Affaire DSK contre Diallo: un livre dénonce les erreurs de la procédure pénale à New York
Créé le 31-05-2012 à 18h46 - Mis à jour à 18h46
Erreurs et approximations dans l'enquête, manque d'expérience et
luttes internes ont pesé lourd dans le classement de la procédure pénale
contre Dominique Strauss-Kahn à New York, affirme un livre à paraître
aux Etats-Unis qui tord aussi le cou aux théories du complot.
"DSK, le scandale qui a fait chuter Dominique Strauss-Kahn", qui sort le 5 juin, a été écrit par John Solomon, le journaliste ayant interviewé la femme de chambre Nafissatou Diallo pour Newsweek.
Il raconte par le menu l'enquête, ses coulisses et ses acteurs, et les passions qui ont fait rage dès le moment où la femme de chambre guinéenne a affirmé le 14 mai 2011 à une supérieure du Sofitel qu'un "homme aux cheveux blancs" l'avait forcé à une fellation.
Selon lui, la police de New York et le procureur ont commis des erreurs dès le début.
Le 14 mai, conduit dans un commissariat de Harlem, DSK ne sera pas interrogé pendant plus de six heures, rapporte-t-il. Ce délai empêchera d'avoir sa version des faits: à 23H00, son avocat, qui l'a enfin localisé, lui enjoindra en effet de ne pas parler.
Le procureur élu de Manhattan Cyrus Vance occupait ses fonctions au moment de l'affaire depuis 16 mois. Son travail, écrit John Solomon, a été celui d'un "procureur inexpérimenté, projeté dans l'arène alors qu'il n'était pas encore prêt".
Cela explique selon lui l'inculpation au pas de charge de DSK et "la réaction excessive dans l'autre direction" quand seront découverts les mensonges de Nafissatou Diallo sur son passé.
Il souligne également que la responsable de la section des crimes sexuels de l'équipe Vance, Lisa Friel, 25 ans d'expérience, a été écartée au profit de deux procureurs spécialistes des affaires de meurtre, dont "aucune n'avait l'expérience, la formation, ou le tempérament pour traiter avec une femme de chambre immigrée compliquée".
"Le début de la fin"
Elles prendront selon lui très mal en juin le fait que Diallo ait menti, en affirmant avoir été victime d'un viol collectif en Guinée: un récit "embelli" d'un viol réel, concocté quelques années plus tôt pour obtenir l'asile aux Etats-Unis.
Peu importe que ses collègues lui ayant parlé au Sofitel soient tous convaincus par le récit d'une collègue analphabète qu'ils décrivent comme timide et travailleuse. Peu importe les éléments matériels corroborant ce récit.
"C'était le début de la fin de la procédure pénale contre DSK. Et les jours suivants verront une escalade dans les insultes entre l'équipe des procureurs et l'avocat de Diallo", écrit Solomon.
Des fuites dans la presse empoisonnent un peu plus le climat.
Pourtant, écrit l'auteur, l'avocat du Sofitel, Lanny Davis, juriste chevronné, a lui aussi interrogé Nafissatou Diallo et s'est dit "convaincu".
L'ouvrage explique aussi que la femme de chambre ne voulait pas parler à la police, craignant de perdre son travail. Ce n'est qu'après avoir été rassurée, qu'elle aurait accepté.
L'auteur affirme aussi que le signal du BlackBerry perdu par Dominique Strauss-Kahn a montré "qu'il s'éloignait de l'hôtel" lorsqu'il a cessé d'émettre, contredisant l'idée selon laquelle il aurait été volé par Diallo.
John Solomon affirme aussi que les procureurs ont affirmé à tort qu'elle avait changé sa version sur ce qui s'était passé après l'incident.
Quand elle explique le 28 juin, via un traducteur remplaçant --Diallo parle un dialecte fulani-- qu'elle a nettoyé la suite voisine de celle de DSK, les procureurs comprennent qu'elle parle d'après l'incident. Mais selon les relevés des clés magnétiques, c'était avant. "Ils n'ont jamais admis qu'il était possible qu'ils n'aient pas compris Diallo sur la séquence des événements", écrit-il.
Et il affirme que ce n'est pas Nafissatou Diallo qui a mentionné au téléphone dans une conversation en fulani le 16 mai que DSK était un homme riche, mais son "ami" emprisonné Amara Tarally.
Sur LeNobs.fr
"DSK, le scandale qui a fait chuter Dominique Strauss-Kahn", qui sort le 5 juin, a été écrit par John Solomon, le journaliste ayant interviewé la femme de chambre Nafissatou Diallo pour Newsweek.
Il raconte par le menu l'enquête, ses coulisses et ses acteurs, et les passions qui ont fait rage dès le moment où la femme de chambre guinéenne a affirmé le 14 mai 2011 à une supérieure du Sofitel qu'un "homme aux cheveux blancs" l'avait forcé à une fellation.
Selon lui, la police de New York et le procureur ont commis des erreurs dès le début.
Le 14 mai, conduit dans un commissariat de Harlem, DSK ne sera pas interrogé pendant plus de six heures, rapporte-t-il. Ce délai empêchera d'avoir sa version des faits: à 23H00, son avocat, qui l'a enfin localisé, lui enjoindra en effet de ne pas parler.
Le procureur élu de Manhattan Cyrus Vance occupait ses fonctions au moment de l'affaire depuis 16 mois. Son travail, écrit John Solomon, a été celui d'un "procureur inexpérimenté, projeté dans l'arène alors qu'il n'était pas encore prêt".
Cela explique selon lui l'inculpation au pas de charge de DSK et "la réaction excessive dans l'autre direction" quand seront découverts les mensonges de Nafissatou Diallo sur son passé.
Il souligne également que la responsable de la section des crimes sexuels de l'équipe Vance, Lisa Friel, 25 ans d'expérience, a été écartée au profit de deux procureurs spécialistes des affaires de meurtre, dont "aucune n'avait l'expérience, la formation, ou le tempérament pour traiter avec une femme de chambre immigrée compliquée".
"Le début de la fin"
Elles prendront selon lui très mal en juin le fait que Diallo ait menti, en affirmant avoir été victime d'un viol collectif en Guinée: un récit "embelli" d'un viol réel, concocté quelques années plus tôt pour obtenir l'asile aux Etats-Unis.
Peu importe que ses collègues lui ayant parlé au Sofitel soient tous convaincus par le récit d'une collègue analphabète qu'ils décrivent comme timide et travailleuse. Peu importe les éléments matériels corroborant ce récit.
"C'était le début de la fin de la procédure pénale contre DSK. Et les jours suivants verront une escalade dans les insultes entre l'équipe des procureurs et l'avocat de Diallo", écrit Solomon.
Des fuites dans la presse empoisonnent un peu plus le climat.
Pourtant, écrit l'auteur, l'avocat du Sofitel, Lanny Davis, juriste chevronné, a lui aussi interrogé Nafissatou Diallo et s'est dit "convaincu".
L'ouvrage explique aussi que la femme de chambre ne voulait pas parler à la police, craignant de perdre son travail. Ce n'est qu'après avoir été rassurée, qu'elle aurait accepté.
L'auteur affirme aussi que le signal du BlackBerry perdu par Dominique Strauss-Kahn a montré "qu'il s'éloignait de l'hôtel" lorsqu'il a cessé d'émettre, contredisant l'idée selon laquelle il aurait été volé par Diallo.
John Solomon affirme aussi que les procureurs ont affirmé à tort qu'elle avait changé sa version sur ce qui s'était passé après l'incident.
Quand elle explique le 28 juin, via un traducteur remplaçant --Diallo parle un dialecte fulani-- qu'elle a nettoyé la suite voisine de celle de DSK, les procureurs comprennent qu'elle parle d'après l'incident. Mais selon les relevés des clés magnétiques, c'était avant. "Ils n'ont jamais admis qu'il était possible qu'ils n'aient pas compris Diallo sur la séquence des événements", écrit-il.
Et il affirme que ce n'est pas Nafissatou Diallo qui a mentionné au téléphone dans une conversation en fulani le 16 mai que DSK était un homme riche, mais son "ami" emprisonné Amara Tarally.
Sur LeNobs.fr