Tariq et le préservatif
Tariq Ramadan, le «professeur
d’Oxford», fait la tournée des popotes médiatiques pour expliquer sa
vision de la situation égyptienne. Il était ce mardi à la TSR.
Darius Rochebin, un peu perdu dans ses notes, fait remarquer au
copain des Frères musulmans que l’armée a commis «des horreurs» en
obligeant des manifestantes à des contrôles de virginité. Mais qu’il y a
aussi «des horreurs» du côté des Frères quand ils veulent condamner les
femmes à obtenir l’accord du mari pour voyager, ou condamner «le droit
des adolescents à avoir accès aux contraceptifs »…
Le mari interdit à sa ministre-épouse de décoller
Là, vous êtes un peu estomaqué... pas par la première interdiction, bien connue en islam. On a même vu une ministre de Moubarak être empêchée durant deux heures de décoller, son mari refusant de lui donner la permission.
En revanche, on n’a jamais entendu un parti musulman autoriser des jeunes gens à faire l’amour («forniquer» comme ils disent joliment) sous peine de rudes sanctions. Alors, imaginer des islamistes laisser libre accès aux préservatifs… Ce n’est pas horrible, c’est surréaliste!
Vous avez dit horreur?
Les Frères musulmans défendent en revanche certains préceptes vraiment horribles, comme priver les femmes de toute autonomie, les exclure de l’espace public, contrôler leur sexualité, et tout le reste de la Loi divine (héritage, témoignage, obéissance au mâle, autorisation à celui-ci de la battre, etc.) et punition des récalcitrantes selon les normes de la charia.
Le professeur d'Oxford allait-il rectifier à propos des préservatifs pour ados? Que nenni! Il utilise aussitôt les deux exemples «d’horreurs» pour faire avancer son schmilblick politique: «Attention, les positions dont vous parlez, ne sont pas celles des Frères musulmans, ce sont celles des salafistes!» (ses ennemis wahhabites)
Et en bouquet final: «Ces positions n’ont rien à voir avec l’islam!»
On s'étrangle... Mais pas Rochebin.
Le prosélyte invité comme expert
J’avoue être toujours surprise de cette convocation systématique par nos médias de l’un des prosélytes les plus dangereux de notre époque, frère des Frères musulmans, comme s'il était un expert scientifique. Or, toutes ses convictions fondamentalistes –qu’il exprime rarement devant les journalistes il est vrai- sont accessibles. Je ne résiste pas, puisqu’il parle des mœurs salafistes, à signaler les siennes.
En islam, la contraception est interdite
Dans un livre-entretien avec Jacques Neyrinck (1999, régulièrement réimprimé depuis lors), le futur professeur d'Oxford dévoile les interdits. Il rappelle qu’en islam, l'usage de la contraception est prohibé. Mais il existe, précise-t-il, des autorisations exceptionnelles accordées par les religieux, à condition que l’usage de la contraception soit «naturel». Le professeur ne condamne pas la polygamie, ni l'interdiction de l’homosexualité, ni l’interdiction qu’une femme épouse un non-musulman, ni l’interdiction d’avorter "sauf dans la situation, établie par consensus entre les savants, où la vie de la mère est en danger." Il pense que les cautèles mises par sa religion à la lapidation et à l’amputation les rendent presque irréalisables, et rappelle : "La fornication et l'adultère sont des choses très graves devant Dieu…"
Pour son livre Frère Tariq, Caroline Fourest a fait d'autres trouvailles dans les cassettes et conférences du prédicateur. Il conseille aux filles de ne pas participer aux activités sportives, et à ses troupes d’éviter les touchers de paumes mixtes: «Essayez de l’éviter, mais quand on vous tend la main, vous donnez la main.» Il condamne les relations sexuelles avant le mariage - mais pas les préservatifs pour ados?- et la présence d'un homme et d'une femme non mariés seuls dans une pièce. Il s'oppose à la fréquentation des piscines mixtes et ceci pour les deux sexes.
Le modèle d’émancipation des musulmanes? Vous ne devinerez pas!
Lorsque Neyrinck tente de trouver un modèle où le sort des femmes ne serait pas trop dramatique (Turquie? Tunisie?, suggère-t-il), le futur professeur d'Oxford lance tout de go: l’Iran:"l'évolution du statut des femmes iraniennes a été particulièrement impressionnant" (…) "l'Iran est sans doute l'un des pays musulmans qui a fait le plus de progrès, ces vingt dernières années, quant à l'évolution des droits de la femme (…) L'évolution, lente, pénible, mais réelle, se fait de l'intérieur du champ de référence musulman." Oh merci et encore merci Ruhollah!
Pas d’amputation avant cinq ans, dit le savant
Hors mœurs et statut des femmes, on rappellera que Tariq est un admirateur de Al Qaradawi, l'un des plus influents et l'un des plus radicaux des «savants» sunnites. L’année dernière, il a inauguré avec lui au Qatar un «Centre de recherche pour la législation islamique et l’éthique». Qaradawi a déclaré après la Révolution égyptienne: «Je pense que durant les cinq premières années, il ne devrait pas y avoir de mains amputées. Cette période doit être consacrée à l’enseignement.»
Devinette. Avec ce genre de convictions, diriez-vous que Tariq est Frère musulman ou salafiste ? Question subsidiaire: quelle différence pour les femmes et les humanistes?
La chaire du professeur d'Oxford aurait été achetée selon certaines sources bien informées...
Les idées et citations de TR sont empruntées à « Islamophobie ou légitime défiance?»
Mireille Vallette
Première publication sur http://contre-chantmireillevallette.blog.tdg.ch
Là, vous êtes un peu estomaqué... pas par la première interdiction, bien connue en islam. On a même vu une ministre de Moubarak être empêchée durant deux heures de décoller, son mari refusant de lui donner la permission.
En revanche, on n’a jamais entendu un parti musulman autoriser des jeunes gens à faire l’amour («forniquer» comme ils disent joliment) sous peine de rudes sanctions. Alors, imaginer des islamistes laisser libre accès aux préservatifs… Ce n’est pas horrible, c’est surréaliste!
Vous avez dit horreur?
Les Frères musulmans défendent en revanche certains préceptes vraiment horribles, comme priver les femmes de toute autonomie, les exclure de l’espace public, contrôler leur sexualité, et tout le reste de la Loi divine (héritage, témoignage, obéissance au mâle, autorisation à celui-ci de la battre, etc.) et punition des récalcitrantes selon les normes de la charia.
Le professeur d'Oxford allait-il rectifier à propos des préservatifs pour ados? Que nenni! Il utilise aussitôt les deux exemples «d’horreurs» pour faire avancer son schmilblick politique: «Attention, les positions dont vous parlez, ne sont pas celles des Frères musulmans, ce sont celles des salafistes!» (ses ennemis wahhabites)
Et en bouquet final: «Ces positions n’ont rien à voir avec l’islam!»
On s'étrangle... Mais pas Rochebin.
Le prosélyte invité comme expert
J’avoue être toujours surprise de cette convocation systématique par nos médias de l’un des prosélytes les plus dangereux de notre époque, frère des Frères musulmans, comme s'il était un expert scientifique. Or, toutes ses convictions fondamentalistes –qu’il exprime rarement devant les journalistes il est vrai- sont accessibles. Je ne résiste pas, puisqu’il parle des mœurs salafistes, à signaler les siennes.
En islam, la contraception est interdite
Dans un livre-entretien avec Jacques Neyrinck (1999, régulièrement réimprimé depuis lors), le futur professeur d'Oxford dévoile les interdits. Il rappelle qu’en islam, l'usage de la contraception est prohibé. Mais il existe, précise-t-il, des autorisations exceptionnelles accordées par les religieux, à condition que l’usage de la contraception soit «naturel». Le professeur ne condamne pas la polygamie, ni l'interdiction de l’homosexualité, ni l’interdiction qu’une femme épouse un non-musulman, ni l’interdiction d’avorter "sauf dans la situation, établie par consensus entre les savants, où la vie de la mère est en danger." Il pense que les cautèles mises par sa religion à la lapidation et à l’amputation les rendent presque irréalisables, et rappelle : "La fornication et l'adultère sont des choses très graves devant Dieu…"
Pour son livre Frère Tariq, Caroline Fourest a fait d'autres trouvailles dans les cassettes et conférences du prédicateur. Il conseille aux filles de ne pas participer aux activités sportives, et à ses troupes d’éviter les touchers de paumes mixtes: «Essayez de l’éviter, mais quand on vous tend la main, vous donnez la main.» Il condamne les relations sexuelles avant le mariage - mais pas les préservatifs pour ados?- et la présence d'un homme et d'une femme non mariés seuls dans une pièce. Il s'oppose à la fréquentation des piscines mixtes et ceci pour les deux sexes.
Le modèle d’émancipation des musulmanes? Vous ne devinerez pas!
Lorsque Neyrinck tente de trouver un modèle où le sort des femmes ne serait pas trop dramatique (Turquie? Tunisie?, suggère-t-il), le futur professeur d'Oxford lance tout de go: l’Iran:"l'évolution du statut des femmes iraniennes a été particulièrement impressionnant" (…) "l'Iran est sans doute l'un des pays musulmans qui a fait le plus de progrès, ces vingt dernières années, quant à l'évolution des droits de la femme (…) L'évolution, lente, pénible, mais réelle, se fait de l'intérieur du champ de référence musulman." Oh merci et encore merci Ruhollah!
Pas d’amputation avant cinq ans, dit le savant
Hors mœurs et statut des femmes, on rappellera que Tariq est un admirateur de Al Qaradawi, l'un des plus influents et l'un des plus radicaux des «savants» sunnites. L’année dernière, il a inauguré avec lui au Qatar un «Centre de recherche pour la législation islamique et l’éthique». Qaradawi a déclaré après la Révolution égyptienne: «Je pense que durant les cinq premières années, il ne devrait pas y avoir de mains amputées. Cette période doit être consacrée à l’enseignement.»
Devinette. Avec ce genre de convictions, diriez-vous que Tariq est Frère musulman ou salafiste ? Question subsidiaire: quelle différence pour les femmes et les humanistes?
La chaire du professeur d'Oxford aurait été achetée selon certaines sources bien informées...
Les idées et citations de TR sont empruntées à « Islamophobie ou légitime défiance?»
Mireille Vallette
Première publication sur http://contre-chantmireillevallette.blog.tdg.ch
juste un point sur ceci :
"Il devra par contre se soumettre à une thérapie afin de lutter contre la délinquance sexuelle"
1) le viol n’est pas un délit, le viol sur mineure de – 15 ans, sur une personne dont on la responsabilité, sont des circonstances aggravantes. Il n’est donc pas délinquant, il est criminel.
2) rappelons ce qu’est la "psychothérapie" proposée à ces hommes : la rencontre avec des psy (les femmes dans ce système servant de paillasson psychique à toute la perversion normative, c’est à dire la phallocratie, du coupable = une des merveilles du patriarcat qui d’un côté détruit les femmes, et de l’autre les utilise pour soigner les bourreaux) qui vont leur parler de papa-maman (enfin surtout de maman, car les agresseurs trouvent toujours une femme à accuser pour excuser leurs crimes sexistes, la théorie de la mère castratrice émane directement des dires des "patients") et se victimiser sans limite (« trauma de l’enfance, société qui ne leur fournit pas assez de prostituées, enfants aguicheuses »).
En un mot : retournement de la culpabilité et pas un mot sur le véritable enjeu de ces violences. Car elles sont politiques. Quand on né homme dans un patriarcat, cibler une enfant ou une femme, et utiliser contre elles l’arme politique absolu (le viol) c’est une violence politique. Et elle doit être traitée comme telle. C’est à dire que d’un double point de vue (clinique et éthique) il s’agit de traiter ce coupable non comme un déviant (à la norme), mais bien comme un individu symptôme d’un système social normatif, organisé par et pour la violence contre la femme et les enfants.
Ce qui change tout dans l’approche. Les coupables, admis comme tels dans le service, ne sont pas des « patients » ou des personnes à « aider », ce sont des bombes à désamorcer : ce qui importe dans l’abord de cette population, ce n’est pas la personne que l’on reçoit mais les femmes ou les enfants autour de lui. Les décisions cliniques ne doivent pas s’ajuster aux résistances et aux refus du coupable mais à l’urgence de la situation pour les vraies victimes (les personnes cibles qu’il côtoie ou va côtoyer en sortant).
Ainsi, comme le font les psy spécialisées dans la responsabilisation (et non la « prise en charge » !) des bourreaux de prisons politiques, des génocidaires ou des enfants soldats, il faut axer la « thérapie » sur :
- la construction d’une conscience politique des faits : le coupable doit comprendre qu’il est un soldat d’un système, non pas pour amoindrir sa responsabilité, bien au contraire (puisqu’il s’agit aussi de comprendre que sa victime est une cible politique, donc qu’elle a été déjà victime avant lui, et le sera encore, à cause d’autres comme lui), mais pour détruire toute la mythologie qui entoure l’acte (« je suis le maître , l’Homme / je suis victime de mes pulsions vs elle est un objet, un objet à prendre / elle est une perverse qui provoque ce qui lui arrive »). Ceci ne peut que reposer sur un abord féministe des faits. Or presque aucun psy ne fait cela en France face aux coupables (sauf Muriel Salmona).
- la création d’un sentiment qui est l’un des seuls freins psychiques que l’on connaisse au mal : la honte. Pas la culpabilité, non, mais la honte face à ses actes, et aux actes de ses frères d’arme (pour prévenir la récidive). Mais pour cela, il faut détruire le mythe de l’Homme : le Nabokov grand écrivain, le Marlon Branlo bourreau des cœurs, l’Instit merveilleux éducateur, le Polanski pur génie, le Mitterrand esthète, etc. A la place, il faut montrer la lâcheté de l’homme qui se sert au banquet des dominants, la saloperie de l’adulte qui détruit méthodiquement la vie et la joie, l’abjection de la meute qui traque et au milieu, lâche et arrogant, le petit soldat qui tire et achève.
Mais pour attaquer « l’Homme », il faudrait avoir autre chose en France qu’un système de thérapie basé sur la « réinsertion au système symbolique » social, c’est-à-dire :
- basé sur l’injonction à l’hétérosexualité bienheureuse pour les femmes : on traite les victimes de violences sexuelles pour éradiquer chez elles le rejet des hommes qu’elles pourraient éprouver (et qu’elles éprouvent très souvent !), même (et surtout car il s’agit de re-dissocier les femmes) si cette rééducation doit nier leur bon sens et la lucidité qu’elles ont acquise dans la souffrance concernant la violence masculine ;
- basé sur l’injonction à la virilité conquérante pour les hommes (j’ai entendu de mes oreilles un chef de service spécialisé dans la « prise en charge » des pédocriminels dire que la thérapie consistait à leur faire « changer d’objet », pour passer de l’enfant à la femme ! Quand c’est pas en tant que psy que les femmes épongent la saloperie masculine, c’est en tant que conjointe ! et c’est une véritable politique thérapeutique !).
bref, quand la justice transforme la sanction pénal en thérapie, c’est pire qu’un déni de justice, c’est un retournement de la culpabilité (le coupable est à plaindre) et un transfert de responsabilité sur les victimes futures (c’est aux femmes, psy, conjointe ou victime dans la justice réparatrice) de soigner le coupable. L’une des pires arnaques que le système judiciaire ait produit en matière de violences sexistes.