Aujourd’hui dimanche, je préfèrerais vraiment aller me promener, au bord de la mer, à la campagne ou en montagne…
mais nous sommes en janvier, il ne fait pas beau, et je suis à Paris. Alors, je sens que je vais donc encore écrire un billet énervé sur le backlash.
2 motifs d’énervement ce matin (je vous entends me dire : “c’est tout ?”). Mais 2 gros.
1/ Vous n’avez peut-être pas remarqué, mais j’ai toujours soigneusement et volontairement évité de donner ici mon opinion sur Anne Sinclair, dans les papiers qui parlaient de l’affaire DSK. D’abord, parce qu’elle n’était pas le sujet. Ensuite, parce que c’est trop facile de critiquer “la femme de”. Enfin, parce que je ne vois pas pourquoi j’aurais une opinion sur les “on dit” et les apparences. Je ne sais pas si elle est une femme victime, un femme bourreau, une femme individualiste qui se fout de ce que les autres femmes vivent. Je ne sais pas. Qu’elle soit engluée comme nous toutes dans le système, et qu’elle travaille avec plutôt que pour le changer, me semble évident…mais sinon je ne sais pas.
En revanche, aujourd’hui, je ne peux pas ne pas savoir : elle a été placée à la tête d’un nouveau torchon internetien dont nous n’avions pas besoin et qui utilise le travail gratuit de nombre de bloggeurs et bloggeuses pour se faire de l’argent. Moi aussi je travaille gratuitement à mon blog, me direz-vous ? Mais c’est pour moi. Et pour moi seulement. Et personne ne se fait de l’argent dessus -wordpress un peu, bien sûr, mais ce n’est pas dans les mêmes proportions et il m’offre en échange un savoir-faire technique que je n’ai pas).
Donc, là, Anne Sinclair accepte de diriger le Huffington Post et se réserve bien sûr, le droit de parler de l’affaire DSK. Vous allez me dire, c’est normal, en toute objectivité de faire son travail. Mais il y a bien pire : pour faire le buzz, pour faire venir des milliers de personnes sur son site, pour lequel elle est sûrement très bien payée contrairement à une partie de ses contributeurs, elle fait un article sur DSK et ses prochaines conférences économiques. L’article n’est pas du journalisme, c’est une chose, il se permet d’estimer que l’affaire a “coûté les ambitions présidentielles” du “champion des sondages” (je ne mets pas le lien exprès mais si vous y tenez absolument, vous le trouverez sûrement . Il n’y a pas “d’actu” qui le justifie à tout prix, rien. Alors, pourquoi ? Eh bien oui, la première raison est celle-ci, et on ne peut pas ne pas comprendre qu’Anne Sinclair joue ce jeu-là : grâce à un tel article, et le fait qu’elle soit à la tête du site, cela va faire du trafic. Des milliers de gens qui n’y seraient pas allés, vont y aller (et même moi je me suis faite avoir !).
Alors, c’est difficile à comprendre. Pas du côté de la publication, qui avec le cynisme le plus total, choisit le trafic par tous les moyens. Mais du côté d’Anne Sinclair. Mais comprendre ici ce qu’elle pense, encore une fois, n’a pas d’intérêt. On ne le sait pas, on ne le saura pas. Ce qu’on peut comprendre, c’est que cela fait partie d’une stratégie de backlash, qui consiste dans une méthode ô combien connue, à transformer en victime ceux dont la vérité commencent à apparaître (vous avez remarqué la stratégie victimaire du président sortant ?). Avec l’affaire DSK, comme il est tout de même difficile de réhabiliter le monsieur en ce moment, surtout depuis le Carlton, la stratégie passe par sa femme. D’abord, on s’aperçoit que les Français s’intéressent à elle en publiant un sondage la mettant en “femme de l’année”. Ensuite, elle accepte le Huffington Post, “femme courage” qui n’a peur de rien…enfin, on publie ses états d’âme dans Paris-Match et on introduit une notion hallucinante.
Bien sûr, ce n’est pas elle qui le dit directement. Ce sont ses amies, qui parlent de ce qu’elle a vécu en 2011 : L’une d’elles raconte à quel point “ Anne s’est sentie heurtée, violée par ces femmes, surtout des jeunes issues d’associations féminines, haineuses, assassines, l’injuriant pour rester ainsi avec son bonhomme ”.
Violée par ces femmes. Vous avez bien lu. A une époque, on a entendu les avocats de DSK dire que l’avocat de Nafissatou Diallo l’avait “violée’ en racontant ce qu’elle affirme avoir vécu.
Maintenant, on va plus loin. On introduit cette notion absurde, ce poison mental comme quoi le combat des féministes pour faire reconnaître la gravité du viol serait un viol.
C’est absurde, mais ça marque les esprits. Peut-être pourrait-on rappeler à Paris-Match et à la machine de communication autour du couple DSK la définition du viol ?
“Le crime de viol est constitué par tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Le viol est reconnu devant tout acte de pénétration s’exerçant dans de telles circonstances. Il peut s’agir de pénétrations vaginales, anales ou buccales dès lors que l’absence de consentement est caractérisée.”
Les mots sont importants. Certain-es feraient mieux de tourner 7 fois leur langue dans leur bouche avant de parler…
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2/ Le deuxième (motif d’énervement), sera plus court. C’est que le festival “Bobines sociales”, qui se déroule à Paris 20ème, pendant deux jours, présente 15 documentaires dont 3 réalisés par des femmes; Ces “bobines sociales”, concernent donc assez peu les principales personnes victimes de la pauvreté, du travail précaire en France, les femmes. Mais en plus, le festival passe aujourd’hui le documentaire de Jean-Michel Carré, “Les travailleu(r)ses du sexe”, suivi d’un débat avec le réalisateur et…le STRASS (qui sont les personnes interviewées dans le film pour justifier la notion de “travail du sexe”, le STRASS s’affirmant être le “syndicat des travailleurs du sexe”). Qu’il a été diffusé à la télévision (donc vu a priori au moins par des centaines de milliers de personnes), et qu’il est vieux de deux ans (j’en parlais ici. Et même, j’avais interviewé JMC, pour montrer que ce travail d’analyse était le plus honnête possible). Des abolitionnistes ont demandé à prendre la parole, cela leur a été refusé. Recommandé à la place d’être dans la salle (mais je ne veux pas le revoir ce film, une fois m’a suffi!).
Ce qui m’horripile, ce n’est pas tant le film. Pour moi, il est tellement peu convaincant, que je pense que si spectateurs il y a, il servira plutôt notre cause…mais c’est que dans un festival comme “bobines sociales”, on ne cherche pas à se renseigner s’il n’y a pas d’autres films, plus récents, qui traitent de la question. Un documentaire, d’une qualité exceptionnelle, qui présente les témoignages de très nombreuses femmes prostituées, qui les a suivies pendant plusieurs années, “L’imposture”, d’Eve Lamont, passé à Femmes en résistance cette année, est de 2011. Il répond magnifiquement à l’industrie du sexe. Il n’est pas diffusé à la télévision. C’est vrai, il ne présente pas la prostitution comme un “plaisir”, un “travail social”, c’est moins rassérénant que de voir “tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, c’est formidable d’avoir un contrat et de l’argent pour faire l’amour”. Il montre la réalité de ce que vivent l’immense majorité des femmes, prostituées. Il montre ce qu’est la réalité de la prostitution : des millions de femmes esclavagisées à travers le monde, des enfants aussi. Et ça, visiblement, certain-es préfèrent le rendre invisible…
Sandrine GOLDSCHMIDT
Sur le blog d'A dire d'Elles
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