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dimanche 14 août 2011

Affaire DSK : comment (et combien) sont payés les avocats ?



Lumière sur les modalités de rémunération de Thompson, Brafman et Taylor, les avocats de Diallo et Strauss-Kahn.

Dominique Strauss-Kahn entouré de ses deux avocats, William Taylor et Benjamin Brafman, au tribunal de New York le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters).(

(De New York) Kenneth Thompson (avocat de Nafissatou Diallo), Benjamin Brafman et William Taylor (avocats de Dominique Strauss-Kahn) jouent gros sur l'affaire DSK. Mais les trois « lawyers » ont beaucoup à y gagner.

Les avocats spécialisés dans les affaires criminelles bénéficient d'une grande latitude pour déterminer le montant de leurs honoraires. La seule limite est imposée par le code de conduite professionnelle du tribunal de New York : les montants pratiqués ne doivent pas être « excessifs » au regard du travail requis et de l'expérience de l'avocat. Le code précise néanmoins qu'il revient à l'avocat de juger du caractère « excessif » de ses honoraires.

Les règles de facturation font l'objet d'un accord entre l'avocat et le client au début de l'affaire. Est signé un « retainer agreement », une sorte d'avance de laquelle sera déduit le montant de la prestation. Il y a deux modes principaux de facturation : horaire et forfaitaire. Aux Etats-Unis, la tarification horaire est la plus usitée.

Des facteurs objectifs (taille de la firme, nature du crime, nombre de personnes travaillant sur l'affaire, fortune de l'accusé…) mais aussi subjectifs (réputation de l'avocat, expérience, complexité estimée de l'affaire…) entrent en compte dans le montant de la note.

Le lieu joue aussi : les avocats facturent en moyenne 319 dollars (225 euros) l'heure dans le nord-est du pays contre 264 (185 euros) dans le Midwest, selon une étude sur les honoraires des firmes de taille moyenne en 2009 par le groupe Incisive Legal Intelligence, dont les rapports sur le système judiciaire américain font autorité.

Chaque minute compte

William Taylor au tribunal de New York, le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters).William Taylor a vraisemblablement opté pour une facturation horaire particulièrement élevée, « entre 850 et 1 000 dollars » (entre 600 et 700 euros), en raison de la taille de son employeur Zuckerman-Spaeder – la firme compte près de 200 employés dans plusieurs villes américaines –, estiment (sous couvert d'anonymat) deux avocats spécialisés dans les affaires criminelles.

Même montant pour l'autre avocat de DSK, Benjamin Brafman. Sa firme Brafman & Associates est plus petite (cinq avocats répertoriés sur le site internet) mais la réputation de l'ancien défenseur de Michael Jackson fait gonfler la note.

Benjamin Brafman s'adresse aux médias à New York, le 6 juillet 2011 (Brendan McDermid/Reuters).A ces montants s'ajoutent les tarifs pratiqués par les personnels qui assistent les avocats dans leur travail. Pour eux, le prix atteint en moyenne 400 ou 500 dollars (280 ou 350 euros) l'heure.

Si un coup de téléphone prolonge le travail de l'avocat au-delà de l'heure, il faudra aussi allonger les dollars : le coût horaire est calculé en incrément de six à quinze minutes.

Ces coûts ne comprennent pas le prix d'éventuels experts appelés à témoigner à la barre (jusqu'à 50 000 dollars – 35 000 euros), de possibles tests médico-légaux, le recrutement d'enquêteurs (700 à 2 000 dollars – 490 à 1 400 euros – par jour), et les dépenses en transports et photocopies. Ces coûts sont facturés au client.

Charger moins pour gagner plus

Pour l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson, la situation est différente. Sa rémunération est selon toute vraisemblance fonction du montant des possibles dédommagements que sa cliente obtiendra dans le cadre de sa plainte au civil. Plainte déposée le 8 août dernier devant un tribunal du Bronx.

Kenneth Thompson s'adresse aux médias à New York, le 6 juin 2011 (Lucas Jackson/Reuters).Comme Kenneth Thompson ne tirera aucun revenu financier de la plainte au pénal, qui suit toujours son cours bien que fragilisée, certains avocats voient dans la récente offensive médiatique de sa cliente une stratégie pour faire monter les enchères au civil.

Il en a intérêt. Les frais divers (enquêteurs, experts, logistique…) qu'il a engagés dans le cadre de l'affaire seraient entièrement déduits du montant des dédommagements.

Il empocherait ensuite un tiers de la somme restante (les deux autres tiers allant à Nafissatou Diallo). Dans l'éventualité d'un verdict défavorable, il ne toucherait rien, voire perdrait de l'argent.

Autres différences avec les avocats de DSK : Kenneth Thompson, jeune avocat, a encore une réputation à se forger et la cliente qu'il défend a des revenus que l'on suppose limités. Ainsi, il est probable qu'il ait décidé de « prendre en charge l'affaire gratuitement ou de pratiquer des tarifs horaires réduits », avance un avocat au barreau de New York.

Le jeu en vaut la chandelle. Car Thompson sait que quel que soit le destin de sa cliente, l'attention médiatique qu'il a reçue élargira sa clientèle. Si les dollars ne tombent pas aujourd'hui, ils tomberont demain.

Photos : Dominique Strauss-Kahn entouré de ses deux avocats, William Taylor et Benjamin Brafman, au tribunal de New York, le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters) ; William Taylor au tribunal de New York, le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters) ; Benjamin Brafman s'adresse aux médias à New York, le 6 juillet 2011 (Brendan McDermid/Reuters) ; Kenneth Thompson s'adresse aux médias à New York, le 6 juin 2011 (Lucas Jackson/Reuters).

Par Alexis Buisson | Journaliste | 13/08/2011 | 16H23

(merci à Evelyne59 pour le lien, à lire sur Rue89)


4 commentaires:

  1. Pour Nafissatou Diallo on peut comprendre qu'elle ait pris un avocat homme , cela évitera au moins l'argument de la "solidarité féminine" forcément louche par définition.
    Tandis que Strauss-Kahn prenant DEUX avocats hommes cela n'interloquera personne bien évidemment!

    Oui , quel que soit le verdict ce sont bien les avocats qui sortiront gagnants .Mais on a d'un côté la multinationale du barreau et de l'autre le petit commerce local qui rêve de faire comme les plus grands. Le "rêve" américain dans toute sa splendeur !

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  2. A coup de grisou : oui, en effet, je n'y ai pas pensé mais deux avocats est-ce suffisant pour Mr DSK ? :$
    Quant à N.D. c'est vrai qu'une femme pour la défendre ou pire : deux femmes...c'est direct un complot de castratrices,là.

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  3. Euterpe, je poste ici pour te dire qu'on a retiré son blog à Allain Jules. J'espère que ça n'a pas de rapport avec les liens d'hier.
    Trouvé un message de lui

    http://www.lepost.fr/article/2011/08/16/2569421_libye-bhl-le-nouvel-obs-me-vire.html

    Je m'absente quelques jours. Repasserai te saluer en rentrant. Tu verras sur la lettre envoyée par le nobs qu'ils donnent des arguments bidons.
    Pourquoi ont ils supprimé TOUT l'historique ? Plus aucune trace de son travail. Gros problème.
    A dans quelques jours...

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  4. A Evelyne59 : merci pour le lien : je l'ai publié. C'est intéressant en effet. On venait juste d'évoquer une affaire vraiment vraiment glauque avec une quantité incroyable de politiciens de gauche impliqués. Si c'est ce qui a déclenché la censure cela voudrait dire qu'il y a encore bien des abominations à cacher pour pouvoir maintenir abusivement dans des fonctions au service de l'État de véritables gros criminels.
    Je suis atterrée.
    Merci et à dans quelques jours alors !

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