- Harald Müller ist engagiert im Pascha-Bordell und Karnevalsprinz in Pulheim
- Décidément c'est devenu glorieux et respectable de travailler dans la branche de l'esclavage sexuel des femmes !
- Dans le dernier numéro du magazine féministe "Emma" (fondé par Alice Schwarzer) la journaliste Alexandra Eul a enquêté dans le bordel "Pascha" à Cologne.
- Comme aucune journaliste féminine n'est autorisée à faire un reportage dans ce lieu, Alexandra Eul s'est fait passer pour une chômeuse dénommée Nicole, 28 ans, à la recherche d'une chambre à louer pour se prosti-tuer en milieu "protégé". C'est possible dans l'endroit en question. Je n'ai pas le temps de tout traduire mais on y apprend que le prix de la location d'une chambre de passe est de 160 euros par jour (weekend compris) soit 4800 euros par mois = 3 passes "normales", (à 50 euros) ou 5 passes "express"(à 30 euros) pour juste payer le loyer d'une chambre pas très reluisante (selon la description) ! Ce loyer doit être versé journellement avant 4h du matin. À la cantine c'est 15 euros le plat le moins cher.
- IL N'Y A PAS DE CONTRAT ÉCRIT.
- La maison contient 140 chambres sur 7 étages, il s'y trouve 70 employés (cuisine, nettoyage, service) et de 15 à 30 "danseuses" + env. 70 "employées spéciales".
- L'entrée du Pascha est gratuite pour les clients à partir de 66 ans. Ceux qui se font tatoué le logo du Pascha sur le corps ont l'entrée gratuite à vie (40 hommes l'ont fait).
- Sinon l'entrée coûte de 30 à 35 euros et comprend spectacle de strip-tease, alcool, trucs et machins je ne sais pas quoi parce que le mot allemand est "Pipapo" ce qui veut dire "tout le tralala"). Pour l'accès au département des passes c'est 5 euros l'entrée.
- Pour les tournantes, gang-bang partys et tournage de film porno amateur au 11e étage (où les clients se baladent nus et masqués) c'est 60 euros (la prosti-tuée qui s'y trouve est également payée 60 euros par client mais doit payer 60 euros l'entrée également).
- Il y a de 800 à 1000 clients/jour.
- Standard (obligatoire) des conditions de "travail" pour la prosti-tuée qui travaille en "indépendante" dans le département des passes :
- 1. oral sexe sans préservatif
- 2. se faire toucher partout sauf le visage.
- 3. relation vaginale dans autant de positions que le veut le client et s'il souhaite deux filles :
- 4. jeux sexuels lesbiens
- 5. pour la sodomie c'est à l'appréciation de la prosti-tuée.
- Pour le médecin c'est dans la maison, pas à l'extérieur. Les médecins sont fournis par la boîte.
- En cas de client violent, il y a un téléphone dans la chambre (même pas un bouton d'alarme).
- Celles qui ne louent pas de chambre en "indépendantes" doivent payer 60 euros/jour pour attendre le client au bar.
- Celui-ci paie 60 euros l'entrée et la même somme à la prosti-tuée pour 1/2 heure de passe.
- Le temps de travail de ces travailleuses à la chaîne n'est pas libre. Elles doivent assurer 10 heures de "boulot" d'affilée. Celle qui n'y arrive pas, dégage. Il suffit de dire qu'elle a refusé une fellation sans préservatif et on s'en débarrasse.
- Personne ne contestera. La police ne fera pas d'enquête.
- Car ces "employées" n'en sont pas vraiment.
- Donc, celleux qui prétendraient qu'il y a une quelconque sécurité de l'emploi, des vacances payées et je ne sais quoi, se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'à la clavicule !
- Où travaille t-on au rythme de 10h par jour en faisant les 3/8 dans une firme "normale" (la boîte est ouverte 24h/24h)?
- "Emma" est un magazine qui enquête sans répit depuis plus de 30 ans sur la prostitution. Dans le dernier numéro, il y a également une enquête sur la Suède, la Suisse et l'Autriche très riche d'enseignement et qui plaide largement en faveur de la pénalisation du client.
Affaire DSK : les dollars d'une paix peu glorieuse
LE MONDE |L'argent a donc clos, définitivement, l'affaire du Sofitel de New York. Hormis Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo, personne ne saura ce qui s'est passé précisément, le 14 mai 2011, dans la trop fameuse suite 2806, entre la femme de chambre de l'hôtel et celui qui était alors directeur général du Fonds monétaire international et quasi candidat à l'élection présidentielle française de 2012. Personne ne saura si la "relation sexuelle précipitée" qui eut lieu ce jour-là était forcée ou consentie.
Faute de preuves matérielles assez convaincantes, le procureur de New York a classé l'affaire au plan pénal le 23 août 2011. Restait le volet civil. Il est désormais refermé : les avocats des deux parties sont parvenus, le 10 décembre, à un accord financier qui met un terme à ce scandale planétaire. Une telle procédure est très fréquente aux Etats-Unis ; elle est couverte, tout aussi banalement, par une clause d'absolue confidentialité sur le montant de la transaction.Le rideau est tombé sur cette pièce peu reluisante. Reste un ahurissant et humiliant gâchis.
Pour M. Strauss-Kahn, évidemment. Utilisant toutes les ressources de la justice américaine, il n'aura pas pris le risque d'un procès public – et n'aura donc jamais été complètement innocenté. Contraint de quitter dans des conditions infamantes la direction du FMI, comme de renoncer à toute ambition politique, il laissera l'image, indélébile, d'un des hommes les plus puissants de la planète sortant menotté du commissariat d'Harlem pour être jeté dans le pénitencier de Rickers Island.
Pour sa famille, otage de ses pulsions et de ses dérapages. Pour son entourage, prisonnier sinon complice de ses imprudences. Des "imprudences" dont l'affaire française du Carlton de Lille – dans laquelle il reste mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", dans l'attente d'une décision de la cour d'appel de Douai, qui doit intervenir avant Noël – a fourni une nouvelle démonstration.
Pour Nafissatou Diallo, enfin. Cette jeune femme, mère d'une petite fille, originaire de Guinée, 33 ans aujourd'hui, a été contrainte d'arrêter son travail au Sofitel.
Depuis dix-huit mois, elle vivait recluse, protégée par la justice américaine mais rejetée par sa communauté, dans l'attente du règlement d'une affaire qui aura bouleversé sa vie.
Ainsi l'argent aura acheté le silence et permis de négocier l'extinction des poursuites de la justice américaine. Il aura permis de signer une paix peu glorieuse.
Mais l'argent n'aura pas lavé l'indignité. Ni pour Dominique Strauss-Kahn, ni pour Nafissatou Diallo. La vie de l'un aura été brisée. Impitoyablement. Par sa faute, sa "faute morale", comme il l'avait lui-même admis à la télévision, en septembre 2011. La vie de l'autre est désormais à reconstruire. Pour elle, c'est la moindre des justices.
Editorial
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