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lundi 26 mars 2012

Carlton : DSK mis en examen pour proxénétisme en bande organisée

L’ancien directeur général du FMI a été mis en examen hier soir par les juges d’instruction de Lille (Nord). Il est ressorti libre sous contrôle judiciaire.

Jean-Marc Ducos | Publié le 27.03.2012, 07h22

LILLE (NORD), HIER SOIR. Dominique Strauss-Kahn quitte le palais de justice après sa mise en examen.

LILLE (NORD), HIER SOIR. Dominique Strauss-Kahn quitte le palais de justice après sa mise en examen. | (REUTERS/PASCAL ROSSIGNOL.)

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C’est une feinte judiciaire comme il en existe peu. Des précautions à la hauteur du coup de tonnerre politico-judiciaire, inédit en , où jamais un personnage de cette envergure n’a été mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée », une qualification criminelle passible de vingt ans de prison. Initialement convoqué demain, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, s’est rendu, hier, avec deux jours d’avance dans le bureau de Stéphanie Ausbart, Mathieu Vignau et Ida Chafaï, les trois d’instruction de Lille (Nord) chargés de l’affaire dite de l’hôtel Carlton de Lille.

« Il déclare avec la plus grande fermeté n’être coupable d’aucun de ces faits et n’avoir jamais eu la moindre conscience que les femmes rencontrées pouvaient être des prostituées », a déclaré à la sortie de l’audition un de ses avocats, Me Richard Malka, dont le client est ressorti peu après 22 heures du palais de de Lille. Sous contrôle judiciaire et avec une version de 100 000 € à verser.

Les trois magistrats explorent, depuis un an tout juste, les méandres d’un réseau qui a organisé des parties fines à Paris et Washington mais aussi à Vienne et Madrid, avec des prostituées rémunérées par le patron d’une filiale du groupe de construction Eiffage et le dirigeant d’une société de matériel médical. Un dossier où s’entremêlent les relations politiques, financières et policières, sur fond de libertinage.

DSK était arrivé, sans que le procureur de Lille en soit averti, vers 14h30 au palais de justice en vue de son éventuelle mise en examen pour « complicité de proxénétisme aggravé » et « recel d’abus de biens sociaux ». Les juges ont finalement retenu une incrimination plus grave, le proxénétisme aggravé en bande organisée.

Durant sa garde à vue les 21 et 22 février dernier, DSK a assuré que les femmes rencontrées lors de ces parties fines étaient « consentantes » et qu’il « ne pouvait savoir qu’il s’agissait de prostituées car ses partenaires lui étaient présentées par le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde (NDLR : mis en examen dans ce dossier) ». Hier, les juges ont sans doute dû questionner DSK sur ce point crucial. Dans le dossier figurent plusieurs témoignages embarrassants, comme celui d’Anne-Marie, une call-girl belge, habituée des rencontres avec DSK à Enghien (Belgique) et à Washington (Etats-Unis). Cette prostituée a assuré aux policiers français et belges que DSK savait qu’elle était payée par des tiers. Elle a également indiqué que DSK voulait s’affranchir des « intermédiaires », que sont les chefs d’entreprise Fabrice Paszkowski et David Roquet, déjà mis en examen. Selon cette Belge, DSK aurait demandé à une de ses amies call-girl prénommée Aurélie « ses tarifs » pour des rencontres plus intimes. Aurélie, dont le site Internet propose des prestations particulières, a démenti. Les enquêteurs s’étaient demandés si une subornation de témoin n’a pu expliquer ses dénégations.

Parmi les éléments à charge, il y a aussi ce SMS dans lequel DSK recommande l’une de ses partenaires à un ami en des termes peu délicats. Selon les enquêteurs, ce texto montre que DSK connaît la qualité de prostituée de cette femme. Après cette mise examen sans précédent, l’ancien favori du PS pour les Présidentielles est la neuvième personne poursuivie dans ce dossier sensible.


Repères

Début 2011. Un renseignement anonyme parvient à la police lilloise. Il donne trois numéros de portables, dont celui du responsable des relations publiques du Carlton de Lille, soupçonné de mettre des clients en contact avec des prostituées.

2 février 2011. Ouverture d’une enquête préliminaire pour des faits de proxénétisme. Des écoutes sont mises en place.

28 mars 2011. Une information judiciaire est ouverte pour proxénétisme aggravé. Deux juges d’instruction du parquet de Lille sont chargés de l’affaire. Un troisième se verra confier le volet financier.

7-20 octobre 2011. Huit personnes sont mises en examen. Parmi elles, le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde et les chefs d’entreprise David Roquet et Fabrice Paszkowski, ce dernier étant un ami proche de DSK, sont mis en cause pour « proxénétisme aggravé en bande organisée ».

21 février 2012. DSK est entendu par les enquêteurs de la PJ lilloise. Il ressort libre après une trentaine d’heures de garde à vue, avec une convocation chez les juges.

26 mars 2012. Convoqué initialement le 28 mars, DSK a été entendu hier par les trois juges d’instruction de Lille qui l’ont mis en examen pour proxénétisme aggravé.



VIDEO. Un nouveau chapitre judiciaire s'ouvre à New York










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