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samedi 9 juin 2012

Strauss-Kahn Associés & Co, un partenariat d'entreprise

« Les Strauss-Kahn » : « Une alliance qui décuple les ambitions et... les défauts »

Publié le 09/06/2012 à 03h03
Le redoutable tandem Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes politiques au journal « Le Monde », décortique le couple Strauss-Kahn. Une enquête choc mais chic, après l'overdose médiatique de l'affaire du Sofitel puis du Carlton. À défaut d'un roman d'amour, une véritable saga politique où défilent alliés malgré eux comme Martine Aubry et courtisans d'un nouveau genre comme Fabrice Paszkowski.
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE LEFEBVRE
region@lavoixdunord.fr PHOTOS AFP ET TINA MERANDON
- Quand avez-vous décidé d'écrire ce livre qui remonte jusqu'au mariage des Strauss-Kahn ?
Raphaëlle Bacqué : « On avait déjà travaillé sur DSK pour Le Monde. Avec l'histoire extraordinaire, quasi planétaire du Sofitel, on a pressenti que derrière le déferlement médiatique beaucoup de questions restaient en suspens : qui savait, qui couvrait la faille de celui qui voulait être candidat à l'élection présidentielle ? On a décidé de remonter le passé pour éclairer le présent, en rencontrant tous ceux qui connaissaient le couple depuis vingt ans : politiques, intimes, communicants, conseillers, milieux échangistes... » - Entre Dominique et Anne, ce n'est pas franchement une histoire d'amour... RB : « C'est un partenariat, une alliance du pouvoir et de la gloire médiatique, qui permet de décupler les ambitions... et les défauts.
Pour parvenir au sommet, ils s'accommodent d'arrangements qui, pour vous et moi, seraient des impossibilités. L'apport d'Anne Sinclair n'est pas seulement sentimental. Sa fortune a permis à DSK d'acquérir un train de vie, une aisance psychologique et de financer son activité politique en s'émancipant du PS.
Anne Sinclair finance la primaire de 2006 et lui donne cette indépendance, car il ne veut pas passer sous les fourches caudines du parti. C'est aussi la première fois qu'un homme politique est lié à ce point à une agence de communication. Ses premiers collaborateurs sont des salariés. Ils ont construit une image politique de ce couple qui était complètement factice. » - Une fortune qui gêne le PS en général et Martine Aubry en particulier... RB : « On a enquêté sur le somptueux riad à Marrackech. Martine Aubry et son mari Jean-Louis Brochen le visitent et en ressortent écoeurés par tant de luxe. Martine Aubry est une alliée malgré elle qui a pensé qu'elle ne pouvait pas faire autrement qu'un pacte avec DSK. À chaque rencontre, elle lui conseille de créer une fondation qui justifie cette formidable fortune, mais il fait la sourde oreille. S'il a ses qualités propres et qu'il est le premier à s'intéresser à l'économie que le PS a longtemps négligée, il gêne le parti par ses relations et son train de vie. Lors de la primaire de 2006, quand il s'agit de rallier les grosses fédérations socialistes, Ségolène Royal va voir Jean-Noël Guérini, lui va voir le frère de Guérini qui est un homme d'affaires... » - On a beaucoup reproché à ceux qui savaient, les journalistes politiques en tête, de se taire... RB : « Un petit cercle seulement savait. Le problème n'est pas seulement que DSK est un dragueur, c'est son addiction qui le rend vulnérable. Ses conseillers et ses communicants, qui voyaient ce qui se passait, ont systématiquement sous-estimé ce qui était pourtant bel et bien un problème politique. » Ariane Chemin : « Dans l'ordinateur, chez Eiffage, de David Roquet (l'entrepreneur du BTP d'Annay-sous-Lens mis en examen dans l'affaire du Carlton de Lille) ont été retrouvées des photos d'armes. Un véritable arsenal ! DSK pouvait être soumis au chantage des milieux interlopes qui lui fournissaient des femmes. » - Qui, de Hollande ou Sarkozy, étant tous deux au courant de beaucoup de choses, était le pire ennemi de DSK ?
RB : « Hollande s'intéressait à DSK depuis l'affaire de la MNEF. Même s'il ne savait pas dans le détail, il se doutait que DSK aurait des problèmes s'il allait à la présidentielle. Sarkozy, comme ministre de l'Intérieur, avait une connaissance plus fine d'un comportement qui ne relève pas seulement de la vie privée puisqu'il fait l'objet de notes de police après des incidents dans le bois de Boulogne. Rien d'illégal, mais une impossibilité de se présenter devant les Français. Ni l'un ni l'autre ne pensaient qu'il irait au bout de l'élection présidentielle. Mais je ne crois pas au complot ! Je pense qu'on ne saura jamais ce qu'il s'est passé dans la suite du Sofitel, mais que, contrairement à ce qu'ont dit ses communicants d'Euro RSCG - «  Ça ne lui ressemble pas » -, ça lui ressemble... » - Fabrice Paszkowski, protagoniste de l'affaire du Carlton de Lille, a droit à un chapitre complet... AC : « C'est un courtisan d'un type nouveau : pour être plus près de son dieu, il s'invente une autre vie et devient le fournisseur et le surveillant des partouzes ! Il séduit des filles dans les bars de Lille, leur offre de la lingerie au magasin Le Printemps. « On était des poupées qu'il habille mais ne déshabille pas », dira élégamment l'une d'elles. Entrepreneur dans le médical, il offre aussi un lit médicalisé à la mère de DSK lorsqu'elle est malade, avant qu'elle ne meure en 2006. » RB : « Ce personnage fascinant montre le dévoiement de tous ceux, courtisans, partisans, conseillers, qui ont oublié les règles, même pas de morale mais de simple bon sens, à tel point qu'ils n'ont pas dit à DSK qu'il ne pouvait pas aller comme ça à l'élection présidentielle ! » •

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