Il paraît que nous devons nous estimer heureuses, nous, les femmes, car nous n'avons pas Daesh en Europe et, de ce fait, la chance insigne de n'être ni tuées, ni violées, ni vendues, ni mutilées, ni lapidées ni décapitées.
Il paraît queue.
Et en attendant, faisons en sorte qu'avec nos éternelles revendications, nous ne provoquions pas le destin.
Le magazine néoconservateur et masculiniste Causeur, créé pour rétablir l'équilibre de l'inégalité H/F dangereusement compromise (si, si) un jour, par l'apparition surprise d'un magazine teinté par endroit de ce qui aurait plus ou moins l'allure de féminisme (Causette Le Mag), nous le gueule à la face avec postillons ajoutés. C'est un certain Brighelli qui jette l'anathème en ces termes plein de respect et de sens du dialogue : "Bande de punaises qui n'a rien d'autre à foutre que d'emmerder avec vos conneries le gentil mâle blanc féministe occidental, allez donc vous faire décapiter en Irak, crétines bornées !" (je condense un peu les termes de ses deux articles).
Que ce magazine ait été créé pour veiller au maintien de l'oppression des femmes, et que ce distingué auteur y pique ses crises d'hystérie, est déjà en soi assez pitoyable, mais l'affront réel fait aux féministes et, en même temps, la preuve que nous avons bien affaire à des individus sans don, sans talent, sans imagination, sans goût et, de plus, jaloux, mesquins et malhonnêtes, c'est qu'ils pillent sans vergogne nos causes et slogans qui ont servis à nos combats afin d'en faire leur bannière, c'est qu'ils déterrent nos mortes pour s'en faire un paravent.
Minable !
Lamentable !
Ignoble !
Tout le monde se souvient du très ridicule manifeste des 343 salauds qui consistaient à revendiquer le droit de violer des femmes pauvres contre un peu de l'argent hérité de papa, et dont le nom avait été volé au dur combat féministe pour le droit à l'avortement. Et bien Causeur récidive, mais en se servant, cette fois, d'une combattante à qui ils ont coupé eux-mêmes la tête, pour nous blâmer de demander de changer les termes de la déclaration des droits du zob.
"Au secours, Olympe de Gouges, reviens, elles sont devenues folles" titre Brighelli pour venir au secours d'un autre soldat du patriarcat, un dénommé Laurent Bouvet. Ce dernier s'est fendu d'une analyse aussi insultante que pétrie d'ignorance envers le manifeste mis au point par Zeromacho en vu de modifier les termes excluant les femmes de la déclaration des droits qui se voudraient pourtant pan-humains.
Cet obsédé des mouvements identitaires, voit donc dans la démarche de faire apparaître les femmes dans le texte de 1789, une sorte de revendication identitaire. Malgré ses efforts surhumains pour ne pas apparaître sexiste, il trahit involontairement sa vision machiste de la femme comme sous-espèce, créature atypique affublé d'un particularisme génétique rare (ou pas) à l'instar de la trisomie, l'homme étant le prototype de base de toute espèce. Sa perfection.
Le FN pense à peu près la même chose des immigréEs.
Mais ces deux machistes à tendance fascistes ne veulent surtout pas passer pour ce qu'ils sont.
Ils ont honte ! Ils ne supportent pas d'être traités de réacs, de beaufs, de gros ringards passéistes repliés sur leurs privilèges.
Ils veulent être féministes.
Oui vous avez bien lu. Non ce n'est pas contradictoire.
Les masculinistes qui ne s'assument pas sont ainsi.
Ils ne supportent pas d'être percus comme des privilégiés, ils veulent être des non-privilégiés eux aussi. Ils ne supportent pas du tout que les féministes aient ce qu'ils considèrent comme un PRIVILÈGE (à leurs yeux) celui d'être des non-privilégiéEs.
Donc les féministes, c'est eux.
Car il leur faut TOUT.
Rien ne doit leur échapper, tout doit leur appartenir.
Ils sont là pour tout posséder et distribuer les miettes de leurs possessions quand bon leur semble et à qui ils veulent.
Que personne ne prenne d'initiative sans les consulter !
C'est leur pensée qui compte et aucune autre !
Ils savent tout, ils ont tout vécu, ils ont été partout et même le militantisme qui ne les concerne pas est à eux.
Pour défendre Laurent Bouvet, Brighelli met dans les mots-clés de son article "Gouines rouges" pour que, surtout, on ne se méprenne pas. IL EST FÉMINISTE et DE GAUCHE ! Il a milité avec les Gouines rouges ! Qu'il mentionne son prétendu militantisme dans un journal ultra libéral de droite , n'est pas un problème pour lui. Son supposé passé justifie son présent.
Et puis, d'après lui, c'est le mouvement Osez le Féminisme qui est anti-féministe.
En tapant sur Osez le Féminisme il fait même oeuvre de féminisme.
Matraquer c'est protéger. Insulter c'est respecter. Être un mascu c'est défendre les droits des femmes.
Et s'accaparer leurs symboles puis s'enfuir avec, en courant, tout en aboyant des insultes, suffit à faire d'eux des féministes, pensent-ils.
Donc, le féminisme, les Gouines rouges, le MLAC, les 343 salopes, Olympe de Gouges ce n'est pas à nous, compris ? C'EST À EUX !
Du moins aussi longtemps que nous les revendiquerons, hein, parce que sans cela ils s'en fichent complètement. Quand nous arrêterons, ils jetteront tout ceci discrètement à la poubelle. L'essentiel étant que nous n'ayons rien, et eux, tout.
Heureusement, certains hommes aussi en ont marre de ces vampires qui vident tout de leur contenu et qui n'ont plus aucune vie propre quand ils ne peuvent plus nous priver de la nôtre.
Mais avec son manifeste pour un changement de la déclaration des droits de tout-e-s, Zéromacho a réveillé les morts-vivants ce qui fait qu'ils sortent maintenant un à un de leur léthargie pour mordre.
Ces minables sont malheureusement capables de tout. Non contents d'avoir décapité Olympe de Gouges, ils veulent maintenant en faire un symbole du masculinisme.
Ce n'est pas nouveau.
Le FN s'est bien emparé de Jeanne d'Arc qui n'a jamais fait la guerre par racisme ni soif de sang mais pour permettre le retour de la paix après cent ans de chaos dû à l'incompétence masculine.
Incompétents qui ont permis qu'elle soit ensuite martyrisée.
Plus un parti est sale et masculin, plus il a besoin d'une image "pure" et féminine. Plus il est moisi, plus il lui faut se dissimuler derrière l'une de ses martyres comme si celle-ci l'avait été pour leur cause.
La père version.
Toujours.
(Actualisation du 31.3.15 : depuis la parution de cet article, l'agité Brighelli a, honteux et confus d'avoir ouvert un peu trop largement le bec, retiré "gouines rouges" de ses mots-clés. Amusant.... #oupas)
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