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NOUS, FRANÇAISES, SOMMES TOUTES DES « FEMME DE CHAMBRE GUINÉENNE PRÉSUMÉE MENTEUSE »

NOUS, CITOYENNES FRANÇAISES ORDINAIRES, tenons à écrire aux médias étrangers pour faire entendre notre voix, largement occultée par la presse nationale dans ce qu’il est maintenant convenu d’appeler «l’affaire DSK». Notre prise de parole ne se cantonne cependant pas à cette affaire : elle veut s’étendre à tous les cas de harcèlement ou d’agression sexuels, en France et ailleurs !

NOUS NOUS INSURGEONS avec force contre les prises de position ignobles de certaines personnalités omniprésentes dans l’espace médiatique français. Notre sympathie va par conséquent d’abord à la citoyenne américaine présumée victime d’une tentative de viol, sans pour autant préjuger de la culpabilité de l’accusé.

NOUS DENONÇONS l’attitude hostile de la classe politico-médiatique française qu’a déclenchée l’affaire DSK envers la justice et les médias américains et tenons à faire savoir que les virulents reproches adressés par M. Bernard Henri-Lévy à la presse américaine n’engagent que lui.

NOUS SOMMES INDIGNEES de constater qu’en France :

- une victime présumée de tentative de viol est encore trop souvent soupçonnée de mensonge
- une victime présumée de tentative de viol est encore trop volontiers l’objet de sarcasmes, de plaisanteries douteuses et de divers stratagèmes pour minorer le caractère destructeur du viol.
- une victime présumée de tentative de viol est encore généralement réduite au silence.

Les viols en France sont estimés à 75 000 par an, soit un viol toutes les 7 minutes !
A l’occasion de l’affaire DSK, la justice américaine a présenté un miroir aux Français. Beaucoup ont découvert avec consternation qu’une mentalité rétrograde et des attitudes archaïques qu’ils croyaient presque révolues perdurent, dans la plus grande hypocrisie : une désastreuse loi du silence continue de régner en France, et certaines prises de parole ont révélé qu’elle s’accompagne d’un déni et d’un sexisme insupportables, allant jusqu’à la misogynie, même parmi les femmes. Inégalités profondes entre les sexes, silence protecteur «de caste», machisme de «bon ton» sont apparus au grand jour, n’épargnant ni les médias ni certains partis, qui prônent pourtant la justice sociale !
NOUS DEPLORONS que la France soit certes le pays des Droits de l’Homme mais que les femmes en aient tacitement été exclues au moment de leur Déclaration ! Il en résulte qu’une porte a été laissée grande ouverte à une confusion avec «les Droits du Mâle». L’omerta ambiante renvoie les victimes d’agressions au statut de sous-citoyennes et conforte les agresseurs dans une impunité triomphante. La loi du silence continue de traumatiser les victimes, de plomber l’atmosphère sociale, à tous les niveaux, et de se transmettre de génération en génération.
NOUS NOUS ELEVONS contre certains propos stigmatisant les classes défavorisées. En France comme partout dans le monde, le sexisme expose à la précarité et cantonne à des métiers sous-valorisés tels que celui de femme de chambre. Le glissement est alors rapide entre femme et … femme «de chambre», femme de ménage, soubrette et finalement «catin», dont «le troussage» semble encore de mise. 
Or par la voix de BHL et consorts, la résistance au changement s’est exprimée dans toute sa violence, illustrée par des propos indignés à la défense exclusive du «présumé innocent». Eh oui: le silence de caste a son pendant: l’indignation de caste. Certaines de ces saillies médiatiques ont été nuancées ou complétées par la suite, mais avec quel manque de conviction et quelle maladresse !
En France comme ailleurs, le fossé social s’est considérablement creusé.
NOUS SOMMES PERSUADEES que si Mme D. avait été citoyenne française, elle n’aurait eu droit qu’à une justice au rabais, à supposer que l’affaire n’eût pas été immédiatement étouffée, face à un homme usant certainement de toute son influence et des moyens financiers considérables à sa disposition.

Mme D. a probablement peu de chances face à un homme puissant qui conjugue tous les pouvoirs. C’est pourquoi nous, citoyennes de France et concitoyennes de son agresseur présumé, tenons à faire savoir à tous, et à elle en particulier, que nous lui apportons tout notre soutien.

NOUS VOULONS ETRE LES PORTE-VOIX de toutes les femmes victimes des violences visibles ou invisibles décrites plus haut, de toutes les femmes aux prises avec une société et une justice qui n’estiment toujours pas que la parole d’une femme vaille celle d’un homme, de toutes celles dont on nie encore, sinon l’existence, du moins le droit à être entendues et traitées avec justice, égalité et le plus grand des respects.

NOUS RENDONS EN OUTRE HOMMAGE à ceux qui en France et ailleurs ont eu une attitude digne et juste face à ce qu’affronte un «présumé innocent», mais également une «présumée victime» !

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