ANgrywOmeNYMOUS


samedi 1 octobre 2011

Le PS et les femmes : quel programme ?

Il y a quelques jours, Mademoiselle a copié/collé des extraits des programmes du PS et de l'UMP dans un fichier texte, a mélangé et laissé reposer. Quelques jours plus tard, elle a relu ces extraits en essayant de distinguer quel extrait était tiré du programme du PS et quel autre de l'UMP. Et figurez-vous qu'elle n'a pas réussi. Elle avait beaucoup de doutes, tout lui semblait interchangeable. Alors elle s'est dit que, peut-être, elle était un peu bébête, et elle a voulu vous proposer le jeu.

Avant de commencer notre "Qui a dit quoi ?", une première découverte concernant le programme du PS : les thèmes présentés sur le site du PS ne mentionnent pas les femmes, le droit des femmes... ni même Lafâme. Mais cela ne veut ÉVIDEMMENT pas dire que le programme ne contient aucune proposition innovante pour le droit des femmes. Ne soyons pas mesquine.

Deuxième "découverte", le programme du PS ne contient pas une seule fois les termes féminisme/féministe. Oui, je sais, ça ne sert presque à rien de le souligner. Presque. Enfin...

Alors, venons-en à l'essentiel : notre petit jeu, le "Qui a dit quoi ?". Vous allez lire des extraits des programmes du parti socialiste et de l'UMP à propos de droits des femmes, et vous allez essayer de deviner lequel est PS, lequel est UMP. OK ?

Vous êtes prêts ?

On ne triche pas, hein !

QUI A DIT QUOI N°1 : introduction généraliste sur le droit des femmes

Programme 1 1

Les écarts de salaires entre hommes et femmes sont de 27 %. Les femmes sont davantage concernées par le chômage, les contrats précaires (83 % des temps partiels sont occupés par des femmes) et les bas salaires.

En moyenne, elles partent plus tard en retraite et touchent 600 euros de moins. Le plafond de verre persiste dans la sphère économique comme dans la sphère politique.

Parmi la longue liste des anomalies démocratiques, on relèvera que les hommes représentent 81,5 % des députés et 83,9 % des emplois de direction dans la fonction publique d’État. En France, 75 000 femmes sont violées chaque année et une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups d’un conjoint ou d’un ex-conjoint. (...)

Depuis des années, des lois incitatives ont été votées pour lutter contre la discrimination femme-homme et la précarité, sans résultats probants. Il faut passer aux actes ;

Parce que les inégalités femmes-hommes prennent racine dans les stéréotypes et les préjugés, nous formerons les acteurs éducatifs à la question de l’éducation aux rapports entre les sexes, à partir d’un travail sur les stéréotypes et les assignations de genre.

Programme 2 2

On parle d’égalité professionnelle et salariale depuis un demi-siècle. Pourtant, d’après le rapport du Forum économique mondial de Davos de 20101, la France est classée au 127ème rang sur 134 pays en matière d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, derrière le Kenya ou le Kazakhstan ! (...)

Le constat actuel est implacable : les femmes représentent 51% de la population française, 47% de la population active mais 82,2% des travailleurs à temps partiel et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont encore de 19% ... (...)

En effet, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ne se décline encore trop souvent qu’au féminin : à croire que tout ce qui touche à la famille serait uniquement une affaire de femmes !

Dans les faits, ce sont elles qui consacrent le plus de temps aux tâches ménagères : en 1999, les femmes consacraient en moyenne 3h48 par jour aux tâches domestiques, soit une minute de moins qu’en 1986. En revanche, sur la même période, les hommes s’impliquent... 8 minutes de plus !

Alors, vous diriez quoi ? Vous êtes sûr de votre coup ? Une différence majeure vous saute aux yeux ? Moi oui, je trouve le programme 2 plus... comment dire ? Moins "dissertation creuse de 2° année de sciences po". Presque rentre-dedans dit ! Bon, je vous donne la réponse : l'extrait du programme 2, vient de l'UMP, le programme 1, c'est le PS.

On continue.

QUI A DIT QUOI N°2 : la protection sociale.

"Un haut niveau de santé et de qualification, le travail des femmes concilié à une forte natalité, la garantie d’une parité de niveau de vie entre retraités et actifs, sont autant de conditions d’une société plus juste et d’atouts pour le redressement national." 3

Le redressement national, la conciliation travail des femmes ET beaucoup de bébés... Hummm. Qui le dit ?

Est-ce :

  • Le Front National ;
  • L'UMP ;
  • Le gars qui trouve que pisser dans un violon c'est chouette et constructif ;
  • Le mec qui s'endort dans un pyjama bleu blanc rouge après avoir tenté d'engrosser sa femme-active pour la 4° fois ?
  • Le PS ?

Ben oui, c'est le PS.

QUI A DIT N°3 : la parité.

Programme 1 4

Nous souhaitons promouvoir la parité et l’étendre à toute la sphère publique, qu’elle soit politique, économique ou sociale et qu’elle soit contraignante. Pour les élections nationales, les partis politiques qui ne respecteront pas l’objectif de la parité dans le cadre des investitures verront leur dotation publique supprimée.

Programme 2 5

nous proposons l’application de la parité accompagnée de la mise en place de tickets mixtes (titulaire et suppléant de sexes obligatoirement différents). Si ces règles en faveur de la parité ne sont pas respectées par les candidats, [le parti mystère dont vous cherchez le nom] ne participera pas au financement de la campagne des candidats concernés.

Alors, PS ou UMP ? Bien heureux celui qui mettrait sa main à couper qu'il a la bonne réponse. Le programme 2 est de l'UMP, le 1 est PS.

On continue !

Entre l'UMP et le PS, qui dit quoi ?

QUI A DIT QUOI N°4 : Les violences faites aux femmes.

Programme 1 6

Systématiser la formation initiale et continue des magistrats, médecins, professionnels de santé, travailleurs sociaux, policiers et gendarmes à la question de la lutte contre les violences à l’égard des femmes. Cette mesure vise à renforcer la formation des professionnels (policiers, gendarmes, personnels d’accueil dans les mairies, professionnels de santé, magistrats, travailleurs sociaux) sur les questions de violences à l’égard des femmes, pour mieux orienter, accompagner et protéger les victimes, en recourant à des professionnels expérimentés dans l’accueil et l’accompagnement mais également pour élaborer des programmes de formation conjointe des différents intervenants (par exemple : médecins-magistrats-policiers).

Garantir à la femme victime de violences conjugales le droit au logement Une victime de violence conjugale qui risque sa vie et celle de ses enfants doit pouvoir se reconstruire sereinement et surtout, quitter rapidement un logement où elle est en danger. Pour beaucoup de femmes victimes de violence conjugale, quitter le domicile familial s’avère essentiel. L’urgence se trouve dans la séparation de corps avec leur conjoint violent. Se reloger dans un contexte où l’on connait une pénurie de l’offre de logements sociaux, constitue une source de pression supplémentaire pour les victimes. Il est, en effet, souvent difficile d’assumer seule un loyer. Il s’agirait donc de garantir à la victime le droit au logement, éventuellement à la garde des enfants et à un meilleur accès aux prestations sociales, notamment en cas de départ dans une autre commune. Il est dans ce cadre nécessaire de prévoir des objectifs chiffrés pour rendre effectif l’hébergement social pour les victimes et leurs enfants.

Programme 2 7

Nous mettrons en place des accueils spécifiques dans les commissariats et les tribunaux. La possibilité pour les victimes de se domicilier au commissariat sera prévue et dès le dépôt de leur plainte, un guide pratique leur permettra de disposer de l’ensemble des informations nécessaires au suivi de la procédure. Une aide psychologique leur sera proposée le cas échéant. Des instruments de télé-procédures seront mis en place pour que les victimes connaissent en temps réel l’évolution de leur plainte. Nous développerons l’accueil d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales et, si nécessaire, pour leurs enfants.

Vous avez choisi ? Z'êtes sûrs de vous ? Allé, la réponse.

Le programme 1 est extrait du programme UMP, le 2 du PS.

Alors, évidemment, évidemment... j'en entends brailler : mais tu te rends pas COMPTE ! tu fais le jeux des extrêmes, tu tiens le discours du FN sur l'UMPS, bonnet blanc et blanc bonnet !! Non mais ça va pas ! Faut qu'on se sorte de l'ère Sarko ! T'es IRRESPONSABLE !

Mademoiselle se demande en réalité qui est IRRESPONSABLE ? Est-ce la personne qui souligne que tout cela est bien plat et se ressemble ou ceux qui font rédiger de telles... bouses oscillant entre l'infâme et l'insipide ?

Cependant, Mademoiselle tient à ce que tout cela reste équilibré. Pour cela, elle va souligner les points de différenciation évidents entre le PS et l'UMP sur le droit des femmes. Sinon, pensez bien qu'on aurait pas vraiment envie d'aller voter. Ce qui serait grave.

  • Le PS promet qu'il va soutenir le Planning Familial, ALORS QUE l'UMP promet de ne pas tout lui sucrer. Soulignons le.
  • Le PS dit qu'il va tout faire pour faire "respecter la loi qui oblige chaque structure hospitalière à disposer d’un centre IVG" menacé par les restructurations hospitalières, parce qu'il compte bien "reconstrui[re] des services publics (...) rénovés, aux réponses performantes et personnalisées" ALORS QUE l'UMP vise seulement "la qualité du service (...) grâce à la modernisation des administrations, à une meilleure valorisation des talents de la fonction publique et grâce à une redéfinition des priorités de l’action publique". Bouh, la honte.
  • Le PS parle d'instaurer un véritable "service public de la petite enfance", ALORS QUE l'UMP, qui précise que "la problématique de l’accueil des jeunes enfants est prioritaire pour pouvoir faciliter l’accès à l’emploi et à la formation des femmes, et ce d’autant plus lorsqu’elles sont en situation de précarité", voudrait utiliser tous les dispositifs (crèches publiques et privées, crèches d’entreprises, assistantes maternelles, gardes à domicile) pour que chaque famille puisse se voir proposer une solution de garde adaptée". Bouh ! Pas de "service public" de la petite enfance ! Bouh !

Allez, rendons vraiment à César ce qui est à César. Le PS propose :

  • "que les mineures et les mineurs aient accès à une contraception gratuite et anonyme",
  • souhaite ouvrir "pour tous les couples le droit au mariage" et autoriser "l’adoption pour tous les couples qui présenteront un projet parental cohérent (mariés, pacsés, concubins, homosexuels ou hétérosexuels)",
  • le tout en "réaffirmant la primauté de la filiation sociale sur la filiation biologique".
  • tient à recréer un ministère aux droits des femmes.

C'est déjà ça, dis donc.

Mais surtout, il y a cette grande ambition affichée par le parti : créer un "Observatoire national des violences faites aux femmes". Qui n'a rien à voir avec le "plan interministériel 2011-2013" qui a été présenté "à la Commission nationale contre les violences envers les femmes", et qui est disponible sur le site de "L'observatoire de la parité entre les femmes et les hommes". Non, parce que si c'était ça, ce serait déjà fait. Mais on le suppose, mal, car par l'UMP. Ou un truc dans le genre.

Nan, voyez, le tout nouvel Observatoire national contre les violences faites aux femmes du parti socialiste, sera différent, lui. Il consisterait à bâtir un ÉNOOOORME observatoire doté d'un surpuissant téléscope. Voilà le projet, en avant-première :

Et franchement, savoir que le PS projette quelque chose d'aussi ambitieux, pour les femmes c'est absolument réconfortant. Parce qu'avec cette ÉNOOOORME loupe, nul doute qu'ils pourront ENFIN voir les choses d'une manière plus claire, par delà même l'océan Atlantique. Nul doute.

L'espoir de Mademoiselle ne s'arrête pas là. Dans le programme, il est aussi indiqué que les socialistes sont extrêmement attachés à la notion de justice. Nul doute qu'aucun d'entre eux ne pourrait se réjouir publiquement ou exprimer son "profond soulagement" face à l'abandon d'une procédure dans une affaire d'agression sexuelle présumée. Par exemple. Nul doute. Car nous sommes heureux d'apprendre que dans le programme socialiste, il est écrit que "la justice doit être facilitatrice, protectrice et réparatrice à l’égard des victimes." Ouf.

(...)

Notes :

  1. Programme du Parti socialiste
  2. programme de l'UMP
  3. Programme du Parti socialiste
  4. Programme du Parti socialiste
  5. Programme de l'UMP
  6. Programme de l'UMP
  7. Programme du Parti socialiste

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