Affaire DSK, un accusé brillant, une défense brillante, un procureur quelconque
En plaidant non coupable, les avocats ont brillamment tiré leur épingle du jeu. Ils ont déplacé l'agression de son contexte professionnel : le travail de la plaignante pour en faire une affaire privée. Les faits se sont déroulés pendant le temps de travail et sur le temps de travail de la plaignante, c'est donc le droit du travail qui doit s'appliquer pour analyser cette affaire et défendre la salariée. Le parti socialiste avait aussi matière à lutter contre l'exploitation des salariés dans leur travail
Cette analyse qui s'effectue à partir du droit français serait donc valable si Nafissatou Diallo se décidait à porter plainte en France
Le contexte : le travail de la victime suffit à déterminer qu'il y a viol
Nafissatou Diallo est une salariée. Ses activités sont définies par son employeur. Pendant son travail, elle doit effectuer les tâches demandées par son patron. Elle n'est donc pas libre de consentir à une activité sexuelle.
Dominique Straus-Kahn est un client de l'hôtel. Il peut donc se plaindre à la direction pour lui faire perdre son emploi si elle refuse de se soumettre à ses demandes sexuels. En refusant une relation sexuelle, en tant que salariée, Nafissatou Diallo prend le risque de se perdre son emploi. Son consentement est contraint, il ne vaut rien, même si elle avait dit oui.
Le contexte dans lequel s'est déroulée la relation : le lieu et le temps de travail de la salariée, rend impossible tout consentement libre vis-à-vis d'un client.
Le consentement sexuel éclairé demande des compétences bien spécifiques
Lors de l'embauche, il est interdit à l'employeur de vérifier chez les salariés, la capacité à évaluer, consentir et supporter des relations sexuelles car cela relève de la vie privée. Le consentement éclairé en matière sexuelle ne fait pas partie des compétences nécessaires pour travailler. Si l'employeur respecte le droit du travail, pourquoi le client et le procureur ne le respectent pas ? Au travail, un client n'a pas à demander à un salarié d'exercer des compétences pour lesquelles il n'a pas été recruté, un procureur non plus.
Dans le cas de Nafissatou Diallo, il n'est pas besoin d'être brillant intellectuellement pour conclure que si elle n'est pas crédible, son consentement non plus n'est pas crédible. Loin de renforcer DSK, le manque de crédibilité de la salariée, rend nul son consentement. C'est à la charge de DSK de montrer comment une personne non crédible peut donner un consentement crédible.
Parce que la relation sexuelle s'est déroulée sur le lieu du travail et pendant le temps de travail de la salariée, la relation ne peut pas être consentie, il y a donc bien viol.
Toute relation sexuelle d'un salarié sur son temps de travail avec un client est de la prostitution forcée
Selon le dictionnaire Hachette, la prostitution, c'est le fait de prêter son corps aux désirs sexuels d'autrui moyennant rémunération. Durant la relation sexuelle, la salariée est sur son temps de travail, elle sera donc payée par son employeur. En proposant à la salariée une relation sexuelle, en utilisant son corps pour des besoins sexuels et en la contraignant à se soumettre contre son gré à une relation sexuelle. Dominique Strauss-Kahn incite et force Nafissatou Diallo à la prostitution et se rend consommateur de prostitution forcée. Madame Diallo a donc été victime de prostitution forcée. Le fait que DSK ait soi-disant refusé de payer la salariée ne le dédouane pas du fait qu'il est en fait demandeur et consommateur de prostitution forcée. DSK devrait pouvoir être poursuivi pour ces faits au moins.
La déclaration universelle des droits de l'homme est bafouée par le procureur
Selon l'article 23 de la déclaration universelle des droits de l'homme :
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
Si le contrat de travail entre un salarié et un employeur, peut être modifié par des demandes des clients, sans rapport avec le contrat de travail, le libre choix du travail n'existe plus. En effet, le salarié peut être contraint à réaliser sur le lieu du travail des activités qu'il n'a pas choisies, pour satisfaire les exigences d'un client et sans que l'employeur ait son mot à dire.
De plus les conditions de travail ne sont ni équitables, ni satisfaisantes. En effet en fonction des clients qu'ils rencontrent, certains salariés seront forcés à se prostituer. D'autres pas. Et tout cela pour le même salaire. Il y a donc une différence entre Nafissatou Diallo et les autres femmes de chambre, avec la bénédiction de la justice américaine.
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal...
Tous les salariés n'ont plus le droit, à un salaire égal pour un travail égal. Pour certains leur rémunération servira à payer des épisodes de prostitution forcée pour satisfaire des clients et ils devront en plus faire leur travail, le tout pour le même salaire que ceux qui n'ont pas eu à subir la prostitution.
Dans le traitement de cette affaire le procureur discrimine Nafissatou Diallo d'abord en s'autorisant à ne pas respecter sa vie privée, alors que tout salarié à droit au respect de sa vie privée, et ensuite en acceptant l'idée qu'elle doive subir la prostitution en plus de ses activités normales de femme de chambre, le tout pour un même salaire que les autres femmes de chambre qui n'ont pas obligées de se prostituer.
Une affaire de violence sexuelle au travail traitée comme une affaire privée
On voit donc que devant l'accumulation des erreurs du procureur, il est normal de demander qu'il soit déssaisi du dossier. Il a traité une affaire « simple » comme une affaire compliquée et dépensé l'argent du contribuable. Il n'a tout simplement pas appliqué le droit qui consiste aussi à tenter de définir le viol en fonction du contexte et pas exclusivement de la relation consentie. S'il est de bonne foi, il s'est laissé manipuler par les avocats de la défense. La crédibilité de la cliente sur laquelle il voulait appuyer son accusation, n'aurait jamais du être prise en compte.
Pour gagner ce procès, il suffit dese rappeler que le salarié n'est pas libre dans l'entreprise, c'est le patron qui organise et décide du contenu des activités du salarié. La relation consentie n'est pas possible parce que Nafissatou Diallo était à son travail et que DSK en tant que client VIP a les moyens de la faire licencier. Le risque de perdre son emploi est une pression non négligeable pour un salarié.
La crédibilité qu'on doit vérifier, c'est sa crédibilité professionnelle. Or, elle est bien salariée. Elle l'est depuis trois ans et est définie comme sérieuse et travailleuse par son employeur qui n'a pas hésité à appeler la police parce qu'il la jugeait crédible. Il existe des preuves d'ADN, le sperme de DSK, sur les habits et dans les crachats de la salariée. Il y a bien eu une relation sexuelle, mais elle ne pouvait être consentie du fait du contexte de travail, il y a donc bien viol.
Un parti socialiste qui défend l'exploitation sexuelle des salariés par les clients des entreprises
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » Jean Jaurès.
Certains dirigeants du parti socialiste et certaines « élites » ont surtout présenté DSK comme un présumé innocent. En se plaçant du point de vue de l'agresseur présumé, ils ont oublié qu'elle était avant tout une salariée à son travail, et que son statut de salariée en faisait une véritable victime. Ils ont oubliés que le droit du travail et les lois du travail ont été acquis de haute lutte pour protéger les salariés, pas pour les asservir aux demandes sexuelles des clients. Ils ont oubliés que le rôle du parti socialiste est avant tout de défendre les travailleurs, pas ceux qui les exploitent, même si c'est une exploitation sexuelle.
Dire de DSK qu'il est présumé innocent et que la justice dira, s'il est coupable, c'est penser que la justice dit toujours ce qui est vrai, même quand c'est faux. Que les procureurs ne sont pas des travailleurs, des être humains, donc faillibles, mais des dieux. Ils veulent croire que la réalité peut se changer avec les mots. Qu'une violence sexuelle, qu'un viol sur le lieu de travail, c'est une relation sexuelle privée.
« La cruauté est un geste de servitude, car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous » Jean Jaurès
Les socialistes en laissant Nafissatou Diallo se débattre seule contre l'exploitation sexuelle qu'elle a subie dans le travail montre la façon dont le parti socialiste actuel traite le travailleur. Il le laisse se débattre seul avec les injustices et les difficultés de ce monde, sans apporter la moindre aide, sans même penser qu'un travailleur est avant tout un être humain qui a parfois besoin d'être soutenu collectivement par le groupe pour résoudre les difficultés liées au travail. Ce qui est cruel et triste dans cette histoire, c'est que cela montre une manière cruelle de traiter l'humain sans que les membres de ce parti ou les « élites » ne s'émeuvent.
« Le courage c'est de comprendre sa propre vie... Le courage c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel » Jean Jaurès
Le propre de la violence c'est d'entrer dans une escalade si elle n'est pas arrêtée. Ce qui est encore moins évident dans cette histoire, c'est de comprendre que Dominique Strauss-Kahn est en réalité un homme exploité, par son entourage, pour ses capacités d'action et ses capacités intellectuelles. Que ceux qui se disent ses amis, sont prêts à le laisser entrer dans une escalade de la violence, dans le seul domaine où il n'est pas exploité ; sa vie sexuelle, à partir du moment qu'il défend leurs intérêts ou pourra les défendre. Ils sont prêt à le laisser agir contrairement à ses idéaux. Leurs interventions montrent qu'ils estiment qu'il sera temps de l'arrêter s'il y a mort d'homme, plutôt de femme ; quand l'irréparable, un meurtre sera commis, mais pas avant.
« le courage c'est de rechercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Jean Jaurès
Malgré les discours de « soutien » et « d'amitié », cette ligne non interventionniste, appliquée aussi à Nafissatou Diallo, montre un profond mépris pour l'humain qu'est aussi DSK. Mépris qu'il partage aussi très probablement. Mépris qui empêche de penser qu'il peut être arrêté pour son bien. Mépris qui empêche de penser que le soutien et l'amitié, c'est d'accepter un homme pour ce qu'il est, c'est de l'aider à faire face à ses actes, pas à les renier.
Cette affaire montre surtout que si DSK est brillant, son entourage l'est beaucoup moins, pour ne pas dire médiocre. DSK, a toujours su que Nafissatou n'était pas libre de consentir. Il suffit de remplacer "on devrait travailler plus par on voudrait avoir des relations sexuelles dans le travail pour prendre la mesure de son acte.
A force d'être qualifié de brillant, par des personnes obséquieuses qui ne le sont pas, il finit par leur ressembler. En effet, ni ses capacités, ni son entourage ne lui ont permis de comprendre à 62 ans, qu'en matière de gouvernement ou de défense des hommes et des femmes, il n'y a pas d'excellence sans humanité.
sur
Agoravox
(merci à mebahel pour le lien)