’agit pas de puissants… Surtout, cela montre une incompréhension de ce qu’est la présomption d’innocence : non pas un impératif philosophique, mais une règle de procédure judiciaire qui fait peser la charge de la preuve sur l’accusation. Rien n’interdit d’enquêter, de rendre compte, de donner son opinion. Bref, la presse a fait son travail en rendant compte de cette saga et elle aurait dû davantage le faire dans le passé en ne taisant pas la personnalité de DSK. La "vie privée" des politiques est écornée ? Certes, mais personne n’est obligé de faire de la politique. […]

«La seconde victime est le Parti socialiste qui s’est largement déshonoré en apportant un soutien immédiat et sans nuances à DSK au lendemain du 14 mai ("Il n’y a pas mort d’homme", comme l’a dit Jack Lang) et en réclamant son retour sur la scène politique dès le 1er juillet, à peine la "mort civique" de sa victime présumée connue. Certes, tous ne sont pas sur cette longueur d’onde, mais on n’entend guère les voix discordantes. L’image restera : un PS uni derrière un mâle blanc, riche, puissant, contre une immigrée noire, pauvre, aux fréquentations douteuses. […]

«L’onde de choc de cette affaire risque de se faire sentir longtemps : car DSK aura montré, par son comportement à l’égard des femmes, qu’il ne peut tout simplement pas prétendre représenter certaines valeurs de gauche, en particulier l’égalité homme-femme. Or, cela n’a pas empêché certains responsables socialistes de le soutenir et de continuer à le soutenir.»

La transparence en politique

«La question se pose uniquement pour le sexe et la santé» p. 182

«Ce n’est plus aux politiques, et généralement aux puissants, de déterminer ce qui relève du privé, ce qui leur a donné un pouvoir exorbitant et sans contrôle, mais bien aux médias, sous contrôle des juges européens, qui en la matière ont une vision très protectrice de la liberté de la presse.
«A partir du moment où l’on sollicite un mandat public, il doit être clair qu’on accepte un degré de transparence qui est, évidemment, plus ou moins élevé selon les fonctions auxquelles on prétend. La santé d’un conseiller municipal d’un village n’a pas la même importance que celle du président de la République. Toutes les fonctions, comme toutes les informations, ne se valent pas. Hormis les cas évidents de crime ou de délit révélés à la suite d’une plainte devant la justice où l’article s’impose de lui-même, les journalistes doivent enquêter lorsqu’il y a interaction entre sphère privée et vie publique. La sphère privée, pour un politique, ne peut, en tout cas, inclure les questions financières : comme ordonnateur de la dépense publique, sa probité personnelle doit impérativement être scrutée. La question de la transparence se pose, en réalité, uniquement pour le sexe et la santé. […]

«Si un politique tenait des propos racistes, personne n’hésiterait un instant à les rapporter. Pourquoi une telle pudeur dès qu’il s’agit d’un comportement sexiste ?»


Sur Libération.fr

mardi 28 février 2012

Affaire DSK : le journaliste Jean Quatremer s’explique dans un livre


28/02/2012

Dans un livre à paraître jeudi 1er mars, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, revient sur le "scandale" suscité en France en 2007, suite à ses propos sur le comportement de DSK à l’égard des femmes.


Neuf mois après l’affaire du Sofitel de New-York qui a bouleversé la carrière politique de l’ancien directeur du FMI, Jean Quatremer publie Sexe, mensonges et médias à paraître le 1er mars aux éditions Plon et dont Libération publie les premiers extraits.


"Ma chance est de m’être trouvé loin de Paris"


Dans cet essai consacré au journalisme tel que l’a révélé l’affaire DSK, le correspondant permanent de Libération à Bruxelles revient notamment sur le scandale suscité en France en 2007, suite à ses déclarations : "Ce n’est qu’après le 14 mai 2011 que les médias français ont "découvert" mon article de 2007, écrit-il dans son livre. Au fond, n’était-il pas la preuve que le comportement de DSK n’était pas un mystère et que tous les journalistes français n’étaient pas des adeptes de la loi du silence comme l’affirmaient les journaux étrangers ? (…) Nous vivons dans un système et ma chance est simplement de m’être trouvé loin de Paris et de ses cercles d’intimité (et de pressions) où le pouvoir côtoie quotidiennement les médias."


Accusé, Joffrin exerce son droit de réponse


Dans son ouvrage, Jean Quatremer accuse également son directeur de l’époque, Laurent Joffrin de l’avoir empêché d’enquêter sur l’affaire Piroska Nagy. Des allégations auxquelles l’actuel directeur de la publication du Nouvel Observateur a tenu à répondre dans les colonnes de son ancien quotidien.


Jean Quatremer avait-il "franchi la ligne jaune" ?


Le 9 juillet 2007, le journaliste Jean Quatremer postait sur son blog, un billet révélant le comportement de DSK avec les femmes : "Le seul vrai problème de Strauss-Kahn, écrivait alors le journaliste, est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes, soulignait Jean Quatremer. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique." Cette analyse, qui s’est finalement révélée pertinente a posteriori, avait à l’époque, suscité une importante levée de bouclier dans la presse française, qui accusait Jean Quatremer d’avoir "franchi la ligne jaune".


Attendu en librairie le 1er mars, Sexe, mensonges et médias devrait, à n’en pas douter, susciter de nombreuses réactions.



O.S

Sur myboox.fr

lundi 27 février 2012

Des étudiantes britanniques refusent la venue de Strauss-Kahn


Créé le 24-02-2012 à 23h46

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LONDRES (Reuters) - Des étudiants de la prestigieuse Université de Cambridge, en Angleterre, font circuler une pétition pour demander l'annulation d'une conférence de Dominique Strauss-Kahn en invoquant les soupçons de viol qui pèsent sur l'ancien patron du FMI.

Une association d'étudiantes de l'université a envoyé une lettre ouverte à la "Cambridge Union Society", une autre association qui a invité DSK à donner une conférence le 9 mars. Elle demande dans cette lettre que l'invitation soit annulée en raison de la procédure civile intentée contre l'ancien patron du FMI à New York.

"Choisir d'offrir à cet homme l'opportunité de s'exprimer minimise l'expérience de toutes les femmes qui se présentent courageusement pour témoigner de viols et d'agressions sexuelles, et renforce le sexisme auquel sont confrontées les femmes dans ces situations", a déclaré Ruth Graham, porte-parole de l'"Union Women's Campaign", qui a lancé cette pétition.

La pétition avait recueilli 370 signatures vendredi. Un porte-parole de la Cambridge Union Society n'a pu être joint pour commenter l'événement.

Adrian Croft et Catherine Bremer, Hélène Duvigneau pour le service français


Sur challenges.fr


Autre article plus exhaustif par kali sur Agoravox

dimanche 26 février 2012

La psychanalyse ou le négationnisme du viol

A propos du viol, je copie/colle cet excellent article du blog Je Putréfie le Patriarcat sur la psychanalyse et comment on soigne les traumatismes de ceux et surtout celles qui en sont victimes en France (et ailleurs) avec quels buts à la clé :

Critique de la psychanalyse partie 1: L'hystérie, un mythe patriarcal


L'hystérie est un mythe patriarcal inventé de toutes pièces par les hommes.


Historiquement, cette théorie a toujours été un outil institutionnalisé de contrôle des femmes et surtout un moyen ad-hoc de couvrir les viols des hommes, d'effacer les preuves et traces durables de leurs violences sur les victimes (PTSD - syndromes de stress-post-traumatique), verrouiller le secret et inverser la responsabilité.

Il y a plusieurs théories de l'hystérie, mais en gros, ça se résume à ça: les hommes voient les femmes avoir des crises qu'ils pensent "inexplicables", ils le nomment "hystérie", et l'attribuent à un manque de coït ou à des désirs sexuels refoulés (pour le soigner il faut donc plus de coït!!). Apparemment, Hippocrate, un homme grec qui vivait il y a envirion 2500 ans, était le premier à dénicher cette théorie. Il disait qu'un manque de coït faisait que l'utérus se baladait dans le corps des femmes, qui causait les convulsions, suffocations et autres troubles. D'où le mot "hystérie", parce que ça vient du grec hustera, qui veut dire la matrice (donc l'utérus). Et il se disait médecin! Lol.

Une version plus tardive est celle du moyen-âge, dont s'est servie l'Eglise dans sa quête de purification de la société des femmes indépendantes, miresses, guérisseuses et non mariées / non-possédées par les hommes: la "chasse aux sorcières", véritable génocide organisé par l'église chrétienne durant 4 siècles (pour + d'infos, voir l'excellent documentaire "the burning times", le livre de B. Ehrenreich et D. English, "Witches, Midwives, and Nurses A History of Women Healers" et le chapitre sur les "witchcraze" dans Gyn/Ecology de Mary Daly). Les ecclésiastes mâles expliquaient l'hystérie par le fait que les femmes étaient possédées par le diable ou auraient établi un pacte de nature sexuelle avec lui, genre pour copuler ou avoir des orgies sexuelles le jour du Sabbat. Mais en fait ils utilisaient aussi ce prétexte pour chaque jugement, peu importe si elle était réellement "hystérique" ou non. Cette idéologie a fondé la propagande génocidaire qui servit de leitmotiv pour toutes les exécutions - accusations systématiquement lancées contre les femmes "jugées", torturées puis brûlées, dont le mode d'emploi était écrit mot pour mot dans le "mein kampf" de l'époque, le malleus maleficarum de Kramer et Sprenger.

(Par ailleurs, le fait dans la pornographique de torturer et punir les femmes pour leurs "crimes sexuels" ainsi que la notion moderne de "salope" est un résidu culturel de cette "chasse aux sorcières": voir par ex. le livre "a passion for friends" de Janice Raymond)

Ensuite vint Freud au 19e siècle avec une version remodelée de l'hystérie, sur laquelle il base par ailleurs l'ensemble de sa théorie psychanalytique. Il laisse tomber le côté fantaisiste sur l'utérus qui se balade dans le corps ou de la possession par le diable, mais garde l'idée de manque de coït et de frustration sexuelle en y ajoutant sa propre sauce: pour lui, les troubles "hystériques" viendraient de fantasmes infantiles et de désirs sexuels refoulés dans l'enfance pour le pénis/père (le complexe d'Œdipe!!). Enfouis dans l'inconscient, ils "resurgiraient" à l'âge adulte à travers les troubles "hystériques". Devinez ce qu'il préconise pour les soigner... Plus de coït! Et pour couronner le tout, il invente dans la foulée la théorie des "pulsions sexuelles"* selon laquelle les hommes ne pourraient pas s'empêcher de violer euh, baiser.. La boucle est bouclée. Maintenant je me focalise que sur Freud car c'est sa psychanalyse que je m'attache à épingler.

*Lien coupé: h88p:**//reflexions-psycho.over-blog.com/article-le-concept-de-pulsion-60086723.html

De quels symptômes parlaient-ils au juste? Aaah oui, une rapide inspection des textes de Freud suffit pour constater qu'absolument TOUS les symptômes observés sur ses patientes correspondent point par point à des symptômes de PTSD (Symptômes de stress post-traumatique), et que toutes étaient des victimes de viol et d'inceste par leur père, oncle, frère, cousin, ou autres mecs de la famille. Il est simplissime de déduire que ces symptômes (reviviscences, dissociation, mémoire traumatique ou amnésie, troubles somatiques, troubles du comportement, conduites d'évitement et conduites à risque, etc) étaient tous des conséquences psychotraumatiques directes des viols et violences sexuelles. Pour plus d'info sur le PTSD voir l'excellent site de Muriel Salmona, Mémoire Traumatique et Victimologie.


(Idem pour le moyen-âge: les cas documentés s'avèrent être celles de femmes qui fuyaient la persécution et des tortures et se réfugiaient dans les couvents. Mais les ecclésiastes patriarcaux les ont assiégés ensuite, et au moment où les femmes étaient capturées, elles présentaient des symptômes "d'hystérie" qui vraisemblablement étaient des symptômes de PTSD. Après cela, ils les brûlaient. Un cas connu est celui de Loudun.)

Mais revenons à Freud: en fait, il savait parfaitement qu'il s'agissait de traumatismes.
Dans un premier temps, Freud défend l'hypothèse que les symptômes hystériques sont la conséquence d'un traumatisme oublié. Souvent, il s'agit d'un traumatisme de l'enfance avec un caractère sexuel. Freud utilisera l'hypnose pour permettre au malade une reviviscence de la scène traumatique afin d'y retrouver les émotions et les affects liés à ce souvenir oublié. Cette méthode, dite méthode cathartique, permettait d'obtenir la guérison du patient.
C'est l'abandon de la méthode cathartique qui inaugure le début de la psychanalyse. Une des raisons de l'abandon de cette méthode est la constatation faite par Freud, que la plupart des scènes infantiles retrouvées sont des scènes de séduction sexuelle par un adulte, le plus souvent par le père, et son observation critique l'amènera à la conclusion que ces scènes sont des fantasmes produits pas les patients eux-même. (Source ici)
Vous voyez? Il il avait compris que c'était des traumatismes, il avait même compris comment les soigner, mais il s'est ravisé après. Sans doute en voyant l'épidémie de femmes victimes de viol déferler dans son cabinet, il a dû flipper et a finalement trouvé que c'était plus profitable de se ranger du côté des dominants et des violeurs que de défendre les victimes. Apparemment, ce serait l'institut de Vienne qui l'aurait exigé, m'enfin il y a quand-même vu un intérêt carriériste (et probablement masculiniste). Qu'a-t-il donc fait de ces découvertes sur les conséquences psychotraumatiques du viol sur les victimes? Il l'a retourné contre les femmes victimes et s'en est servi comme arme pour mettre en place un parfait bouclier des agresseurs. Et il a appelé cette méthode "psychanalyse".

Devant les preuves accablantes de violences sexuelles et de viols infligés par les hommes sur les femmes et filles, pour protéger les violeurs il a fait croire que ces symptômes n'étaient qu'une preuve de fantasme infantile (facile, si c'est la petite enfance, on s'en souvient pas! Impossible pour la victime de réfuter) et donc d'inexistence de violence. Avec sa théorie de l'hystérie, il supprime donc la possibilité de reconnaître les traces de PTSD sur les femmes comme étant une preuve irréfutable de violences subies, et tout viol sur une femme devient impossible à prouver. Les traces de violences sont effacées, la culpabilité est inversée, le silence de la victime est garantie et l'impunité du violeur est assurée!

Pour résumer l'hystérie, on se retrouve donc avec des hommes qui, face à des femmes se plaignant des conséquences sur leur santé des violences sexuelles des hommes envers elles, ils leur répondent que les symptômes de viol ne sont pas réelles, c'est tout dans ta tête, c'est juste un fantasme quand t'étais petite et au fond c'est ce que tu voulais, t'en as juste besoin davantage, et d'ailleurs c'est dans ta nature féminine d'aimer ça et de le désirer toute ta vie, et en fait c'est aussi la nature des hommes d'avoir des pulsions sexuelles incontrôlables (lire: ils ne peuvent pas s'empêcher de foutre leur bite dans ton vagin). Ha! Tout ça c'est de la vraie science, parce que les hommes le disent, donc il faut les croire. Et bien-sûr, le viol/coït n'est pas du tout de la violence mais du sexe, t'es juste trop frigide et tu ne sais pas prendre ton pied, arrête de geindre. T'es vraiment hystérique!

Kate Millett dans son bouquin "La politique du mâle" (Sexual Politics) parle du fait que la théorie psychanalytique de Freud sur l'hystérie était venue à un moment où la révolte des femmes prenait de l'ampleur (c'est le début de la première vague féministe qui a commencé dans les années 1840/50 et a duré presque un siècle) où les femmes commençaient à s'organiser pour dénoncer les violences des hommes, en particulier les violences sexuelles. Les hommes de l'élite cherchaient donc des moyens de contenir et réprimer cette révolte, il fallait à tout prix trouver une façon de les empêcher de prendre conscience et qu'elles s'organisent entre elles, ou pire, se séparent des hommes. Donc cette théorie tombait à pic, ils ont mis en place ce système d'hommes "professionnels des troubles féminins et de l'hystérie" (appelés psychologues) pour leurrer les femmes victimes à se confier à ces hommes qui ensuite faisaient tout pour individualiser le problème, verrouiller le secret et leur faire croire que c'était un fantasme, tout en leur donnant l'impression qu'elles étaient soignées (et en les faisant payer pour ça bien-sûr).
Le corollaire de la psychanalyse dans le backlash antiféministe est la création peu après de la "sexologie" - la professionnalisation dans les stratégies agressives de promotion du coït auprès des femmes, car en plus de tenter de les taire il fallait les remettre au devoir conjugal. Les sexologues sont ceux qui ont inventé ou recyclé les termes "d'orgasme vaginal", de "frigidité" de "libération sexuelle", de "point G", etc. du genre, vous n'aimez pas le coït? Frottez-vous le clito et faites au moins semblant de prendre votre pied en simulant des cris de joie (ou prenez du lubrifiant - version pornifiée plus tardive). Voir Sheila Jeffreys The Spinster and Her Enemies: Feminism and Sexuality 1880-1930

Pour conclure, la psychanalyse et la théorie de l'hystérie sont une pure invention patriarcale, et même Freud l'a avoué lui-même. Dès son origine, la psychanalyse avait été créée et promue par les institutions médicales patriarcales dans le but d'effacer la mémoire des victimes et d'étouffer leur parole afin que les crimes ne sortent jamais de la confession au psy. Étant donné la prolifération de la psychanalyse et des thérapies post-Freudiennes et leur popularité encore aujourd'hui (de la psy populaire à deux balles aux thérapeutes qui agrandissent leurs terrasses sur le dos des patientes), on peut parler système organisé et massif de négationnisme des atrocités commis par les hommes à l'encontre des femmes.

vendredi 24 février 2012

L’omniprésence de modèles inatteignables enferme nombre de femmes dans la haine d’elles-mêmes

Sur un autre blog évoquant le Huffington Post et l'affaire du Carlton de Lille, je viens de lire une fois de plus un commentaire de commentateur masculin trouvant légitime de donner son appréciation personnelle (de connaisseur sans doute) sur l'attractivité ou le manque d'attractivité selon lui de Nafissatou Diallo, présumée victime de LienDominique Strauss-Kahn dans l'affaire du Sofitel de New York. Ce commentateur ne se pose bien sûr pas les questions ni de savoir si son appréciation intéresse quelqu'un, ni si sa propre apparence physique dépasse en quoi que ce soit celle de la personne qu'il se permet de juger. Suprêmement hideux ou acceptable pour les autres, ce commentateur qui se garde bien de décrire sa propre personne se croit au marché aux femmes et compare sans se gêner aucunement le produit Nafissatou Diallo et le produit Anne Sinclair.
Héloïse ayant évoqué cet article ci-dessous sur un blog parlant de l'apparence féminine, j'ai eu envie de le publier ici :


Ce livre comble un vide. Peu d’analyses récentes travaillent sur la presse dite féminine, les groupes industriels de produits de beauté et les relations entre image et construction/destruction de soi.

« Autant l’admettre : dans une société où compte avant tout l’écoulement des produits, où la logique consumériste s’étend à tous les domaines de la vie, où l’évanouissement des idéaux laisse le champ libre à toutes les névroses, où règnent à la fois les fantasmes de toute-puissance et une très vieille haine du corps, surtout lorsqu’il est féminin, nous n’avons quasiment aucune chance de vivre les soins de beauté dans le climat de sérénité idyllique que nous vend l’illusion publicitaire. »

En attirant particulièrement l’attention sur « les pouvoirs de la fiction et de l’imaginaire », tout en ne négligeant pas que « la mondialisation des industries cosmétiques et des groupes de médias aboutit à répandre sur toute la planète le modèle unique de blancheur, réactivant parfois de hiérarchies locales délétères », Mona Chollet, analyse, entre autres, les « normes tyranniques », une vision de la « féminité » réduite à « une poignée de clichés mièvres et conformistes », l’obsession de la minceur, l’insécurité psychique, l’auto-dévalorisation, etc.

En revenant sur les affaires Polanski et Strauss-Kahn, elle insiste à juste titre sur « le désir de maintenir les femmes dans une position sociale et intellectuelle subalterne », sur les banales réactions antiféministes et termine son introduction par le vœux de beaucoup d’hommes « Elles (les femmes) pourraient commencer à raisonner, à contester ; elles pourraient se mettre en tête de devenir des personnes, des insolentes. Puisse le ciel nous épargner encore longtemps une pareille catastrophe ».

L’ouvrage se compose de six chapitres :

  1. « Et les vaches seront bien gardées. L’injonction à la féminité »

  2. « Un héritage embarrassant. Interlude sur l’ambivalence »

  3. « Le triomphe des otaries. Les prétentions culturelles du complexe mode-beauté »

  4. « Une femme disparaît. L’obsession de la minceur, un ‘désordre culturel’ »

  5. « La fiancé de Frankenstein. Culte du corps ou haine du corps ? »

  6. « Comment peut-on ne pas être blanche ? Derrière les odes à la ‘diversité’ »

  7. « Le soliloque du dominant. La féminité comme subordination »

Pour celles et ceux qui ne seraient pas encore convaincu-e-s de se plonger dans cet ouvrage, quelques citations, comme autant d’invitations à lire les analyses de Mona Chollet :

  • « l’horizon sur lequel chacun s’autorise à projeter ses rêves s’est rétréci jusqu’à coïncider avec les dimension de son chez-lui et, plus étroitement encore, avec celles de sa personne »

  • « L’absence d’idéal concurrent et les sollicitations permanentes de la consommation viennent réactiver les représentations immémoriales qui vouent les femmes à être des créatures avant tout décoratives »

  • « un idéal féminin associé toujours plus étroitement à la jeunesse et à la fraîcheur »

  • « Notre apparence, loin d’être un simple ajout inerte sur une identité qui resterait stable, intervient sur nôtre être, le modifie »

  • « Dans une société où l’égalité serait effective, elles auraient droit à un autre rôle que celui de vaches à lait ou de perroquets – ou d’otaries – du complexe mode-beauté »

  • « Le corps est le dernier lieu où peuvent s’exprimer la phobie et la négation de la puissance des femmes, le refus de leur accession au statut de sujets à part entière »

  • « Nous ne sommes que de la matière ; mais cette matière n’est pas la camelote désenchantée que nous nous figurons »

  • « Il y a une différence essentielle entre la démarche qui consiste, pour une femme, à user de divers procédés pour se faire belle et séduisante, sans pour autant résumer son identité à cela, et l’imposition systématique d’attributs destinés à marquer le féminin comme une catégorie particulière, cantonnée à une série limitées de rôles sociaux. »

Pourtant, dans ce cadre qui ne saurait gommer ou annihiler les contradictions, les femmes luttent et pour une part d’entre elles, si elles cèdent, elles ne consentent pas…

Nous devons nous réjouir de l’ensemble des travaux qui interrogent les asymétries entre femmes et hommes, qui déconstruisent les « rôles », qui soulignent ces « petites choses quotidiennes mais répétitives » qui entravent les « avancées » émancipatrices, d’autant plus qu’elles sont souvent reléguées, par certains, à un rang secondaire, comme d’ailleurs souvent le combat global pour l’émancipation des femmes. A l’inverse, il faut (re)affirmer que l’émancipation n’a de sens et de réalité que si elle est celle de toutes et tous.

Puisqu’il est cité, je rappelle le texte de la couverture de Voir le voir de John Berger :« Le miroir a souvent été utilisé comme symbole de la vanité féminine. Toutefois ce genre de moralisme est des plus hypocrites. Vous peignez une femme nue parce que vous aimez la regarder, vous lui mettez un miroir dans la main puis vous intitulez le tableau VANITÉ, et ce faisant vous condamnez moralement la femme dont vous avez dépeint la nudité pour votre propre plaisir. »

L’humour de l’auteure rend la lecture réjouissante derrière la banalité de « l’horreur quotidienne ». Ses analyses rendent palpable que « l’émancipation n’est pas déjà là », quoiqu’en disent certain-e-s. « Non, décidément, ‘il n’y a de mal à vouloir être belle’. Mais il serait peut-être temps de reconnaître qu’il n’y a aucun mal non plus à vouloir être. »

En complément possible :

Sur la chapitre 6, citée par l’auteure, le livre de Rokhaya Diallo : Racisme mode d’emploi (Editions Larousse, Paris 2011) Le sens que nous donnons à l’ordre que nous créons n’est que pure invention

Ilana Löwy : L’emprise du genre – Masculinité, féminité, inégalité (La Dispute, Paris 2006) L’évident et l’invisible et deux livres plus anciens d’Anne-Marie Dardigna : Femmes, femmes sur papier glacé (François Maspero, Paris 1974) et La presse ‘féminine’, fonctions idéologique (Petite collection Maspero, Paris 1978)

Mona Chollet : Beauté fatale

Les nouveaux visages d’une aliénation féminine

Zones, Paris 2012, 238 pages, 18 euros

Didier Epsztajn


Sur le blog de entreleslignesentrelesmots

dimanche 19 février 2012

DSK convoqué mardi à Lille

L’ex-président du FMI et ministre de l’Economie sera entendu mardi à 9 heures dans l’affaire de proxénétisme du Carlton de Lille.

.Jean-Marc Ducos (avec GeoffroyTomasovitch) | Publié le 19.02.2012, 07h34



Dominique Strauss-Kahn sera entendu, à Lille (Nord), dans le dossier de proxénétisme du Carlton.

Dominique Strauss-Kahn sera entendu, à Lille (Nord), dans le dossier de proxénétisme du Carlton. | (LP/OLIVIER CORSAN.)

Ce n’est pas parce qu’il a demandé à être entendu par la lilloise pour s’expliquer sur des « insinuations malveillantes » que Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, est convoqué mardi matin à 9 heures par la police judiciaire en charge de l’affaire de proxénétisme dite du Carlton, comme l’a révélé hier matin « la Voix du Nord ».

Mais bien parce que son nom est cité dans les procès-verbaux de nombreux protagonistes de ce dossier où huit personnes sont depuis octobre 2011 mises en examen pour « proxénétisme aggravé » et « association de malfaiteurs ».

Parmi les témoins qui citent DSK comme client habituel de ce réseau, au moins cinq prostituées qui ont eu commerce avec lui lors de parties fines organisées à Washington, ou à au Murano, un de luxe. DSK devrait être placé en garde à vue dès son arrivée mardi matin à Lille (Nord) pour au moins 48 heures et assisté d’un avocat. Une rétention qui peut en théorie être prolongée jusqu’à 96 heures, car il s’agit d’un dossier « en bande organisée ». Pour des raisons pratiques et de discrétion, DSK sera auditionné dans une caserne de gendarmerie, boulevard Louis-XIV à Lille. Il a fait savoir qu’il souffrait d’une otite.

Ce que disent les prostituées

La première à avoir été entendue dès le mois de juillet 2011, Mounia R…, 38 ans, a expliqué aux policiers avoir rencontré DSK à Paris à l’hôtel Murano en 2010. Une prestation payée 900 € par David Roquet, un cadre du groupe Eiffage, soupçonné de financer ces parties fines avec un autre chef d’entreprise lensois, Fabrice Paszkowski, proche des clubs DSK.

Puis il y a Florence V…, 30 ans, une femme qui se dit libertine, proche du commissaire Jean-Christophe Lagarde, l’ex-patron de la sûreté de Lille, lui aussi mis en cause dans ce dossier. Elle dit avoir croisé à onze reprises l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) lors de rendez-vous organisés à Paris, dans les environs de Bruxelles ou à Washington. Chacune de ses prestations lui était réglée par Fabrice Paszkowski.

Il y a aussi Béatrice Legrain, la compagne du proxénète français Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, qui a participé à des agapes sexuelles dans un restaurant parisien, également Aurélie D. et Anne-Marie, deux escort-girls.

Complicité de proxénétisme?

En tant que client, lors de relations sexuelles consenties entre adultes, DSK n’a commis aucun acte contraire à la loi. Le fait de solliciter par un tiers, en l’occurrence Fabrice Paszkowski, des prostituées pour des soirées coquines ne le rend coupable de rien. Sauf si l’une d’elles est considérée comme vulnérable, si elle est mineure ou handicapée par exemple, ce qui ne semble pas être le cas.

Pour qu’une complicité de proxénétisme existe, il faut que la personne offre un moyen de commettre l’infraction. Une certitude, Dominique Strauss-Kahn sera interrogé sur ses pratiques sexuelles et sur le fait de savoir si — ou comment — ces femmes étaient rémunérées.

Recel d’abus de biens sociaux?

Dans leurs déclarations, les pourvoyeurs David Roquet et Fabrice Paszkowski ont dédouané l’ancien favori de la course aux primaires socialistes, indiquant que Dominique Strauss-Kahn n’était pas au courant que les filles étaient payées avec de l’argent d’origine frauduleuse, détourné de sociétés.

Il échapperait alors à la mise en cause pour recel d’abus de biens sociaux. Sauf si l’enquête démontre que DSK ne pouvait ignorer l’origine du financement des voyages à Washington. La question d’éventuelles contreparties à ses amis entrepreneurs devrait aussi lui être posée.

La semaine qui s’ouvre sera donc cruciale pour l’ancien ministre, qui parle d’« insinuations malveillantes ». Si des charges sont retenues contre lui, une mise en examen ne serait pas exclue.

Sur Le Parisien.fr (où se trouve une vidéo que je n'ai pas réussi à visionner).

vendredi 17 février 2012

Les amours de DSK avec le nucléaire

A l'heure où les centrales nucléaires de Fukushima devraient refaire parler d'elles dans les médias (mais ne le font pas parce qu'Areva pourrait se fâcher si les médias faisaient leur travail d'information), il serait bon de rappeler la collusion de DSK (qui fait l'objet d'une campagne insidieuse de revirginisation en vue sans doute d'être réintégré en politique comme si de rien n'était) avec le lobby nucléaire.


Le lobby nucléaire en terre socialiste. Quand Dominique Strauss-Kahn travaillait pour EDF.

dimanche 19 novembre 2006

Les lobbies français de l’eau et de l’énergie ont compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient trouver à s’attacher les services rémunérés des hommes politiques français.

Le réseau "Sortir du Nucléaire" a publié sur son site un article illustrant le poids du lobby nucléaire à l’intérieur du Parti Socialiste. Eclairant !

Réseaux d’influence : un constat accablant

Vincent Giret et Véronique Le Billon, journalistes à L’Expansion ont publié en 2000 aux éditions du Seuil un livre intitulé Les vies cachées de DSK, relatif à Dominique Strauss-Kahn (DSK). Le chapitre intitulé « Ministre privé » nous montre de façon préoccupante la collusion entre un ancien ministre de l’économie et le lobby nucléaire. Aucun des faits cités n’a fait l’objet d’un démenti de l’intéressé. La Cour des comptes a même sévèrement critiqué DSK pour les honoraires de consultant qu’il a perçus d’EDF entre 1994 et 1996 (1,5 million de francs). La Cour a souligné « l’insuffisance des termes du contrat d’origine, qui ne donne aucune indication sur le contenu de la prestation assurée ». Un porte-parole d’EDF a pour sa part affirmé au Canard enchaîné que les relations du groupe avec DSK avaient été « dans la norme de ce qui se pratique » avec ses quelques dix mille consultants. Pour notre part, nous serions curieux de connaître cette liste. Grâce à l’aimable autorisation des auteurs de ce livre, nous en reproduisons ci-dessous un extrait. Celui-ci constitue un constat accablant.

Ministre "privé"

Dominique Strauss-Kahn signe un contrat avec EDF(en 1994] C’est lui qui prend l’initiative discrète de proposer ses services par un intermédiaire. Il ne veut pas s’exposer personnellement à un éventuel refus. Pour sonder le terrain auprès de Jean-Michel Fauve, le directeur des affaires internationales d’EDF, il envoie donc une connaissance socialiste, le député Jacques-Roger Machard, battu lui aussi aux législatives de mars en Haute-Garonne, et tout juste embauché à Électricité de France. Fauve et Strauss-Kahn s’apprécient depuis les voyages officiels qu’ils ont faits ensemble entre 1991 et 1993. « je l’ai vu à l’oeuvre comme ministre dans des négociations très dures en Indonésie, il a une intelligence de situation et une profonde culture internationale », confie le premier.

Le dirigeant d’EDF saisit immédiatement l’intérêt qu’il peut trouver à s’attacher les services de Dominique Strauss-Kahn Fauve a pu constater que l’ancien ministre est l’un des rares à l’époque à penser que les entreprises publiques françaises doivent conquérir des positions à l’étranger, contre l’avis de la direction du Trésor à Bercy et les tenants d’un secteur public exclusivement tourné vers des intérêts nationaux. Dans l’esprit de Jean-Michel Fauve, l’ancien ministre n’est pas seulement un excellent conseiller stratégique, il sera aussi un avocat solide et légitime pour vaincre les réticences des autorités de tutelle de l’État français.

Lors de leur première entrevue, Fauve et Strauss-Kahn évoquent le Maroc où ils ont passé une partie de leur enfance, l’un à Marrakech, l’autre à Agadir. ils font affaire rapidement. Gilles Ménage, le nouveau président d’EDF et ancien directeur de cabinet de François Mitterrand, donne délégation à son second, jean Sergougnoux, pour signer le contrat de « conseil en relations internationales » pour 30 000 francs par mois. « DSK vient passer deux ou trois heures avec moi tous les quinze jours pour des discussions de stratégie d’entreprise et pour préparer des missions à l’étranger », précise le directeur d’EDF.

Jean-Michel Fauve lui soumet immédiatement le dossier allemand : EDF a alors le projet de développer un réacteur du futur, l’« EPR », en coopération avec l’Allemand Siemens et le Français Framatome. Strauss-Kahn a toujours été favorable au nucléaire et, comme ministre de l’industrie, il avait discrètement contré la pression exercée par les écologistes. 11 avait aussi fermement engagé la coopération franco-allemande sur ce dossier sensible. « Le rôle de l’État, expliquait le ministre en octobre 1992, c’est un rôle de marieur, de catalyseur d’alliances ; dans le nucléaire, ce sont les français EDF et Framatome qui travaillaient avec les électriciens allemands et Siemens sur un projet de réacteur du futur. Dans l’électronique, ce sont des industriels français et italiens qui produisent en commun les puces SGS-Thomson. Ces coopérations auraient pu se nouer sans l’État, mais il se trouve que, dans ces deux cas, les pouvoirs publics ont joué un incontestable rôle d’aiguillon. » Pourquoi alors ne pas continuer, malgré l’alternance politique et le changement de gouvernement ? EDF a apprécié le travail du ministre, elle l’utilise cette fois dans la coulisse, comme Alcatel avec ses soucis bruxellois.

EDF veut à tout prix s’assurer que la réalisation de son projet nucléaire ne sera pas entravée par les députés du SPD, le Parti social-démocrate, frère allemand du PS français, mais parfois plus enclin à rejoindre la politique des Verts d’outre- Rhin, évidemment très antinucléaires. Le SPD est alors dans l’opposition, mais son activisme ou sa neutralité bienveillante sur ce sujet peut condamner ou faciliter le projet. Jean-Michel Fauve a été directeur du projet de la centrale très controversée de Plogoff, en Bretagne ; il sait combien l’opinion publique peut déstabiliser une opération de cette nature. « En Allemagne, nous avons besoin d’engager des discussions de fond, loin des meetings, d’organiser des réunions confidentielles », explique-t-il. Un contact est identifié outre-Rhin : le député européen SPD Roif Linkohr, fondateur de l’Office d’évaluation des choix scientifiques et techniques du Parlement européen. Ce physicien est l’un des très rares pronucléaires du Parti social-démocrate.

Voilà Dominique Strauss-Kahn engagé dans une mission très politique de lobbying et de longue haleine. Il joue de son double carnet d’adresses pour organiser une série de rencontres discrètes à Düsseldorf et à Strasbourg, mêlant à la fois des députés (ou ex-députés) socialistes français et des élus sociaux-démocrates allemands. Très intéressée par cette prestation, la Cogema - qui produit les combustibles nucléaires - accepte de cofinancer l’opération avec EDF. Son président Jean Syrota appelle dix fois Jean-Michel Fauve pour aligner au franc près les tarifs de la Cogema sur ceux concédés par EDF à Dominique Strauss-Kahn... Au total, la Cogema lui versera 600 000 francs.

Du côté socialiste français, DSK joue avec une extrême prudence et beaucoup d’ambiguïtés, il implique dans l’opération tous les spécialistes socialistes de l’énergie et quelques figures très pro-européennes, sans toujours leur préciser qu’il travaille pour le compte d’EDF et de la Cogema. Pour ses amis politiques, DSK agit ici dans le cadre de ses fonctions de délégué national du Parti socialiste. Dans ce groupe confidentiel, se retrouvent son complice Pierre Moscovici, l’économiste physicien et député européen Gérard Fuchs, le député de Meurthe-et-Moselle et nouveau président de l’Office d’évaluation des choix scientifiques et techniques Jean-Yves Le Deaut, le chercheur en électrochimie et ancien député des Hauts-de-Seine Philippe Bassinet, l’ancien ministre délégué à l’énergie auprès de DSK entre 1992 et 1993 André Billardon et le député du Nord, membre de l’Office parlementaire d’évaluation des déchets nucléaires, Christian Bataille. Tous acquis à la cause nucléaire. D’autres responsables socialistes sont conviés à la discussion, comme Élisabeth Guigou et Henri Nallet.

Dominique Strauss-Kahn se rend aussi à Bonn, où il se présente à l’ambassade de France, qui lui a préparé quelques rendez-vous, non comme un consultant d’EDF et de la Cogema - cela reste secret -, mais comme un officiel du Parti socialiste, chargé de suivre les questions énergétiques. C’est à cette occasion qu’il rencontre pour la première fois Gerhard Schröder, futur chancelier, et déjà très connu pour ses liens privilégiés avec les plus grands patrons allemands. Le consultant d’EDF sonde aussi le leader écologiste et très pragmatique Joschka Fischer, qui deviendra, à l’automne 1998, ministre des affaires étrangères du gouvernement Schrôder. Pour ces missions et ces réunions spéciales, le secrétariat de DSK envoie à la comptabilité d’EDF trois factures de plus de 200 000 francs chacune, qui s’ajoutent ainsi à ses propres honoraires mensualisés.

À cette occasion, Strauss-Kahn rédige un texte-quiz censé distinguer le vrai du faux dans le domaine du nucléaire. « Mon ami le prix Nobel de physique Georges Charpak - par ailleurs administrateur de la Cogema (NdA) - m’a dit que ce document était le meilleur qu’il ait jamais lu sur la question », confie aujourd’hui Strauss-Kahn. Ce lobbying politique, digne des romans d’espionnage de John Le Carré, dure quatre ans, et ne sera interrompu que par le retour de la gauche au pouvoir. Strauss-Kahn n’oubliera pas cette cause nucléaire : devenu ministre de l’économie et des finances, il tiendra des propos sans ambiguïté en février 1999, lors d’un voyage de trois jours dans les nouveaux lânder d’Allemagne de l’Est : « Un grand pays industriel comme l’Allemagne ne peut pas rester à l’écart d’une des technologies maîtresses du futur », lance-t-il, avant de souligner l’importance de l’EPR, le fameux réacteur.

EDF utilise également DSK sur des contrats difficiles à l’étranger : « il connaît tous les ministres de la terre », s’émerveille Jean-Michel Fauve. Au Maroc, Strauss Kahn entretient un réseau exceptionnel de relations et d’amitiés ; à Paris, dans le sud de la France ou à Rabat, il a sympathisé avec André Azoulay, le conseiller financier international du roi Hassan II et aujourd’hui de son fils héritier du trône Mohammed Vl.« Au Maroc, Dominique est chez lui », résume André Azoulay. Strauss-Kahn intervient avec succès sur plusieurs dossiers d’EDF, notamment lors d’une prise de contrôle de la Régie des eaux de Casablanca, en association avec la Lyonnaise des eaux. Il échoue en revanche sur un projet de prise de participation financière dans une centrale nucléaire marocaine, un marché finalement emporté par les États-Unis. DSK prodigue aussi ses conseils sur un contrat qui tourne mal en Grèce. Il travaille encore sur des dossiers en Argentine, en Finlande, en Afrique du Sud... jusqu’en 1997, EDF lui verse au total environ 1,5 million de francs.


sur seaus.free.fr


Lire également les articles de cabanel sur Agoravox comme celui-ci (du 21.4.2011) et celui-ci (du 16.2.2012).

lundi 13 février 2012

Notre prochain Président de la République : DSK bis

Voilà, depuis dimanche dernier, les jeux sont faits. Cela n’a pas pu vous échapper, le ton des “médias” a subitement changé.

Depuis quelques mois ceux-ci sous-entendaient que Flanby était au mieux fragile, inexpérimenté, et au pire complètement nul, qu’il allait s’écrouler devant l’expérience, l’assurance et le talent de Sarkozy, notre ultime rempart contre l’implosion de l’Europe et de sa monnaie. Que leurs courbes de sondages allaient se croiser. C’était évidemment ce que la propagandastaffel UMP leur serinait en boucle.

Or non.

Comme je l’ai dit et répété ici-même à de nombreuses reprises, Sarkozy finira son quinquennat en slip. Il faut dire qu’il a un bilan à trimballer, et que c’est lourd. Quand on a tout raté, comment faire pour s’en vanter ?

Tiens, c’est simple, si une entreprise devait avoir le bilan de Sarkozy, elle le déposerait aussitôt.

Il ne faut pas non plus sous-estimer la haine qu’il a suscitée dans l’opinion. Quoi qu’en disent les “sondages”, cela ne colle pas avec ce que dit mon entourage. Même les pires ringards de droite que je connais —et j’en connais !—, ceux-là même qui n’ont pas honte d’avouer qu’ils avaient voté pour lui en 2007 (“Tu voulais quoi, hein ? Que je vote pour l’autre… euh… enfin l’autre ?”), et bien il ne s’en trouve plus un pour prévoir de refaire la même connerie en 2012. Et c’est une constante depuis deux ou trois ans. Ils voteront Bayrou, ou Le Pen… Et au second tour (du moins si Sarkozy y est, ce qui n’est pas acquis, les derniers sondages remettent le “21 avril à l’envers” à l’ordre du jour), beaucoup s’abstiendront.

Pire, il semble que ce dimanche, ce sont de nouvelles mesures de recul social (et de suicide électoral) dictées par le MEDEF qu’il compte annoncer sur toutes les télés.

Sauf Trafalgar certes toujours possible, c’est plié, Flanby sera notre prochain président.

C’est donc avec un intérêt particulier que je l’ai regardé faire son show jeudi soir chez Pujadas.

Il n’a eu aucun mal à faire tourner en bourrique un Juppé que j’ai trouvé “fatigué, vieilli, usé“®, tentant laborieusement et sans conviction de défendre l’indéfendable. Mauvais comme un cochon. Au passage il devrait prendre du repos, le pauvre vieux, c’est pas une vie de cumuler un boulot de ministre, (de surcroît des affaires étrangères toujours en déplacement) avec celui de maire d’une grande ville. Et puis 67 ans, c’est largement l’âge de la retraite… D’autant que si je ne m’abuse, il touche celle de la fonction publique depuis près de 10 ans... Et dire que certains voyaient en lui un recours en cas de désistement sarkozyste…

Mais revenons-en au futur président Flanby. Tout le monde semble avoir découvert dimanche dernier ses talents d’orateur lors de son discours au Bourget. C’était pourtant un fait connu. Et je m’interroge de plus en plus à ce sujet. Car la distinction entre orateur et bonimenteur est parfois mince. Mitterrand usait déjà de son talent dans les années 70 pour embobiner les prolos et leur faire croire qu’il incarnait leur combat, qu’il allait “changer la vie”, mettre au pas ces salauds de patrons, et leur faire recracher le pognon. On a vu le résultat.

À l’époque de Mitterrand, même si certains avaient déjà compris l’arnaque, nombreux étaient ceux qui y croyaient, qui pensaient qu’enfin leur vie allait changer avec “La Gauche”. Le problème avec Flanby, c’est que non seulement il passe après la trahison de Mitterrand, l’avènement de la “gauche caviar”, puis le libéralisme honteux de Jospin (mais aussi après Blair, Schroeder, Zapatero, Prodi…), alias “gauche de droite”, mais en plus, il nous gratifie d’un programme insipide et inconsistant, dont on voit d’emblée qu’il est voué à l’échec. Ses trémolos et effets de manche à la tribune sont essentiellement des cache-misère.

Flanby singe Mitterrand jusqu’au ridicule. On ne s’étonnerait même pas de le voir plissant les yeux, coiffé d’une feutre, une écharpe rouge et une rose à la main.

Bien sûr il est infiniment plus sympathique que Sarkozy. Plus intelligent, plus fin, plus drôle, plus calme, moins m’as-tu vu. C’est un minimum, et à vrai dire ce n’est pas très difficile.

Mais pour incarner l’espoir (sans même parler du “rêve”) il ne suffit pas de revenir sur certaines mesures scandaleuses de Sarkozy (pas toutes, loin s’en faut), d’en proposer d’autres qui, même si on peut les juger positives et “de Gauche”, sont avant tout d’aimables sources de buzz médiatique (mariage homosexuel, droit de vote aux étrangers…), et puis… c’est à peu près tout. Le retour à la retraite à 60 ans ? Oublié ! Les créations de postes ? Transformées en non-suppression… Ne parlons même pas de nationalisations, de reprise en main de la création monétaire, de restitution du pouvoir au peuple… “Réenchanter le rêve français”, qu’il disait.

Son ouiouisme européen, parfaitement incarné par la scandaleuse couverture de Paris-Match où il pose avec Sarkozy avant le référendum de 2005, est totalement incohérent. Les mêmes qui nous ont vendu une Europe (“L’Europe l’Europe l’Europe”) dont la grandeur viendrait de l’union et de l’entraide entre toutes les nations qui la composent, une sorte de partouze supranationale géante à 27, ne nous parlent plus aujourd’hui que d’une compétition à mort avec l’Allemagne dans laquelle les salariés doivent abandonner toutes leurs prérogatives plus vite que leur voisin pour simplement survivre.

Certains ont aussi noté qu’il n’a pas une seule fois parlé d’écologie pendant toute son intervention… C’est tout de même un comble ! Et le fait que les autres fassent pareil n’est pas une consolation. A l’approche du Peak Everything, un tel aveuglement est tout bonnement sidérant. Un total déni de réalité. Rappelons que Flanby est un des promoteurs de la “TIPP flottante”, qui consiste à baisser les taxes sur le carburant quand son prix monte. Outre la philosophie complètement abracadabrantesque d’une telle mesure (qui revient en gros à encourager la consommation d’un produit en voie de disparition), son efficacité est du même niveau que celle du château de sable d’un gamin pour arrêter le tsunami japonais.

Ce sont les “Verts” qui doivent souffrir de graves brûlures anales, eux qui pensaient “sortir du nucléaire” en 25 ans, qui ont ensuite signé pour 50% de nucléaire, et qui vont finalement devoir avaler la fermeture des deux seuls réacteurs de Fessenheim en échange de l’ouverture de l’EPR de Flamanville, d’une puissance équivalente…

La vérité, c’est que Flanby, comme Sarko, sera principalement un agent de recouvrement des créances des banksters auprès du peuple français. Comme il est enferré dans le carcan imposé par la finance, et qu’il n’envisage à aucun moment d’essayer de le briser, sa marge de manœuvre est nulle. Il a beau tonner, dans l’élan d’une phrase qui s’envole, que son ennemi est la finance, on y croit presque autant que si Gérard Larcher prétendait battre Usain Bolt sur 100 mètres… Raoul dans les Tontons Flingueurs.

Pire, quand un journaleux ultralibéral dégarni, ou un ancien premier ministre (dégarni lui aussi) lui font remarquer que les 20 milliards d’euros que ses mesurettes sont censées faire rentrer tous les ans dans les caisses de l’État ne seront qu’une poignée de sable pour assécher un fleuve de déficits qui se jette dans un océan de dettes, et que son objectif d’équilibre budgétaire est irréaliste, il se réfugie dans un flot d’incantations au “Dieu Croissance” que l’on croirait tout droit sorti des années 1950, quand cela avait encore un sens. Regardez cette vidéo, à 21mn48 : Flanby réussit l’exploit de prononcer 6 fois le mot “croissance” en 12 secondes ! On tient là un champion du monde…
Nous sommes donc en présence d’un candidat pas du tout “normal”, dont la vie a été totalement dédiée à la réalisation d’un objectif déterminé par une ambition maladive : devenir Président de la République. Il prétend nous faire rêver (arf !), mais veut en fait que nous réalisions son rêve.

À cet effet, il s’est donné du mal pour changer d’apparence, faire plus sérieux et plus “présidentiel”. (Par contre, il n’aurait pas dû débaucher les communicants des jeunes pops [Avertissement aux personnes sensibles : non seulement cette vidéo est ridicule, mais elle contient du Jack Lang.)

Pour convaincre les naïfs, il utilise des techniques oratoires parfaitement factices qui tentent vainement de dissimuler la vacuité de son message.

Il tente d’envoyer aux électeurs des images subliminales de Mitterrand, comme si son aura était intacte.

Il est entouré d’une équipe de bras cassés revanchards, où l’on retrouve de vieux dinosaures périmés comme Lang ou Ayrault, des ultralibéraux décomplexés comme Valls, et l’ossature de ce que j’avais naguère baptisé le “DSK-Korps”, à commencer par Moscovici, probable premier ministre, tellement chiant qu’il pourrait faire passer Fillon pour un grand déconneur.

Pour donner un semblant de crédibilité arithmétique à un programme voué à l’échec, il ne compte que sur une “croissance” chimérique, sur laquelle il n’a aucune emprise, et qui est désormais caduque.

Et en plus, il va gagner…


(Sur le blog de Superno)


Lire aussi sur Mediapart comment on nous fait bouffer du Hollande après nous avoir fait bouffer du DSK

jeudi 9 février 2012

Affaire DSK-Diallo: les deux camps fourbissent leurs armes pour le procès au civil

Le procès au civil qui oppose aux Etats-Unis l’ex-parton du FMI Dominique Strauss-Khan et la femme de chambre guinéenne Nafissatou Diallo devrait être relancé fin février, selon Le Figaro.

«Le juge Douglas McKeon, chargé du dossier au tribunal du Bronx, va convoquer les deux camps pour une audience dite d'oral argument, d'ici deux à trois semaines», précise le quotidien.

Pour quelques heures les deux parties devront répondre aux questions du juge Mckeon qui a été saisi de l’affaire en août dernier. Une audience qui lui permettra de déterminer la position de chaque partie et «obtenir des précisions sur tel ou tel point clé», souligne Le Figaro.

L’objectif est «d’entendre les parties sur leurs 'motions' et de vérifier si l'affaire est en état d'être jugée en fonction des arguments comme l'immunité, la prescription» selon Arthur Dethomas, avocat aux barreaux de Paris et New-York.

C’est notamment la question de l’immunité diplomatique de l’ex-directeur du FMI soulevée par Dominique Strauss-Kahn qui sera au centre des débats. A ce propos, «ses avocats emmenés par Me William Taylor, du barreau de Washington, ont produit une abondante jurisprudence». Ils s’appuient notamment sur une convention des Nations Unies de 1947 pour affirmer que leur client était protégé par l’immunité diplomatique le 14 mai 2011, date de l’éclatement de «l’Affaire DSK».

Un argument que les avocats de Nafissation Diallo avaient balayé d’un revers de la main en octobre 2011 dans un document de 57 pages. La motion de DSK est une «tentative évidente pour retarder la procédure, et doit être refusée dans son intégralité car elle n'a absolument aucune valeur et aucun sérieux» avaient-ils affirmé.

Les deux protagonistes ne sont pas tenus d’assister à cette audience mais peuvent le faire s’ils le souhaitent. L’issue de la procédure est incertaine, même si la prison est exclue pour Dominique Strauss-Kahn après l’abandon des poursuites au pénal par le procureur de New-York Cyrus Vance.

Si DSK est reconnu coupable, il devra payer des dommages et intérêts à Nafissatou. On évoque des millions de dollars, mais «il est pour l'heure bien trop tôt pour se prononcer sur les suites de cette procédure» rappelle Libération. Même si les avocats des deux parties restent très discrets, une transaction est possible à tout moment sans qu’il n’y ait besoin d’aviser le juge.

Nafissatou, qui n’a pas repris son travail au Sofitel, a déposé plainte dans le Bronx, un choix qui «semblait être motivé par l'idée que des jurés de ces quartiers de New York à majorité noire lui seraient plus favorables» explique Le Figaro. Le procès devrait durer entre trois et six mois.

mercredi 8 février 2012

Flash : le mari de Sainclair enfin jugé pour viol et violence

03.02.2012
laure_sainclair

A l’exception de Dominique Strauss Kahn (DSK), l’époux d’Anne Sinclair, qui a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur Tristane Banon mais qui n’a reçu aucune peine (on est puissant ou on ne l’est pas), les agresseurs sexuels, en France, sont punis et jugés. Après des mois d’attente et d’incompréhension, la justice fait enfin son boulot. En effet, le mari de Sainclair, sur qui pesait de très lourds soupçons de viol et d’agression, est jugé par la Cour d’Assise de la Gironde.

Alors que la star des écrans tente une reconversion médiatisée, son ex passe enfin devant les juges. Ainsi, Hervé Le Bras (47 ans), l’ancien mari de la célèbre actrice porno Laure Sainclair (39 ans) a entamé son procès le 2 février.

Les faits qui sont reprochés au compagnon de Laure Sainclair datent de novembre 2005. Alors qu’il était l’agent, le manager et l’amant de la comédienne, l’accusé aurait, selon l’actrice X, violenté puis violé Laure Sainclair, qui hésitait à signer des contrats d’exclusivité.

Abuser de sa position sociale dominante, de son statut d’agent, de son pouvoir, pour traiter les femmes comme des objets… Si ce comportement de prédateur sexuel n’est pas un cas isolé et rappelle d’autres affaires sordides, et surtout, s’il faut concéder à Hervé La Bras sa présomption d’innocence, les affaires de viols sont toujours aussi choquantes.

Est-il possible d’être en couple avec une Sainclair sans se comporter comme un violent violeur ? La justice nous le dira…

Sur 24heuresactu

lundi 6 février 2012

Sastre mais pas Sartre (et encore moins Beauvoir)

Peggy Sastre a commis en 2009 un livre intitulé "Ex utero, pour en finir avec le féminisme".
Il faut comprendre par là, non qu'elle veut VRAIMENT en finir avec le féminisme mais qu'elle prône un féminisme « hédoniste » (car selon elle le féminisme "officiel" serait quoi ? Sacrificiel ?) ou « pro-sexe » (car selon elle le féminisme "officiel" serait quoi ? Antisexe ?) et opposées au courant abolitionniste (sans doute parce que la prostitution est "hédoniste" et "pro-sexe", hein), elle a formé le concept d'« évoféminisme ».

Selon elle (dixit Wikipédia), les féministes françaises de la génération des "Années 1970", telle Gisèle Halimi ou le mouvement Les Chiennes de garde, se sont érigées en représentantes d'un «féminisme officiel » (quelle horreur) et ont confisqué la parole de toutes les autres formes de revendications féministes = Sastre n'a pas de convictions à démarcher POUR quelque chose mais CONTRE quelqu'un, parce que contre quelqu'un c'est nettement plus efficace pour la visibilité dans les médias. Surtout si les quelqu'un.e.s auxquelles la miss s'oppose se font déjà peu ou mal entendre.

En 2010, elle co-signe avec Lola Lafon une tribune sur le traitement médiatique de l'affaire Polanski, publiée notamment dans Slate et Libération.

Voyons un peu, cette tribune dans Libération : et bien la même Peggy Sastre qui écrivait ceci avec Lola Lafon sur l'affaire Polanski :

"(...)

Nous ne sommes rien. Mais nous sommes beaucoup à n’être rien ou à l’avoir été. Certaines encore emmurées vivantes dans des silences polis.

Et nous les détectons, ces droits de cuissage revenus à la mode, ces amalgames défendant la révolution sexuelle, hurlant au retour du puritanisme, inventant commodément un «moralisme» «sectaire» et «haineux», faisant les gros yeux parce qu’une de ces innombrables anonymes utilitaires sort de son «rang», oublie de se taire et parle de justice. Relents de féodalité drapée dans «l’honneur» des «citoyens» «de gauche», éclaireurs de la nation, artistes, intellectuels, tous d’accord, riant à gorge déployée à la bonne blague des «moi aussi Polanski m’a violé quand j’avais 16 ans» - en être, entre soi, cette connivence des puissants. A la suivante. (...)"


et écrit ceci aujourd'hui à propos des affiches sexistes du film "Les infidèles" :

"(...)

En ville, (...) ces agressions visuelles et cognitives perpétuelles que constituent les divers affichages peuplant l'univers urbain.

A mon grand regret, je n'ai pas pu lui dire qu'il s'agissait-là d'une des raisons qui m'avait fait quitter la capitale, car j'ai toujours profité d'une disposition oculaire avantageuse : quand je ne veux pas voir, je ne vois pas. (...)"


Elle a donc décidé de ne plus voir. C'est son droit, mais elle ne s'arrête pas là, elle reproche aux autres de VOIR et surtout de rouspéter :


" (...)

Aujourd'hui, j'ai par exemple lu et entendu bon nombre de mes congénères (sic) déclarer qu'elles étaient heureuses que ces affiches soient retirées. Souvent, cette joie était liée au fait qu'elles leur donnait la nausée : il leur était donc physiquement insupportable de passer devant de telles images et elles étaient soulagées de les voir disparaître de l'espace public.

C'est tout à fait concevable, et même louable, soyons fous (sic), mais en quoi une telle réaction dit-elle quoi que ce soit de la réalité du message véhiculé par les affiches du film incriminé ces derniers jours ?

Je veux dire, je peux très bien imaginer des gens passer devant la photo d'un noir en costume trois pièces (sic) et ressentir un profond dégoût, parce qu'ils sont racistes et que l'image heurte leurs standards personnels sur l'infériorité des "gens de couleur" ; mais dans ce cas, je suppose que n'importe qui d'à peu près sensé concevra aisément que le (gros) problème vient des individus qui regardent, et pas de la personne, ni même du symbole, représentés.

Quelle différence, alors, y-a-t-il avec une femme qui se sent humiliée par une mise en scène "sexuelle" d'une paire de jambes et d'un chignon vu de dos ? (...)"


Le parallèle avec le raciste qui voit un noir en costume trois pièces est très habile. Elle insinue que la femme qui se dit dégoûtée de telles affiches pourrait l'être en raison d'un racisme inconscient envers le mâle blanc dominant et dominateur. Pire : la femme domine et pour une fois que c'est l'homme, cette vision la fait gerber. Les féministes qui ont la ringardise de trouver Gisèle Halimi plus crédible en féministe que miss Sastre se réclamant du néo-féminisme, pardon de l'évoféminisme, lécheur de testicules argentées, sont de profondes anti-mâles de race, si si, elles rejettent les pur-sang de la mâlitude qui sont des sortes de Polanski, certes, mais, et là réside toute la différence : JEUNES (donc beaux, désirables et innocents).

Son racisme à miss Sastre est alors anti-femmes, anti-vieux et anti-pauvres.

Ou alors elle part du postulat que les femmes sont toujours en situation de domination et suppose que leur dégoût ne repose sur rien de tangible : pas de morceaux de femmes placées suggestivement dans des poses rabaissantes et chosifiantes, seulement du sexisme à l'envers. Car ces affiches sont sans doute "hédonistes" et le plaisir de la femme réside de toute façon dans son humiliation, sa chosification et son morcellement, non ? Ces affiches sont "pro-sexes" et même uni-pro-sexe puisque l'on ne voit qu'un visage et que le visage est le premier vecteur de nos émotions déchiffrables pour les autres. Mais c'est normal dans la conception "evoféministe".

Il faudra que l'on me traduise "evo" féminisme (de "Eve", peut-être ?).

Que ne ferait-on pas pour se profiler comme nouvelle féministe ! Malheureusement il faudrait commencer par avoir raison. Et la raison est atrocement absente dans cette démarche.

Car trouver que la femme est supérieure à l'homme euh...que dire à miss Sastre : rappelez-vous ce que vous écriviez pour Polanski, madame. On n'a pas obligatoirement besoin d'avoir 13 ans pour être traitée comme de la viande...ou si ? Et là encore, on retrouve ce que l'on constate chez toutes celles qui se disent néo-féministes en guerre contre la prétendue arrière-garde : en grattant un peu leur discours on découvre que leur motif est essentiellement générationnel. Elles veulent représenter une nouvelle génération et leur unique slogan est en réalité : "Ôte-toi de là que je m'y mette".

samedi 4 février 2012

Le féminisme non autorisé par les milieux autorisés est-il punitif ?

Le "féminisme punitif" est un concept inventé par l'une de cette catégorie de courtisanes traîtresses à leur sexe qui hantent les médias à la recherche de testicules savoureuses (= célèbres) à lécher comme celle de DSK (elle n'a pas compris que ce dernier n'aime pas particulièrement les femmes qui s'offrent mais plutôt celles qui lui tournent le dos ?).
La Éric Besson du sexe féminin donc, casse-ovaires et lèche-couilles notoire, se répand dans les médias avec cette notion assassine de "féminisme punitif" pour la faire rentrer dans toutes les têtes prêtes à l'absorber et elles ne sont pas sous-numéraires.
Voilà la mère "Marre-de-celle-là-ya-des-cub-pieds-au ...qui-se-perdent" (comme je l'ai renommée) propulsée dans les petits papiers d'Anne Sinclair, sans doute. A quand une place pour elle comme journaliste au Huffington Post ?

Donc il y a le féminisme magnanime qui ne rouspète pas contre le viol quand le présumé violeur est le maître de l'univers ou presque et celui qui le fait. Ce dernier est un féminisme qui n'a rien à envier au tribunal de l'Inquisition espagnole, cela va sans dire.
Dans la nouvelle affaire Dreyfus, c'est le féminisme et ces égéries qui attaquent un pauvre innocent dont le seul crime est d'être de la mauvaise confession, bien sûr.
Et pourquoi pas l'affaire Stavisky si on va par là ?
Et quid des plaignantes ? Des femmes de paille agitées par le féminisme, sans doute. Incrédibles. Inexistantes. Néantesques.
Quid de l'affaire du Carlton où l'on s'offrait des orifices féminins à l'instar de pralines ? Rien de grave. Des femmes à peine prostituées qui gagnaient de toute manière beaucoup et auraient probablement été d'accord de prêter leurs parties intimes gratos si on n'avait pas insisté bêtement pour les payer.
Donc, circuler il n'y a rien à voir, tout le monde il y est beau tout le monde il y est gentil du moins le serait sans un certain féminisme dont la leadeuse ne s'appelle pas Elisabeth Badinter, estampillée féministe par...euh...elle-même mais ce n'est pas n'importe qui, alors cela compte double (ou triple) et encore moins Anne Sinclair (une grande féministe et même la femme de l'année 2011 comme sa copine la panda machin chose).
Heureusement "Marre-de-celle-là-ya-des-cub-pied-au ...qui-se-perdent" vient le rappeler à qui de droit : c'est pas beau de faire bobo à un bobo !

Merci madame pour la lecon, elle relève le niveau du débat, pas de doute.