Sophie de Menthon renvoyée des "Grandes Gueules" : RMC rajoute du sexisme au sexisme
LE PLUS. La radio RMC a pris la décision de priver de micro Sophie de Menthon. En cause : les propos qu'elle a tenus à l'antenne sur Nafissatou Diallo.
Notre chroniqueuse Dom Bochel, qui l'avait fustigée pour ces remarques
misogynes, se demande toutefois pourquoi la chroniqueuse est la seule à
payer le prix de ce "dérapage".
Édité par Daphnée Leportois Auteur parrainé par Aude Baron
La radio RMC s'est séparée de Sophie de Menthon, chroniqueuse au Grandes Gueules" (J.DEMARTHON/AFP).
La sanction est tombée hier, vendredi 1er février : la radio RMC a décidé de se séparer de l'un de ses chroniqueurs vedettes des "Grandes Gueules", Sophie de Menthon, suite à son "dérapage" sexiste à l'antenne au sujet de Nafissatou Diallo. (Pour ceux qui débarquent, c'est ici.)
Se dédouaner de toutes responsabilités
Frank Lanoux, directeur général de RMC, justifie ce renvoi par la rupture de confiance qui se serait installée entre la bientôt ex-chroniqueuse et l'équipe des "Grandes Gueules" de RMC.
Alain Marschall et Olivier Truchot, les deux animateurs des "Grandes Gueules", "savent – ce qu'ils ont fait avec Sophie de Menthon – dire publiquement que de tels propos ne peuvent pas être tenus. Enfin, ils savent présenter des excuses quand ils font des erreurs. Or, Sophie de Menthon s'est dédouanée de toutes responsabilités."
Il est vrai que Sophie de Menthon n'a pas jugé nécessaire de s'excuser des propos qu'elle a tenus avant d'y être quelque peu contrainte. Des excuses formulées sur Terrafemina neuf jours après les faits, dans lesquelles Sophie de Menthon s'en prenait surtout au buzz provoqué par ses paroles et reprenait l'éternelle excuse des propos sortis de leur contexte tout en tentant d'expliquer ce qu'elle avait réellement voulu dire.
Ces excuses-là n'ont pas été faites à l'antenne de RMC, mais sur un site n'ayant rien à voir. Elles sont arrivées trop tard et uniquement après le tollé général, ce qui a donné l'impression que Sophie de Menthon tentait par là un raccrochage aux branches de la plus belle facture.
La facture, Sophie de Menthon est bien la seule à la payer
Qu'on trouve ou non justifié le renvoi de Sophie de Menthon, qu'on revendique la liberté d'expression ou bien l'encadrement des propos tenus à leur antenne, qu'on soit heureux de ce renvoi ou qu'on s'en attriste, il revenait à RMC de prendre sa décision. Défendre leurs chroniqueurs, ou bien s'en séparer. Faire bloc, ou les priver d'antenne.
On peut s'étonner aussi du fait que RMC, qui visiblement n'approuve absolument pas les paroles prononcées ce 21 janvier, n'ait pas elle aussi présenté ses excuses à ses auditeurs.
On peut s'étonner encore plus que la même radio ait attendu, tout comme Sophie de Menthon, que le buzz enfle, que les reproches fusent et que le CSA se manifeste pour prendre cette décision.
Mais, surtout, on peut s'étonner que la seule à être sanctionnée soit Sophie de Menthon. Franck Tanguy, qui l'accompagnait dans cette histoire, lui, ne sera pas privé d'antenne.
Même Sophie de Menthon a tenu à prendre ses distances avec Franck Tanguy, oubliant, il est vrai, que c'est bien elle qui a commencé l'échange polémique.
Deux poids, deux mesures ?
Parce que Franck Tanguy saurait, lui, "présenter des excuses quand [il fait] des erreurs" tandis que Sophie de Menthon, elle, "s'est dédouanée de toutes responsabilités", l'un paye, pas l'autre.
Des excuses bien timides pourtant, et tout comme celles de Sophie de Menthon, bien tardives. Des excuses qu'on pourrait, si nous avions mauvais esprit (mais ce n'est pas le cas, bien sûr), penser quelque peu "téléphonées" par le tollé général qui a suivi les paroles évoquant le "conte de fées de Nafissatou Diallo".
RMC a beau jeu aujourd'hui de se séparer d'une chroniqueuse de longue date qui n'en est pas à son premier dérapage à l'antenne, ce qui a aussi participé à la notoriété de l'émission. RMC a encore plus beau jeu de fustiger la soi-disant absence d'excuses de Sophie de Menthon, tout en oubliant qu'elle-même s'en est abstenue et que celles de Franck Tanguy n'étaient pas particulièrement convaincantes ni convaincues.
RMC a également beau jeu de réagir dix jours après l'émission, après le "tohu-bohu" déclenché par celle-ci et surtout après que le CSA a pointé la misogynie des "Grandes Gueules" en mettant en demeure la radio pour "propos injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste."
Sophie de Menthon, bouc émissaire ?
La radio en question, RMC, donne plutôt l'impression quelle se rachète ainsi une virginité à bon compte, sur le dos d'une Sophie de Menthon qu'on peut détester ou apprécier mais qui paye seule la douloureuse polémique, annonçant, lors de son passage au "Supplément" de Canal Plus, qu'elle allait fermer son compte Twitter après avoir reçu des milliers d'insultes.
"C'est notre rôle de remettre de temps à autre le clocher au milieu du village", explique encore Frank Lanoux. Possible, mais, dans l'histoire, il n'y en a qu'une qui s'est fait sonner les cloches.
On ne peut que se dire qu'au sexisme des propos tenus à leur antenne RMC rajoute ainsi un autre sexisme, celui de reconnaître à un homme le droit de l'être, mais pas à une femme.
Sur leplusnouvelobs.com
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