La communication, péché fatal de DSK? Trop d'apparitions médiatiques et trop peu de retenue? C'est ce que se demande Philippe Bilger.
Une incompréhension. Totale, absolue. Il n'y a pas un jour qui ne renvoie à cette interrogation : mais qui conseille donc DSK ? Qui lui inspire ce comportement étrange ? Qui lui fait perdre tout sens de la communication ?
La communication, qui aujourd'hui est sans doute son péché fatal. Car la sagesse serait évidemment de se taire, de se murer dans un silence digne qui consolerait ceux qui apprécient et défendent encore obstinément DSK de la dégradation de son image.
Il aurait fallu cultiver une décence, une distance qui auraient tenu éloignée sa quotidienneté d'aujourd'hui des joutes judiciaires présentes ou à venir. Aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. Il me semble qu'un tel comportement, dont l'évidence saute à l'esprit de tous, aurait donné à DSK non pas forcément l'aura de l'innocent ou au moins du libertin inoffensif mais celle d'un homme capable de comprendre qu'il y a des moments qui exigent l'attente, imposent la modestie et surtout interdisent le bruit médiatique. Même si ce dernier est mis en branle parce qu'on prétend réagir, répliquer.
Pour ne pas succomber sous le poids des soupçons, pour ne pas être accablé par ce qui depuis plusieurs mois constitue une trame ininterrompue de mises en cause, de Nafissatou Diallo à l'affaire du Carlton, pour ne pas rendre désespérée l'instance civile américaine, DSK oscille entre une envie d'être laissé tranquille et une singulière présence. Au lieu de laisser les justices suivre leur cours, il se met en avant en réclamant d'être entendu, ce qui viendra tôt ou tard à Lille, et s'agite comme si rien ne s'était produit qui avait dans tous les cas affecté sa crédibilité, sa réputation et son avenir.
Etait-il nécessaire d'annoncer des actions pour atteintes à l'intimité de la vie privée ? Le simple bon sens suffit pour les estimer déplacées, compte tenu de l'imbrication choquante des charges de l'être de pouvoir et des plaisirs de l'être de désir.
Une réserve totale de DSK aurait été d'autant plus bienvenue qu'autour de lui des forces, des soutiens, des fidélités n'ont cessé d'être disponibles. Une épouse exceptionnelle de tolérance et de solidarité, au moins dans ce qui est affiché, des amis répétant contre toutes les mauvaises nouvelles leur confiance en DSK - des amis qu'on aurait souhaité avoir à ses côtés, qu'on soit innocent ou coupable -, des socialistes longtemps incrédules, une opposition ravie au fond mais correcte dans l'apparence, des journalistes guère pugnaces et équitables sauf une ou deux exceptions comme par exemple Marion Van Renterghem du Monde, un journal télévisé de TF1 à ses ordres avec une Claire Chazal qui aurait pu être sanctionnée pour connivence ostensible, un procureur américain infiniment timoré et calculateur, des avocats réalistes et remarquables, un parquet de Paris prudent à la manière française, en disant un peu mais pas trop, des compagnons lillois dans la nasse mais encore tout fiers de leurs aventures longtemps secrètes avec DSK, que demander de mieux ? Cette paix qu'il affirmait vouloir, cette discrétion à laquelle il aspirait, pourquoi les a-t-il lui-même troublées ?
Je ne parviens pas à croire spontanée et désintéressée la démarche de ce journaliste américain, Edward Epstein, qui au fur et à mesure qu'il est questionné met en exergue avec une infinie naïveté ses manques, ses inexactitudes et ses approximations. Pour certains compétent, pour d'autres farfelu et complotiste dans l'âme, Epstein ne me semble pas avoir fait avancer d'un pouce la cause de celui auquel il a consacré son enquête. Dans le pire des cas, il a été sollicité. Dans le meilleur, il fabrique ce qu'il adore : les complots.
Michel Taubmann, fidèle parmi les fidèles de DSK, a écrit un livre dont des extraits ici ou là ont été portés à notre connaissance. Les appréciations que DSK formule sur sa vie libertine, son ignorance sur la qualité de prostituées des femmes qui participaient à plusieurs de ces soirées, la relation consentie avec Nafissatou Diallo parce que dans son regard lourd de sens, il avait perçu son accord, tout cela n'est guère convaincant et paraît s'inscrire dans une stratégie médiatique qui offre pourtant le désavantage, pour lui, de l'obliger à fournir une version des faits et à brûler ses cartouches bien avant le procès civil américain.
DSK semble s'égarer dans ses propres manoeuvres. Ceci est éclatant quand, à peine le livre de Michel Taubmann annoncé et quelques-unes des confidences de DSK rapportées, celui-ci, poussé par je ne sais quel esprit de contradiction ou par une forme de désinvolture voire de condescendance à l'encontre même de ses partisans, déclare qu'il ne se sent "engagé ni par les écrits ni par les déclarations ou témoignages de quiconque, souvent inexacts" (20 minutes, nouvelobs.com, Marianne 2).
Si DSK ne se sent engagé par rien ni personne, pourquoi ne se tait-il pas ? Son intelligence est-elle incapable d'appréhender que DSK, pour son bien, quelque temps, devrait cacher DSK et, par décence, ne plus faire le bruit que seul l'homme espéré aurait pu se permettre ? Il y a longtemps, si longtemps !
La communication, qui aujourd'hui est sans doute son péché fatal. Car la sagesse serait évidemment de se taire, de se murer dans un silence digne qui consolerait ceux qui apprécient et défendent encore obstinément DSK de la dégradation de son image.
Il aurait fallu cultiver une décence, une distance qui auraient tenu éloignée sa quotidienneté d'aujourd'hui des joutes judiciaires présentes ou à venir. Aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. Il me semble qu'un tel comportement, dont l'évidence saute à l'esprit de tous, aurait donné à DSK non pas forcément l'aura de l'innocent ou au moins du libertin inoffensif mais celle d'un homme capable de comprendre qu'il y a des moments qui exigent l'attente, imposent la modestie et surtout interdisent le bruit médiatique. Même si ce dernier est mis en branle parce qu'on prétend réagir, répliquer.
Pour ne pas succomber sous le poids des soupçons, pour ne pas être accablé par ce qui depuis plusieurs mois constitue une trame ininterrompue de mises en cause, de Nafissatou Diallo à l'affaire du Carlton, pour ne pas rendre désespérée l'instance civile américaine, DSK oscille entre une envie d'être laissé tranquille et une singulière présence. Au lieu de laisser les justices suivre leur cours, il se met en avant en réclamant d'être entendu, ce qui viendra tôt ou tard à Lille, et s'agite comme si rien ne s'était produit qui avait dans tous les cas affecté sa crédibilité, sa réputation et son avenir.
Etait-il nécessaire d'annoncer des actions pour atteintes à l'intimité de la vie privée ? Le simple bon sens suffit pour les estimer déplacées, compte tenu de l'imbrication choquante des charges de l'être de pouvoir et des plaisirs de l'être de désir.
Une réserve totale de DSK aurait été d'autant plus bienvenue qu'autour de lui des forces, des soutiens, des fidélités n'ont cessé d'être disponibles. Une épouse exceptionnelle de tolérance et de solidarité, au moins dans ce qui est affiché, des amis répétant contre toutes les mauvaises nouvelles leur confiance en DSK - des amis qu'on aurait souhaité avoir à ses côtés, qu'on soit innocent ou coupable -, des socialistes longtemps incrédules, une opposition ravie au fond mais correcte dans l'apparence, des journalistes guère pugnaces et équitables sauf une ou deux exceptions comme par exemple Marion Van Renterghem du Monde, un journal télévisé de TF1 à ses ordres avec une Claire Chazal qui aurait pu être sanctionnée pour connivence ostensible, un procureur américain infiniment timoré et calculateur, des avocats réalistes et remarquables, un parquet de Paris prudent à la manière française, en disant un peu mais pas trop, des compagnons lillois dans la nasse mais encore tout fiers de leurs aventures longtemps secrètes avec DSK, que demander de mieux ? Cette paix qu'il affirmait vouloir, cette discrétion à laquelle il aspirait, pourquoi les a-t-il lui-même troublées ?
Je ne parviens pas à croire spontanée et désintéressée la démarche de ce journaliste américain, Edward Epstein, qui au fur et à mesure qu'il est questionné met en exergue avec une infinie naïveté ses manques, ses inexactitudes et ses approximations. Pour certains compétent, pour d'autres farfelu et complotiste dans l'âme, Epstein ne me semble pas avoir fait avancer d'un pouce la cause de celui auquel il a consacré son enquête. Dans le pire des cas, il a été sollicité. Dans le meilleur, il fabrique ce qu'il adore : les complots.
Michel Taubmann, fidèle parmi les fidèles de DSK, a écrit un livre dont des extraits ici ou là ont été portés à notre connaissance. Les appréciations que DSK formule sur sa vie libertine, son ignorance sur la qualité de prostituées des femmes qui participaient à plusieurs de ces soirées, la relation consentie avec Nafissatou Diallo parce que dans son regard lourd de sens, il avait perçu son accord, tout cela n'est guère convaincant et paraît s'inscrire dans une stratégie médiatique qui offre pourtant le désavantage, pour lui, de l'obliger à fournir une version des faits et à brûler ses cartouches bien avant le procès civil américain.
DSK semble s'égarer dans ses propres manoeuvres. Ceci est éclatant quand, à peine le livre de Michel Taubmann annoncé et quelques-unes des confidences de DSK rapportées, celui-ci, poussé par je ne sais quel esprit de contradiction ou par une forme de désinvolture voire de condescendance à l'encontre même de ses partisans, déclare qu'il ne se sent "engagé ni par les écrits ni par les déclarations ou témoignages de quiconque, souvent inexacts" (20 minutes, nouvelobs.com, Marianne 2).
Si DSK ne se sent engagé par rien ni personne, pourquoi ne se tait-il pas ? Son intelligence est-elle incapable d'appréhender que DSK, pour son bien, quelque temps, devrait cacher DSK et, par décence, ne plus faire le bruit que seul l'homme espéré aurait pu se permettre ? Il y a longtemps, si longtemps !
Je ne sais pas si vous avez vu Euterpe, il parle d'interdire la prostitution en France, je sais que c'est un sujet qui vous tient à coeur.
RépondreSupprimerA christophe aubert: j'espère juste qu'il ne s'agit pas que de parler !
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