lundi 7 janvier 2013
Prostitution, Libération remet le couvert
Le journal Libération a donc remis le couvert. Un long article
donne la parole à Marcel Nuss, poly-handicapé, membre du STRASS et
défendant à ce titre le système de prostitution qu'il aimerait voir
légaliser. L'article est sans distance aucune, dans la complaisance
totale.
On
ne peut que s'interroger sur le tournant pris ces dernières années par
Libération. Journal historiquement progressiste, celui-ci développe et
propage les idées les plus réactionnaires à la mode. Marcela Iacub dont
on connaît les positions ahurissantes sur le viol y a son rond de
serviette. Le système prostitueur y est vanté par pages entières,
donnant la parole ici à Caubère et là à d'autres sans jamais faire un
véritable travail d'investigation sur ce qu'est la prostitution
aujourd'hui, travaux scientifiques ou terrain à l'appui.
Les
journaux n'ont plus les moyens de financer un tel travail me
direz-vous? C'est la rengaine habituelle justifiant une paresse et une
soumission idéologique qu'il faut mettre en perspective avec le chiffre
d'affaires de Médiapart, six fois supérieur à celui de Libération.fr...
Pour
des raisons qui appartiennent à sa rédaction (et qu'on imagine), Libé a
donc pris le parti de défendre "la liberté de se prostituer". A court
d'argument, les pro-prostitution en viennent souvent à la question du
handicap.
C'est
donc un homme poly-handicapé que l'on prend à témoin, photo à l'appui.
Le problème c'est que l'argument fait long feu. Marcel Nuss est membre
du STRASS (lobby qui défend la prostitution) et s'exprime souvent sur le
sujet. Il suffit donc de lire sur son blog pour comprendre en quoi la
démarche du journaliste est malhonnête.
Marcel
Nuss ne cesse d'écrire qu'il n'y a pas une prostitution classique et
une prostitution pour personnes handicapées mais que c'est exactement la
même chose. Il refuse le distingo. Il milite pour la prostitution en
général en tant que "client". Sa situation de personne handicapée n'est
donc qu'un faire valoir hypocrite pour la cause.
D'autre
part, comme beaucoup de clients prostitueurs, Marcel Nuss a eu deux
compagnes avec qui il a même eu des enfants. On est donc une fois de
plus très éloigné du cliché de l'homme seul et désœuvré puisque l'on
sait que l'immense majorité des hommes qui ont recours à la prostitution
ont une compagne et souvent des maîtresses.
L'homme handicapé (pas la femme, on devine pourquoi) est donc l'alibi idéal. Il symbolise l'être esseulé qui mérite bien aussi sa dose de sexe dont il aurait "besoin". Mais pourquoi ne pas y ajouter les veufs, célibataires, isolés géographiquement, détenus, malades, trop timides... Des armées d'hommes qui auraient aussi "droit" à ce que des femmes les fassent jouir au dépend de leur propre intégrité psychologique...
L'homme handicapé (pas la femme, on devine pourquoi) est donc l'alibi idéal. Il symbolise l'être esseulé qui mérite bien aussi sa dose de sexe dont il aurait "besoin". Mais pourquoi ne pas y ajouter les veufs, célibataires, isolés géographiquement, détenus, malades, trop timides... Des armées d'hommes qui auraient aussi "droit" à ce que des femmes les fassent jouir au dépend de leur propre intégrité psychologique...
Et pour le reste, l'argumentaire classiquement naïf de l'article ferait sourire si il
n'était aussi violent. Les femmes prostituées "jouiraient" avec leurs
"clients". Il suffit d'avoir écouté ces personnes pour savoir à quel
point les "clients" sont volontairement crédules d'une comédie qui leur
est faite. Pour savoir que la stratégie des femmes prostituées n'a qu'un
seul but: que cela aille le plus vite possible. Voire que le client
croie les pénétrer alors que ce n'est pas le cas. Et que tout cela est
évidemment de la violence pure.
Une femme prostituée racontait récemment son horreur quotidienne et son délabrement physique. Elle disait avoir le vagin fatigué. Quand je crie, disait-elle, les clients pensent que je jouis alors que c'est tellement j'ai mal.
En contraction flagrante avec la comédie jouée au "clients", les femmes prostituées parlent d'eux avec souvent un mépris non dissimulé, voire avec haine. Et on peut les comprendre. Le problème est que les seules femmes prostituées que la plupart des journalistes connaissent sont les deux qui courent les plateaux et rédactions pour raconter à quel point il est formidable de se prostituer.
La voix des dizaines de milliers d'autres femmes prostitutées, on ne l'entend jamais. Ni dans Libé, ni ailleurs. Et c'est bien normal, car cela ferait très mal.
En contraction flagrante avec la comédie jouée au "clients", les femmes prostituées parlent d'eux avec souvent un mépris non dissimulé, voire avec haine. Et on peut les comprendre. Le problème est que les seules femmes prostituées que la plupart des journalistes connaissent sont les deux qui courent les plateaux et rédactions pour raconter à quel point il est formidable de se prostituer.
La voix des dizaines de milliers d'autres femmes prostitutées, on ne l'entend jamais. Ni dans Libé, ni ailleurs. Et c'est bien normal, car cela ferait très mal.
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