Extrait de l'article "Ce que nous a appris l'Affaire Kachelmann publié dans "Emma" et signé Alice Schwarzer (traduit par Euterpe).
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La pulsion de s'identifier au plus fort n'est pas loin. En effet ceux ou celles qui, dans ce pays, prennent les faibles au sérieux ont intérêt à s'habiller chaudement. Ils deviendront vite eux-mêmes des victimes. C'est ce que nous avons du furieusement constater lors du procès Kachelmann. Des thérapeutes au procureur en passant par moi (A.S, a assisté à tout le procès n.d.l.t.).
Non, ce n'était pas un procès loyal et le jugement n'a assurément consolé personne (Kachelmann a été acquitté au bénéfice du doute n.d.l.t.). C'est plutôt le contraire. Néanmoins il y a un certains nombres de lecons à tirer. Et pas seulement que les femmes vont devoir plus que jamais se méfier et se garder de ne pas se faire laminer sur le parcours.
On a pu aussi mesurer à quel point la position de l'accusé est problématique en droit allemand. Elle est très forte - et dans une affaire de ce genre - elle l'est au dépend de la (présumée) victime. Cette constellation à ces racines dans l'état de non-droit de la période nazie. En réaction contre elle, la justice a renforcé la position de l'accusé.
Or quand il s'agit d'un crime sexuel c'est la victime qui est sans contexte désavantagée. Car les accusés sont en règle général des hommes qui sont la plupart du temps dans une position supérieure socialement et économiquement aux victimes fragilisées, la plupart du temps des femmes et des enfants.
L'accusé à le droit de se taire, les victimes l'obligation de parler, parler, parler, l'obligation de se justifier. Pas de doute : le droit allemand est favorable à l'accusé. Cela aussi doit changer. Et la position de la victime doit être d'urgence renforcée.
Dans les crimes sexuels, il n'y a forcément presque jamais de témoins, dans le cas de violences intrarelationnelles encore moins. Si les traces ne sont pas indiscutables - il y a de plus à ce niveau un degré élevé d'interprétation - il n'est alors plus question que de crédibilité. L'accusé a en sa faveur, comme il a été répété à la manière d'un mantra : la "présomption d'innocence". En principe il n'y aurait rien à redire à cela mise à part ceci : qu'est-ce que la victime a, elle ?
Dans l'affaire Kachelmann par exemple la femme n'a pas seulement témoigné à maintes et maintes reprises auprès de la police, du procureur et du tribunal. Elle a même accordé l'accès au tribunal du compte-rendu intime de sa thérapie -c'est-à-dire de jeter un oeil au tréfond de son âme. Elle s'est laissée volontairement expertiser sur sa "crédibilité". Et pour apporter les preuves de ce qui s'est passé une nuit de sa vie, cette jeune femme de 37 ans s'est mise à nue jusqu'aux os et a dévoilé toute sa vie.
Cette "expertise de crédibilité" de la prof. Luise Greuel comporte pas moins de 130 pages : de la naissance aux premières règles, de ses rapports avec ses parents à ses relations sentimentales, etc...avec quel résultat. Aucun. Seulement un "c'est possible mais pas sûr"... car une telle "expertise de crédibilité" n'a absolument pas l'exigence de témoigner de quoi que ce soit sur la véracité de l'accusation mais seulement de la crédibilité de la personne. Or, même une menteuse peut être violée. En résumé : les expertises de crédibilité sont totalement inutiles, une torture pour les victimes qui les subissent et, en cas de doute, ils se retournent à la plus petite contradiction contre elles.
Et cette tendance qu'ont les juges depuis quelques années de déléguer la responsabilité du jugement aux experts a montré également ces limites. En fin de compte c'est aux juges de juger - et non, comme dans l'affaire Kachelmann, aux experts payés par la défense.
Mais sans même parler de la vérité qui n'est pas toujours criante, ce genre de procès est un vrai bras de fer. Et cette femme était depuis le début du mauvais côté. Faible, blessée et mal conseillée.
Le moindre expert qui a vaguement insinué que cette femme pourrait dire la vérité s'est fait complètement descendre. Le thérapeute, prof. Günter Seidler s'est fait traiter de "charlatan" pour avoir évoqué l'aspect psychologique dont il se serait agi de tenir compte et qui, selon les recherches internationales en victimologie, ferait qu'un être humain traumatisé par des actes violents peut avoir des trous dans ses souvenirs.
Là non plus personne ne s'est donné la peine de stopper la diffamation dirigée consciemment par l'avocat Schwenn.
De la défense, cette femme n'avait bien entendu pas à attendre de pitié. Car la défense d'une personne soupconnée de crime sexuel et qui le nie catégoriquement ne peut que coûter cher à la victime. Cependant indépendament de la vérité sur cette nuit en question- qui est restée non éclaircie - il a été assez démontré que la relation de Kachelmann avec les femmes témoigne non seulement d'un absolu manque de scrupule mais aussi d'un sadisme sévère. Avec son avocat arrogant et plein de mépris pour l'humanité, l'hambourgeois Schwenn, il s'est trouvé idéalement servi. La jeune femme en a pris plein la figure et cela le plus publiquement possible.
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Pour en savoir plus sur l'affaire Kachelmann ici
Affaire DSK: Tristane Banon convoquée par le procureur de New York : http://www.20minutes.fr/article/760374/affaire-dsk-tristane-banon-convoquee-procureur-new-york
RépondreSupprimerINFO LE FIGARO - DSK : le procureur de New York va entendre Tristane Banon : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/07/20/97001-20110720FILWWW00410-info-le-figaro-affaire-dsk-le-procureur-de-new-york-va-convoquer-tristane-banon.php
ben...en fait non.
RépondreSupprimerBanon : pas d'audition programmée à New York : http://www.europe1.fr/International/Banon-pas-d-audition-programmee-a-New-York-635763/
"la loi interdit toute référence à la réputation de l’agresseur présumé ou à son passé sans rapport immédiat avec les faits jugés"
Mais par contre la loi n'interdit pas de fouiller dans le passé de la victime et de récupérer des faits sans aucun rapport avec le crime mais susceptibles de la discréditer.
Génial ce monde d'hommes fait par et pour les hommes. A gerber.
contente de te relire gloup:¬)
RépondreSupprimerBen si on dirait qu'elle va y aller quand même ! Elle n'a pas le choix de toute manière. Si elle veut que sa plainte aboutisse, elle ne peut pas ne pas vouloir "interférer" dans l'affaire new-yorkaise. C'est forcément le même homme avec le même comportement. Dans les affaires de viol, il est impossible de réclamer justice sans démolir le coupable. Elle voudrait avoir l'un sans l'autre pour ne pas passer pour la méchante. Mais c'est impossible !
Oui ce déshabillage de la victime est ignoble. Alice Schwarzer l'explique très bien. La justice est à revoir de fond en comble sur ce plan. On dirait l'examen de virginité de la mariée, au moyen-âge. Le violeur a t-il bien violé une vierge, au moins ? (Genre)
Hello Euterpe, suis toujours en vadrouille pour mes vacance et j'ai une connexion de temps en temps, j'en profite pour te faire un coucou. Merci pour tes précisions dans ton commentaire. A tout bientôt :)
RépondreSupprimerun blog de soutient pour Tristane Banon :
RépondreSupprimerhttp://comitesoutientristanebanon.over-blog.fr/